Il y a eu six millions d’êtres assassinés parce que juifs, dont deux millions d’enfants. Il y a eut l’imagination du mal pour ceux qui ne savent pas ce que sont devenus les leurs, et la transmission de la peur. Ca fait peur un parent qui a eu peur. Ca fait des enfants qui ont peur, ou qui imagine le mal.

On ne le sait pas tout de suite que la folie a été transmise. Et puis, quand on a le premier enfant, là, on a la première peur. On ne comprend pas tout de suite que c’est ça. On en rigole, on se dit qu’on est  »une mère juive ». Mais si on parlait un peu sérieusement de ça. De cette souffrance, dès que l’enfant naît, de la peur de le perdre tout le temps. Et quand il grandit, c’est pareil. Le moindre retard prend des proportions que personne ne peut comprendre. Le corps se vide, le ventre se creuse. Et si.. et si… Comme si perdre était toujours possible et faisait partie de notre histoire ?!

Oui ça se transmet la peur. Alors, on en rigole, parce que les juifs rient beaucoup d’eux mêmes, mais au fond, ça fait mal d’avoir tout le temps peur. Ça rend fou d’imaginer le mal. Et puis, ça s’estompe. On se débrouille avec ça. On fait des films, des livres, des tableaux, et tant et tant. Et on voit des psychanalystes, beaucoup beaucoup…

Mon père a été un petit garçon de 7 ans. Un jour de juin 42, il jouait, insouciant, il faisait beau, il était un petit garçon comme un autre. Et quelques heures après, quand sa mère lui a redonné sa petite veste, c’était fini. « Il portait sur son cœur une étoile cousue main ». Oui d’un instant à l’autre, c’était fini.

En cette journée de Yom HaShoah, je pense à tous ces enfants, et j’aimerais prendre mon père de 7 ans par la main, pour qu’il n’ait plus jamais peur.

Rebecca Wengrow

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