Faire son alya est l’aboutissement d’un processus personnel idéologique et une démarche professionnelle doit être adoptée, comme pour s’installer aux USA ou dans un autre pays. LE contraire d’une fuite en avant et d’un départ fleur aux dents.
Depuis plusieurs années, j’ai tenté de développer mes réseaux personnels et professionnels au service de la communauté juive et de l’alya.
Encore plus depuis le mois de juillet les conséquences de l’opération Bordure Protectrice et les émeutes antisémites de Sarcelles, la Roquette et la République ont démultiplié les démarches des Juifs de France pour leur alya.
Le record de 5 à 6 000 olim prévus en fin d’année est le résultat d’une accélération récente de ce mouvement de fond.
Je suis frappé de la naïveté de certaines personnes persuadées d’une intégration aisée sans anicroche.
On n’est hélas plus aux V de la Victoire des Juifs d’URSS en 1991. Ce signe « Volvo Villa », slogan raillé de l’époque, est devenu en 2014 « Va te chercher un
logement, Va te chercher un job ».
Une alya réussie ne peut être une alya de fuite. Les futurs olim ont le temps de la préparer. La « nuit de Cristal » prophétisée par des présidents de grandes institutions en juillet n’a pas eu lieu. Fort heureusement.
L’Agence Juive peine à recevoir tous les candidats à l’émigration au pays du lait et du miel. Elle est débordée par les demandes d’informations et les dossiers qui concrétisent cette alya.
Je reçois constamment des demandes d’informations, étant connu par l’étendue de mon carnet d’adresses. Je peux donc en tirer quelques conclusions.

D’abord, il est difficile de réussir son alya sans monter un « business plan » personnel et un plan B.

Lors de la conférence de Dov Maimon du 18 septembre que j’ai eu le plaisir d’organiser, et qui a fait l’objet d’un sujet dans Complément d’Enquête sur France 2 le 25 septembre, j’en ai retenu une méthodologie en 3 points.

A B C pour Avoda, B pour Bayit, C pour Communauté. Les 3 sont indissociables pour réussir son projet d’intégration en Israël.
– A pour Avoda.
. Mon métier existe-t-il en Israël ?
. Avec ou sans équivalence et formation complémentaire ?
. Et si oui, existe-t-il des besoins ? et si non ? Que dois-je faire pour en trouver un autre ?
. Et pour mon conjoint ?
. Quel est le niveau d’hébreu requis ?
. Est-ce que 6 mois d’oulpan vont suffire si je pars de zéro ? ou dois-je commencer à apprendre ici ?
. Quels réseaux contacter ici ou à mon arrivée ? Je citerais mes favoris, GVAHIM, ICB et AMI.

– B pour Bayit.
Grace ou à cause des Français, le prix du logement israélien a explosé, surtout dans les villes « françaises » comme Tel Aviv, Netanya ou Ashdod.
Trouver un logement en Israël est important car les centres d’intégration (Merkaz Klita) ne sont plus ouverts aux olim de France et des USA.
Le logement devra être proche des transports car il faudra aller travailler peut-être loin de chez soi, proche des écoles, commerces, synagogues et lieux culturels.
Le juif de France cède à la tendance naturelle de retrouver son ambiance parisienne, ce qui est fort sympathique au Kikar de Netanya. Mais cela peut le desservir pour sa connaissance de l’hébreu, langue de son pays d’adoption.

– C pour Communauté
Partir en Israël est un choix difficile. Il force le Juif de France à couper le cordon ombilical avec son milieu naturel, celui où il a sa famille, ses amis, son premier cercle cultuel, culturel, professionnel et associatif.
Lorsque l’Olé arrive en Israël, il fait face à un pays qu’il connaît pour la plage de Frishman ou du Kikar, mais dont il connaît rarement la difficulté de vivre.
L’Israélien qui a fait ses 3 ans d’armée et a ramé pour trouver un logement, un job, et faire vivre sa famille voit un Français débarquer de son Paris natal avec beaucoup d’optimisme. Et parfois d’arrogance. Il peut voir en lui un concurrent pour son métier, ses affaires.

En France, l’Agence Juive ne prépare pas au choc psychologique des cultures, arriver en Israël la fleur aux dents est une image d’Epinal. La réalité est toute autre. La mentalité israélienne est l’un des motifs principaux d’échec de l’Alya. Si l’Olé arrive et se retrouve entouré par des personnes qui ont réussi leur intégration malgré leurs difficultés, et peuvent aider concrètement les nouveaux immigrants, ça ne peut être que bénéfique pour tous.

Et comment s’y préparer à partir de la France ?
Sur Facebook ou sur des sites Internet, des initiatives fleurissent, d’associations ou de personnes privées qui ont senti l’opportunité de business.
Il ne faut pas compter sur les institutions juives pour qui l’Alya est une lame de fond mais qui va assécher leur vivier naturel de cotisants, de militants ou de potentiels dirigeants.
Il est plus simple de ne parler que d’antisémitisme et de Shoah que de se projeter sur l’avenir des Juifs de France à quelques décennies. Accompagner ce processus d’alya n’est pas dans leur plan d’actions.
Je préconise la mise en place de fondamentaux, tels que le MAF, Mouvement de l’Alya, le faisait dans les années 70 – 80.

Les Juifs de France ont besoin d’une information précise, d’un coaching pré-alya fourni par des associations qui ont pignon sur rue et agissent au quotidien en Israël.
C’est un plan stratégique et concret pour l’Alya des Juifs de France dont nous avons besoin, à Paris ou ailleurs. GVAHIM ou AMI ont besoin de représentants
permanents à Paris pour coacher les futurs olim.

En conclusion, je reprendrai Hertzl, fondateur du Sionisme Poliique, Im Tirtzou, lo Tiyié Hagada. Si vous le voulez, ce ne sera pas une légende. Car l’Alya est un rêve à notre portée, même si ce n’est pas un fleuve tranquille.

Bernard Musicant
http://fr.timesofisrael.com/

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