Il est une coutume répandue dans les synagogues qui consiste à entonner chaque jour, depuis Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à la fin des fêtes de Tichri, le Psaume 27, et ce à deux reprises : à l’ouverture de l’office de Arvit et au terme de celui de Cha’harit.

Dans ce Téhilim, le Roi David déclare (verset 4) : « Je demande une chose à l’Eternel : […], de demeurer dans la maison de l’Eternel tous les jours de ma vie, de contempler la splendeur de l’Eternel et de visiter Son sanctuaire. »

Nous pouvons constater, semble-t-il, deux anomalies dans cette requête.

Tout d’abord, David prétend ne revendiquer qu’une seule chose et en réclame finalement trois : demeurer constamment dans la maison de l’Eternel, contempler Sa splendeur, et visiter Son sanctuaire.

De plus, une contradiction saute aux yeux. En effet, sachant qu’il n’est aucune différence entre le sanctuaire et la maison de Dieu, comment aspirer à être à la fois « résident de la maison de l’Eternel » – soit occupant permanent du lieu – et n’être que « visiteur » ?

Une attitude singulière

 Pour répondre à ces interrogations, analysons la réaction d’un individu se retrouvant pour la première fois dans une pièce : il se met à scruter les moindres détails qui l’entourent, observe, admire, critique, juge le mobilier, la décoration, se surprend même parfois à imaginer de quelle manière il aurait placé tel objet ou tel tableau… Puis, après quelques instants, cette attention disparaît… Ceci se vérifie souvent dans les salles d’attentes.

De façon plus générale, il semblerait que tout environnement étranger crée, par son caractère exceptionnel, une fascination certaine. Pourquoi le touriste chinois prend-il des centaines de clichés de la tour Eiffel quand le parisien qui passe chaque jour devant n’y porte pas plus d’attention que cela ?

Il convient de dire que c’est la rareté d’un évènement ou d’une circonstance qui suscite l’envoûtement. Et c’est l’habitude qui finit par atténuer l’intérêt que l’on porte à une chose, jusqu’à l’estomper totalement.

Une accommodation dangereuse

Aussi, lorsque nous entrons pour la première fois dans une synagogue, nous sommes emprunt d’une vénération et émotion évidentes, et ce, quelque soit notre degré de pratique religieuse. Car chaque juif se retrouve dans la maison de Dieu. L’exemple du Mur des Lamentations est le plus frappant. On se recueille avec ferveur, on prie, on demeure réservé, on ressent profondément l’atmosphère de Kédoucha et de sérénité qui habitent ce lieu. On reste admiratif devant la somptuosité des ornements qui l’habillent, incrédule devant l’imposante arche qui renferme les rouleaux de la Torah…

Et puis malheureusement, une routine s’installe progressivement. Notre sensibilité se dissipe. On ne prête plus attention au caractère sacré de la synagogue. On oublie la Présence Divine qui y réside, jusqu’à y adopter un comportement qui a perdu toute dignité ; on s’esclaffe, on papote, on croise les jambes… la vénération et l’exaltation ont laissé place à l’incorrection et l’impertinence.

Nous serons tous présents durant ces fêtes, dans les synagogues. Ensemble, nous ferons preuve de concentration et de ferveur, méditant sur notre conduite de l’année passée afin de corriger nos torts et améliorer notre condition spirituelle. Nous vivrons Roch Hachana et Kippour intensément. Nous serons en totale symbiose avec le Créateur. Il nous jugera favorablement et nous inscrira dans le Livre des vivants. Souccot sera synonyme d’allégresse, Sim’hat Torah d’union passionnelle avec Hachem. Une année de douceur débutera. Une année avec ses bonnes résolutions où notre intimité avec l’Eternel devra être à l’image de celle du mois de Tichri. Fusionnelle.

Mais comment alors ne pas devenir indifférent, à la longue, à cette relation d’osmose ?

Tel était le tracas du Roi David : « S’il était une seule chose que je devais Te demander ô Hachem, ce serait de pouvoir vivre dans Ta maison constamment et d’être investi en permanence de la retenue et du respect dont ferait preuve tout visiteur. Etre capable d’admirer Ta Splendeur s’en jamais m’en lasser ».

Un si beau souci…

Dov Elbeze.

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