Jusqu’à ces derniers mois, la stratégie des mouvements anti-sionistes a consisté dans cet argument principal: par ses agissements contraires au droit et à la morale l’Etat d’Israël s’isole de plus en plus dans ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale. Or depuis la guerre avec le Hamas à Gaza et les enseignements que tous les états-majors en ont tiré sur les techniques de combat de cette organisation, sans loi et sans scrupules, n’est-ce pas au contraire à la fin de ce prétendu isolement auquel l’on assiste? Bien sûr la prudence est de mise en la matière mais l’on ne peut pas ne pas tenir compte de deux inflexions notables.

D’abord et enfin la guerre menée contre le prétendu « Etat islamique » du Calife auto-proclamé El Baghdadi. Les Etats Unis ont été longs à s’y mettre et Barack Obama a lui même reconnu qu’il avait largement sous-estimé le danger extrême que cette engeance représente. La dangerosité de cette entité ne réside pas uniquement dans son implantation et dans son extension continue au Moyen Orient. Elle réside également, on l’a déjà dit, dans le fait qu’elle essaime partout où dans le monde se trouvent des populations musulmanes qui deviennent autant de foyers de recrutement. En ce sens, le djihadisme, pour le nommer de ce terme, pose désormais pour tous les Etats démocratiques un considérable problème de sécurité intérieure. Pour leur part, les plus hautes autorités de l’Etat français semblent à présent en avoir pris conscience et adopté en conséquence des dispositions spécifiques. Il faut alors revenir à la déclaration clairvoyante de Christian Estrosi, le maire de Nice, qui faisait observer la contradiction profonde entre, d’une part, l’adoption de ces mesures et, d’autre part, la condamnation – ou peu s’en faut – par le Quai d’Orsay de l’opération israélienne à Gaza puisque le djihadisme entraîne aussi le Hamas dans cette même nébuleuse idéologique et opérationnelle.

L’autre inflexion a trait cette fois au « non » catégorique opposé notamment par les Etats Unis, la Grande Bretagne et l’Australie à la dernière tentative menée par Mahmoud Abbas pour faire reconnaître directement un « Etat de Palestine » de pleine compétence par l’ONU. Ce refus résulte sans doute aussi des enseignements de la guerre entre le Hamas et l’Etat d’Israël l’été dernier. D’évidence, seul le Hamas avait l’initiative militaire avec les forces requises pour mener jusqu’au dernier instant les tirs de missiles anti-civils que l’on sait. Créer un Etat palestinien dans ces conditions serait créer non pas un « Etat démocratique » comme le ressasse une propagande ubiquitaire mais favoriser l’extension de l’Etat Islamique d’El Baghdadi au sud d’Israël et au nord de l’Egypte.

Il faudra donc être attentifs à ces deux inflexions pour savoir si et quand elles se transformeront en véritables réorientations des diplomaties concernées avec les stratégies militaires qui les confortent.

Raphaël Draï

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