L’Alya française en Israël est l’une des plus importantes en nombre d’immigrants, mais aussi par sa qualité, tant en professions libérales que diplômés de grandes écoles et artisans qualifiés et certifiés en France.

La communauté juive de France est la troisième communauté juive au monde.

Pourtant, comment expliquer que la représentativité des Français en Israël soit si faible à la Knesset, dans les mairies et autres services publics, et même quasi-inexistante aux postes clés ?

Il manque une représentativité effective dynamique et réaliste de l’alya francophone !

En tant que directrice du lobby francophone, mon rôle est de capter l’attention des députés, des ministres, ainsi que des principaux décideurs, sur les problèmes des Français en Israël. Cette tâche est délicate car la plupart des députés ne parlent pas le français et considèrent, à tort, que les difficultés rencontrées par les Français sont mineures et non prioritaires.

Cela doit changer !

Pour trouver une solution et corriger cette situation, il faut comprendre comment nous en sommes arrivés là ! Qui est responsable ? Pourquoi n’y a-t-il pas de représentativité effective pour les Français, comme c’est le cas pour les communautés russes et éthiopiennes ?

Certains me disent qu’il s’agit d’un problème de culture. D’autres me soutiennent que les Français voient la politique d’une manière négative, mauvaise, ou sale, et que par conséquent, ils ne veulent pas s’investir dans la vie politique.

Ou est-ce plutôt parce qu’ils sont trop absorbés par leur propre intégration, par la recherche d’un emploi et d’un salaire pour subvenir aux besoins de leurs familles, et n’ont donc pas de temps à consacrer à la politique ?

Les Français en Israël doivent prendre conscience de la force électorale qu’ils représentent !

Oui, l’intégration passe par l’apprentissage de la langue hébraïque ! Mais mon expérience sur le terrain prouve qu’une grande partie des immigrants français ne parlent pas l’hébreu.

Pire encore, certains se renferment, se communautarisent et se regroupent entre eux. Netanya, Ashdod ou Ra’ananna sont des exemples saisissant où la plupart des commerces parlent et s’expriment aussi en français.

Mais même regroupés géographiquement, les Français ne sont pas fédérés et n’ont pas de représentativité dans les villes.

Il faut changer cela et créer une force politique au service des communautés françaises locales et ce, pour influencer et agir au niveau municipal, et également intervenir en faveur des francophones au niveau national à la Knesset.

En y regardant de plus près, je me suis rendue compte que ce ne sont pas les Français qui ne veulent pas apprendre la langue du pays, mais plutôt le système d’apprentissage qui n’est pas adapté aux Français. L’oulpan est un moyen fantastique pour apprendre l’hébreu. En deux ou trois ans, il est possible de parler parfaitement. Mais ce système convient surtout aux moins de 20 ans ou aux plus de 60 ans. La majorité des Français ne peuvent pas consacrer deux ans pour apprendre la langue du pays, ou tout simplement ne cherchent pas à parler un hébreu académique.

À cause d’un rythme quasi-scolaire, des devoirs à la maison, des interrogations surprises, pour de nombreux Français, l’oulpan est devenu en un mot : « blacklisté » !

Quant à un oulpan intensif de six mois, cela est illusoire et incompatible avec la gestion des problèmes quotidiens auxquels sont confrontés les nouveaux immigrants.

En tant que Présidente du lobby et accompagnée de mon équipe, nous étudions les alternatives en profondeur afin d’apporter aux Français une réponse constructive et efficace.

Nous optons pour une formation courte sur un ou deux mois qui orientera l’apprentissage sur deux axes principaux : d’une part, la langue hébraïque, évidemment, mais uniquement le vocabulaire essentiel comme une sorte de kit de survie. Et d’autre part, l’apprentissage du fonctionnement des administrations publiques (mairie, impôts, sécurité sociale, tribunal, école, crèche, police) et de la politique israélienne (enjeux stratégiques, économiques, géographiques).

Car pour gagner en représentativité, il ne suffit pas aux Français de voter tous les quatre ans pour un gouvernement. Il faut être actif et avoir des représentants de la communauté française dans chaque formation politique.


En devenant un groupe actif, les Français peuvent ainsi faire comprendre aux responsables politiques qu’ils n’obtiendront nos votes que s’ils écoutent nos demandes et agissent pour la communauté française. Ainsi, nous pourrons faire bouger et avancer les choses.

On pourrait se demander pourquoi se battre pour être représenté en Israël. Il serait plus facile et confortable de s’en tenir au statu quo et gérer les problèmes au jour le jour, en espérant un vague changement.

Israël a une histoire biblique cinq fois millénaire, fantastique. Mais aussi une histoire moderne qui fêtera ses 70 ans d’existence, dans un an. Tout reste à faire ! Israël est le seul pays au monde où chacun peut participer à écrire et à créer lui-même l’Histoire de son peuple. Israël est un pays qui se conjugue à tous les temps, au passé avec son histoire, au présent avec ce que nous vivons au quotidien, et au futur, que nous allons construire et conjuguer ensemble.

C’est pour toutes ces raisons que les Juifs français doivent se battre contre les préjugés et contre les idées reçues, pour se fédérer et s’unifier et enfin obtenir leur représentativité en Israël, non seulement afin d’être réellement représentés, et surtout afin que nous puissions obtenir de meilleures conditions pour leur intégration. En nous unissant, en nous fédérant, nous serons entendus, nous serons plus forts, et nous obtiendrons une meilleure écoute des pouvoirs municipaux et de l’État.

Bien entendu, Israël doit aussi participer activement au développement de cette représentativité francophone. Parce que le dynamisme et le nombre que représente la communauté française permettront d’écrire une nouvelle page d’Histoire de notre terre d’Israël, une page plus belle, plus forte, et francophone !

Alors, ensemble, vous et moi, allons plus loin.

Plus loin, pour l’amélioration des conditions de vie des olim de France.

Plus loin, pour la représentativité de cette communauté francophone riche en âmes, riche en culture, riche en savoir vivre, et en savoir faire.

Parce que votre Amour d’Israël est puissant et sincère.

Parce que le sionisme n’est pas une nécessité ou juste un mot, mais un choix et une évidence !

Ensemble, nous réussirons à faire entendre les voix françaises.

Ensemble, tout est possible, ensemble, nous le ferons !

Ensemble, n’est pas un slogan…

Ensemble, sera notre réalité et la clef de la réussite de nos destins.

Car si seul, on va plus vite, c’est ensemble qu’on ira plus loin.

Hélène Mazouz : Directrice du lobby francophone à la Knesset
Source : tribune libre Par

Caroll Azoulay

www.lemag.co.il

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