PARASHAT BALAK 2018SHABBAT DU 30/06/2018 –  Horaires : entrée : 19 h 21 – sortie : 20 h 34

LE NOM D’UN NON-JUIF POUR UNE SIDRA ?

Cinq parashoth de la Torah furent consacrées à des personnalités particulières : Noé, Jéthro (Yitro), Korah, Balak et Pinhas. Noé n’était pas Juif car le judaïsme n’existait pas encore mais, il était « tsadik » il est d’ailleurs écrit à son propos qu’il était un homme juste et qu’il avait trouvé grâce aux yeux de l’Eternel. Yitro qui était idolâtre s’est converti par la suite, Korah et Pinhas étaient Juifs : l’un optant pour le yétser harâ et l’autre qui, par sa conduite exemplaire, se dévoua pour HaShem. Pourquoi Balak ? Les Sages répliquent qu’il présentait à HaShem des sacrifices journaliers et, de plus, il fut le grand-père de Ruth la Moabite elle-même fondatrice de la dynastie royale de David HaMelekh et du Mashiah que nous attendons tous……

La lecture de cette semaine est si particulière que de nombreuses questions sont posées au sujet des deux personnages autour desquels s’articule ce texte. Au cours de toute l’histoire de l’humanité, affirment les Sages dans le midrash Sifri, il y a eu 7 grands prophètes et parmi eux il y eut Bil’âm (Bal’âm). Comment se fait-il qu’HaShem ait permis à un homme pareil d’être prophète ? Les Hazal enseignent que bien qu’HaShem ait proposé la Torah à toutes les nations du Monde et que seul Israël ait accepté la Torah, l’Eternel a tenu à permettre la prophétie à d’autres hommes qu’à des Juifs de partager aussi cette faculté pour permettre à toutes les nations de se repentir dans leur façon d’agir et de revenir vers D mais, malgré ceci, aucun d’eux n’a fait teshouva et, aucun d’eux n’a su préserver le peuple juif de fauter et de succomber devant les tentations qui ont existé comme le fait que les hommes d’Israël n’ont pas eu la force nécessaire pour reculer devant le piège tendu par les jolies femmes de Moab[1] qui réussirent à faire « tomber » dans leurs filets des hommes juifs qu’elles attiraient sous des prétextes fallacieux comme boire du bon vin et les obliger alors par des stratagèmes à se prosterner devant leurs idoles puis à entretenir des relations intimes avec elles. Ces 24,000 hommes périrent victimes de leur concupiscence et de leur incapacité à contrôler leurs instincts.

Les trois grandes fautes qui éveillent la colère d’HaShem sont l’idolâtrie, les effusions de sang et les incestes. Rappelons que c’est par inceste que les filles de Loth ont donné naissance à ces deux peuples que D exècre : Ammon et Moav. Dans ce passage du livre des Nombres, se trouve un personnage du nom de Balak qui n’est autre que le roi du peuple moabite. Nous reviendrons vers lui.

Balak convoque Bil’âm urgemment et lui confie son désir de le voir procéder à la malédiction d’Israël.

L’analyse abrupte des personnages est peu agréable : Bil’âm est un homme peu amène, aux mœurs dissolues, il est borgne et revêche mais il sait qu’une limite existe lorsqu’il s’agit d’Israël. Selon les midrashim, L’ânesse de Bil’âm, celle qui fut dotée de parole[2] réprimandera Bil’âm en lui rappelant certains principes qui seront évoqués plus bas.

Bien que Bil’âm signifie à Balak qu’il lui est absolument impossible de maudire Israël et bien qu’il veuille paraître comme quelqu’un de soumis à l’Eternel, malgré cela, il n’hésite pas à se joindre aux envoyés du Moabite ce qui eut le don d’exaspérer HaShem. Et, malgré la volonté du prophète païen de se faire passer pour quelqu’un obéissant aux ordres divins, il n’intentera rien qui puisse sauvegarder le peuple de la débauche à laquelle il sera confronté.

Dans la Guemara de Baba Bathra, les Sages émettent à propos de cette péricope, une opinion reprise aussitôt par Rashi :  il est écrit : « Moïse a écrit son livre et la Parasha de Balak ». Qu’est-ce à dire ? De tous les récits rapportés dans la Torah,  le seul dans lequel il n’existe pas de témoin est celui de Balak car, lorsque le prince de Moav s’entretient avec Bil’âm, aucun témoin d’Israël ne s’y trouve en dehors d’HaShem qui rapporte toute l’histoire en la dictant à Moshé rabbénou !

Pour ce qui concerne le prodige prévu dès le premier vendredi de l’Humanité de donner à l’ânesse de Bil’âm la possibilité de s’exprimer et de formuler des remontrances à l’encontre de son maître, les Sages font remarquer qu’à ce propos il n’existe pas de témoin non plus car les seuls « personnes » présentes étaient l’Ange et Bil’âm….

Bil’âm constatant que l’ânesse dévie de sa route, frappe l’animal sauvagement à trois reprises, à tel point que celui-ci récrimineen lui reprochant de ne pas essayer de comprendre la raison qui se cache devant cette étrange conduite et le reproche est clair : comment oses-tu vouloir maudire un peuple qui observe les 3 fêtes de pèlerinage[3] ? Les Sages voient dans ces trois fuites du sentier normal des allusions claires en relation avec les trois patriarches et avec les 3 fêtes de pèlerinage : Abraham Isaac et Jacob. En effet, en descendant du sentier pour se diriger vers les champs,

Le pouvoir que Bil’âm possédait est qu’il savait tirer parti des événements et de chaque instant. Il savait par exemple à quel moment il était impossible de maudire car à cet instant, l’esprit divin était empli de miséricorde et d’amour pour Son peuple

Caroline Elisheva  Rebouh Ben Abou                                      

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

[1]Moav et Midyane étaient des royaumes voisins et proches en parenté.

[2] La Tradition orale nous apprend que parmi les 10 « choses » créées le premier vendredi de la Création juste avant le premier shabbat de l’Humanité, fut prévu le moment où l’ânesse de Bil’âm parlerait.

[3]Les 3 fêtes de pèlerinage ou shalosh régalim sont : Pessah, Shavouoth et Souccoth.

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