Tsahal célébre la diversité! Beaucoup de ses soldats viennent des quatre coins du monde!

Ce n’est pas un « au revoir », c’est un « à bientôt ».

“Ah en fait, tu fais la guerre des twitts”, – “donc en gros ton service militaire tu le passes sur Facebook”, – “ah bon ça va, t’es pas ‘vraiment’, ‘vraiment’ à l’armée”, -“quoi, c’est toi l’Instagram de Tsahal?”…

Voici le types de phrases que j’ai pu entendre durant deux ans. Des remarques parfois énervantes, parfois drôles et souvent vraies. Car oui au final, j’ai passé une partie de mon service militaire à manier Facebook, à poster des Twitts et à retoucher des photos surInstagram. J’ai aussi passé une partie de mon service à rencontrer des soldats du monde entier, aux histoires aussi banales que incroyables. À leur parler puis à écrire sur eux afin de raconter leur expérience au plus de gens possible.

Je signe aujourd’hui mon dernier article pour le site de Tsahal. Une dernière fois, je vous raconte l’histoire d’un soldat. Mon histoire.

J’avais 6 mois la première fois que ma famille et moi nous sommes rendues en Israël. J’avais 7 ans lorsque j’ai commencé à ressentir cette bouffée d’air frais en descendant de l’avion à l’Aéroport Ben Gurion. Dès ce moment-là, mes années étaient rythmées par nos venues en terre sainte. Dès cet instant, je savais au fond de moi qu’ici, c’était chez moi.

En 2003, ma sœur Eva et mon frère E., mes aînés, décident de faire leur Alyah le bac en poche. Une séparation qui nous rapproche un peu plus de notre propre départ. L’idéal sioniste est bien vivant chez nous. Mon père est très actif dans la communauté, ma mère est directrice d’une école primaire juive à Paris. La religion et l’amour du pays font partie de notre quotidien. En effet, pour mes parents, ce n’est pas l’envie qui manque mais la maladie de ma mère rend le départ plus compliqué.

Le départ.

Quelques années plus tard, c’est au tour d’Elie, mon autre grand frère d’obtenir son bac en France. S’engager dans Tsahal devient de plus en plus pressant pour lui. Mes parents trouvent que 3 enfants en Israël loin d’eux, ça risque de faire beaucoup. On se rend vite compte que le “bon moment” pour partir n’existe pas, le “bon moment” pour partir il faut le provoquer, le créer. Juillet 2010. Je viens de finir ma seconde, on monte dans un avion, on change de pays, de langue, de culture. L’Alyah, c’est maintenant. Je rejoins un lycée franco-israélien, obtient un bon bac littéraire. J’ai déjà deux frères à l’armée, l’un est médecin-combattant, l’autre est combattant dans une unité d’élite. Et puis, arrive mon tour.

Le Jour-J : entrée à l'armée

L’armée.

À partir de là, tout s’enchaîne très vite. Ma date d’entrée est le 9 avril 2013. Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire, de ce qui me plairait ou même de toutes les possibilités de postes pour les filles. Finalement, je rentre en contact avec une soldate française, légende de mon unité, puisqu’elle fait partie des premiers soldats de la branche New Media du Porte-Parole de l’armée. Je suis vite subjuguée par elle, par tous les autres, par leur énergie et par le travail qu’ils produisent. Cette unité, c’est ce qu’il me faut.

Mon premier mois à l’armée, je le passe comme toute soldate confondue, enfin presque, puisque l’état de santé de ma mère se dégrade et quand je rentre chez moi le week-end, je retrouve une maman de plus en plus fatiguée. Le mois de “tironout”, c’est le mois d’entraînement, de formation. Le premier contact avec l’armée et sa discipline. Je me retrouve à devoir parler hébreu dès 4h du matin, en courant et en faisant des pompes. De la fatigue, un choc culturel et émotionnel. Mais je tiens le coup grâce aux Israéliennes formidables avec qui je partage la tente.

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Cette période particulière est écourtée pour moi. Trois soldats d’une même famille rentrent en deuil. Ma mère nous quitte et c’est à partir de ce moment-là que l’armée m’aide à me relever.

Je me réveille après la semaine de deuil, j’ai 18 ans, plus de maman et seulement l’envie de rester au lit pour toujours. Mon nouveau commandant m’appelle. Je le trouve un peu brusque, je suis choquée par cette armée qui m’oblige à me lever et à m’activer. Et pourtant, c’est grâce à eux que je fais mon arrivée dans les fameux bureaux des New-Médias de Tsahal. C’est là que ça se passe. En me levant chaque jour, en apprenant des milliers de choses, en découvrant des personnes si uniques, et en étant traitée comme tout autre jeune soldat. J’ai réappris à rire et à vivre.

On dit qu’il y a des choses qui en peu de temps changent ton regard sur le monde, qui te transpercent le cœur et l’esprit pour ne jamais en sortir. Je pense, enfin je sais, que l’armée en fait partie pour moi.

Alors oui, pendant deux ans j’ai Twitté, j’ai publié des statuts sur Facebook, j’ai posté des photos sur Instagram. Mais j’ai surtout eu la chance de pouvoir faire quelque chose de fabuleux. Pouvoir parler au nom de Tsahal, essayer par tous les moyens de faire découvrir les vrais visages de cette armée si incroyable. J’ai pu découvrir le pays comme jamais je ne l’aurais vu, parler avec des gens si différents les uns des autres, si assoiffés de découverte et si généreux.

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Amour du pays et de la patrie, respect de l’autre, dignité, responsabilité. Et encore tellement de valeurs que j’ai pu apprendre en servant mon pays. J’espère avoir relevé le défi, j’espère avoir su parler de l’armée et au nom de l’armée comme il le fallait. Ce qui est sûr, c’est que Tsahal m’a rendue adulte.

Deux ans c’est long. Surtout dans un endroit qui bouge autant, et dans un pays où la sécurité est le soucis numéro un. Je suis passée par de nombreuses étapes durant mon service. Bien évidemment, je suis consciente d’habiter dans un pays à fortes tensions et porter un uniforme dans la rue m’a souvent rendue proie susceptible. Ma soeur s’est mariée sous le feu des roquettes de l’Opération Pilier de Défense et elle a accouché deux ans plus tard sous celui de l’Opération Bordure Protectrice. Mon unité est entrée comme le reste de l’armée en état d’urgence lorsque Eyal, Gilad et Naftali ont été kidnappés en juin dernier. Et lorsque nous sommes entrés en opération contre les terroristes de Gaza quelques semaines plus tard, j’ai intégré une équipe de nuit. Notre routine a été complètement chamboulée. Avec un frère à Gaza, j’ai pourtant dû continuer à travailler sans relâche.

Israël est un petit pays. Chacun a un frère, un cousin, un ami à l’armée. Quand le pays est menacé, c’est chaque citoyen qui tremble et qui soutient Tsahal.

Tsahal, tu ne fus pas qu’un uniforme kaki, de la fatigue et du travail. Tu as été un uniforme kaki que je portais avec fierté, de la bonne fatigue, et du travail important et enrichissant. Tsahal, tu es aussi des rencontres et des amitiés que mes mots ne pourront décrire, tu es des pleurs et des fous rires, tu es forte et aimante.

Je suis fière d’avoir servi mon pays. Ce n’est pas un “au revoir”, c’est un “à bientôt”. Car même si je ne porterais plus de kaki tous les jours, une partie de moi restera toujours soldate de l’armée d’Israël.

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