Le retour de Nicolas Sarkozy à la compétition politique pose autant de questions qu’elle est censée en résoudre. La France d’aujourd’hui, il ne peut l’ignorer, n’est pas celle des années 2007 à 2012. Les problèmes sociaux, économiques, culturels, confessionnels et moraux s’y sont aggravés, comme l’a montré la dernière conférence de presse de François Hollande. Pour la communauté juive la question se présente en deux volets.

Nicolas Sarkozy II a t-il l’intention de reprendre à son compte et telle qu’elle la fameuse politique arabe de la France, décrétée par de Gaulle en 1967 dans les circonstances traumatiques que beaucoup ne sont pas prêts d’oublier? Le monde arabe n’est plus le même que celui d’il y a un demi-siècle, au temps de Nasser et de la Guerre froide. Le monde arabe actuel est plus divisé que jamais et il serait abusif de parler à son propos d’une politique et d’une seule. Qui se doutait il y a quelques mois à peine qu’un Etat pirate islamique aux ramifications internationales allait mettre à nouveau la région à feu et à sang et que la France allait de son propre chef participer à des frappes aériennes en Irak? Le relever c’est souligner en même temps les extraordinaires défis que doit assumer la démocratie israélienne dans un pareil environnement, comme on vient de le voir lors de la confrontation avec le Hamas à Gaza. Il importe alors que la France cesse de stigmatiser Israël lorsque celui-ci doit se défendre, comme si c’était un Etat de l’Europe tempérée, bénéficiant d’un voisinage convivial tout entier voué à bâtir une civilisation de paix. Nicolas Sarkozy y est-il disposé? Ou l’entendra t-on une fois encore reprendre les thématiques récurrentes d’un gaullisme retors sur ce plan?

Il n’en va pas autrement s’agissant de la sécurité de la communauté juive de France. Si la France a décidé de faire la guerre à l’Etat Islamique c’est que ses plus hautes autorités ont mesuré les risques que le djihadisme fait courir désormais sur le territoire français proprement dit. La sécurité est une des conditions de la dignité. Si, en effet, des Juifs quittent la France ce n’est pas seulement parce qu’il ne s’y sentent plus en sécurité notamment depuis les affaires Mérah, Nemouche ou Dieudonné mais parce que vivre dans cette insécurité permanente devient une atteinte gravissime à leur condition de citoyen et qu’il n’est pas question de revivre, en gros ou en détail, les années 40.

Tout cela Nicolas Sarkozy doit le comprendre et l’intégrer et ne pas se contenter de condamner dans l’abstrait « les communautarismes » pour n’avoir pas à affronter en toute clarté l’islamisme anti-juif et anti-républicain qui rêve d’établir le règne du Califat de Roubaix à Marseille. Le reste relève de la conscience personnelle de l’ancien président de la République et du choix des Français, sachant qu’en général, et sauf exceptionnelle capacité de dépassement, il est peu de retours gagnants et surtout durables dans l’histoire politique de la France.

 Raphaël Draï, Radio J, 22 septembre 2014.

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