L’Assemblée nationale s’apprête donc à voter une résolution incitant le gouvernement français à la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien avec une moitié de Jérusalem pour capitale. On a déjà relevé l’impact profondément négatif d’une telle résolution sur l’immense majorité des citoyens juifs de France. Mais il faut également prévoir ce que sera ce désastre démocratique pour la France tout entière, pour la lettre et pour l’esprit de ses institutions. Et d’abord au plan international et l’on se limitera à l’Union européenne, principal champ de manoeuvre des partisans d’une reconnaissance sans négociations bilatérales, car à ce sujet on ne peut douter des sentiments et des positions du Congrès des Etats Unis dominé désormais par le parti Républicain.

En Europe le branle a été donné par la Chambre des Communes britannique pour des raisons qui remontent sans doute aux souvenirs mal liquidés de la guerre d’indépendance de 1948. Ensuite le parlement de Suède lui a emboîté le pas, ce qui a entraîné le rappel de l’ambassadeur d’Israël. Cette attitude particulièrement ferme a fait réfléchir le gouvernement de gauche suédois qui s’efforce désormais de se rabibocher avec l’Etat juif et de relativiser la portée du vote de ce pays. A suivi le vote de l’Espagne sur une résolution mi-figue mi-raisin qui reprend le refrain que l’on sait mais cette fois sans abandonner le principe de négociations préalables. On ne peut prévoir encore comment votera le Parlement italien. Le plus important et que l’Etat qui sans doute a le poids spécifique le plus conséquent dans l’Union Européenne: l’Allemagne ait récusé le principe même d’un vote de cette nature sur un pareil sujet et qu’elle ait posé le principe de négociations bilatérales comme un principe incontournable.

Et en France à présent? Un tel vote, entraîné par une minorité de parlementaires militants pour la création unilatérale d’un Etat palestinien, s’annonce comme une cause supplémentaire de division. L’UMP s’interroge par la voix de son président Christian Jacob pour savoir si elle participera à un vote qui malmène le principe fondamental de la séparation des pouvoirs. L’UDI se trouve dans les mêmes dispositions d’esprit et même le FN se clive. On peut supputer également les états d’âme d’un grand nombre de députés PS qui se sont laissés entraîner dans cette aventure. S’ils s’imaginent voter dans le sens de l’Histoire ils doivent se rappeler que l’Histoire a plus d’un sens, comme le démontre celle d’Israël. On attend donc le résultat effectif de ce scrutin désastreux dans l’état actuel de la France en attendant – il ne faut pas oublier – celui du Sénat de la République qui vient juste de changer de majorité.

Il n’est pas impossible qu’après le vote de l’Assemblée nationale, un vote aux relents ethniques cyniques s’il faut en croire « Le Canard enchaîné », l’on assiste dans une partie de l’hémicycle à des manifestations de joie et à de bruyantes congratulations. On aurait tort. En général une fois que les pyromanes ont mis le feu à la pinède ils s’éclipsent discrètement.

  Raphaël Draï, Radio J, le 24 novembre 2014.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.