PARASHAT SHOFTIM 2019- Shabbat du 07-09-2019 – Horaires Ashdod : 18 h 29 – 19 h 35
Les selihoth ont commencé dans les communautés sefaradites et des « Edoth Hamizrah » (yéménites, irakiennes, kurdes, perses…).
La parasha qui sera lue dans toutes les synagogues ce prochain shabbat traitera de l’instauration de Juges sur le pays dès que le peuple aura pris possession du pays que D a promis de donner à nos ancêtres mais il y est question également des lois concernant les rois.

PARASHAT SHOFTIM 2019 – OLIGARCHIE  OU MONARCHIE ?

Les 613 commandements que la Torah contient ne concernent pas tout le peuple car il y a parmi elles les lois concernant le Cohen et tout ce qui traite des sacrifices, les règles concernant l’agriculteur ou l’éleveur, celui qui a des esclaves et bien d’autres encore. Dans cette péricope figure une disposition bien particulière et qui ne concerne que le chef d’Etat : le roi.

En effet, alors qu’il est question de l’encadrement de la société hébraïque dès que le peuple aura franchi le Jourdain et que des territoires très précis seront attribués aux tribus – à l’exception de la tribu de Lévy – le peuple aura le droit,s’il le désire, de nommer un roi. Ainsi que le stipule la Torah (devarim XVII, 15), selon certaines conditions :

שום תשים עליך מלך אשר יבחר ה’ אל-היךבו מקרב אחיך תשים עליך מלך. לא תוכל לתת עליך איש נכרי אשר לא-אחיך הוא:

Tu pourras mettre à ta têteun roi dont le Seigneur ton D approuve le choix : tu ne pourras mettre à ta tête un homme étranger qui ne soit pas ton frère.

La question qui se pose est pour quelle raison figure avant ce verset une autre formulation mettant en relief un désir sous-jacent au désir de se soumettre à un souverain qui est d’agir comme le font les autres peuples ? (devarim XVII, 14)

ואמרת אשימה עלי מלך ככל-הגוים אשר סביבותי….

Je veux mettre à ma tête un roi comme tous les peuples qui m’entourent

Le fait que le peuple veuille imiter les autres peuples est un fait répréhensible aux yeux de la Torah car, le peuple juif est un peuple particulier, au destin particulier et à la dimension particulière : en effet, le peuple juif est désigné comme une mamlékheth cohanim une nation de prêtres aux yeux des autres nations. Et, pas l’inverse ! Ce sont les nations qui doivent chercher à nous ressembler et pas le contraire.

Lorsque le peuple s’adresse à Samuel pour lui demander de nommer un roi qui serait à la tête d’Israël, le célèbre prophète est outré car, le désir de cette assemblée n’est pas de chercher une solution car Samuel est très âgé à présent, mais uniquement parce que leur souhait est de ressembler aux autres peuples et non pas de s’assumer en tant que nation d’exception.

Avant que Samuel, le prophète, ne soit chargé d’oindre Shaoul sur le trône d’Israël, les Juges gouvernaient le peuple. Puis, les prophètes qui ont toujours gardé le rôle ingrat de mettre en garde non seulement les régnants mais aussi le peuple.

Bien que le sujet ait exacerbé la curiosité de grands exégètes tels que le Ramban (Rabbi Moshé ben Nahman), la Tossefta sur la Guemara du traité de Sanhédrine apporte la réponse par l’enseignement de Rabbi Yéhouda : en effet, en entrant dans le pays, le peuple devait procéder au partage du pays en donnant une parcelle à chaque tribu, puis, il devait construire un Temple et éliminer complètement la lignée d’Amalek et mettre un roi à la tête du peuple qui avait accepté de vivre selon la Torah et les 613 commandements.

Nommer un roi n’était pas quelque chose à faire avant toute chose car Rashi commente : HaShem dans Son immense sagesse, et Sa connaissance de ce peuple « à la nuque roide » avait prévu qu’un jour viendrait où il exigerait de vouer allégeance à un souverain et c’est alors que le Créateur souligna que ce roi devrait être issu du peuple lui-même et n’être élevé à ces fonctions uniquement s’il trouvait grâce aux yeux de l’Eternel.

Rabbi Eléazar ben Rabbi Yossé fait ressortir la raison pour laquelle la requête émanant du peuple souleva la colère du prophète c’est qu’aux motifs invoqués : « Nommes sur nous un roi pour nous juger » a été ajouté le membre de phrase inopportun : « de la sorte nous ressemblerons aux autres peuples » ceci était inutile et blessant. La nation juive possède un caractère exclusif et n’a nullement besoin de se sentir inférieur aux autres !

Il appartient donc à l’Eternel de choisir celui qui sera l’Oint du Seigneur.

Ce monarque devra montrer sa modestie dans l’ensemble de son comportement. La Torah lui conseille de ne pas avoir trop de chevaux, ni trop de femmes.

Or, le royaume d’Israël, qui aura à sa tête le plus sage de tous les rois du monde, offre le spectacle d’un souverain qui épousa des femmes aussi nombreuses et d’origines si variées, un monarque possédant les plus belles écuries de toute la région !

Comment expliquer que Salomon ait eu le mérite (zekhouth) de construire le Temple et d’être pourvu d’une sagesse et d’une intelligence hors du commun alors qu’il contrevint aux simples restrictions imposées au souverain installé sur le Trône d’Israël ?

La restriction sur le plan de l’équipement équestre : ne pas posséder trop de chars et de chevaux répond à la défense de retourner en Egypte or, un roi possédant un tel harnachement pourrait être tenté de faire la guerre à l’Egypte et d’y entraîner une partie du peuple qui peut-être s’y enracinerait à nouveau…..

Quant au nombre de femmes….  le grand roi David n’épousa pas moins de 8 femmes comment se fait-il que Salomon –  qui eut le mérite d’écrire des recueils enseignant tant de sagesse tels le Cantique des Cantiques, les Proverbes et l’Ecclésiaste – pût se laisser entraîner à épouser autant de femmes (près d’un millier) alors qu’il n’ignorait pas que le danger fut de voir des cultes étrangers s’ancrer en Israël ?

Salomon voulut comprendre le phénomène de l’idolâtrie dont étaient adeptes beaucoup d’entre ses épouses. La conséquence fut qu’il s’y brûla les ailes et, à la fin de sa vie, il se laissa attirer par cette voie coupable.

Le roi d’Israël avait aussi l’obligation d’écrire un sefer Torah. En réalité, la mitsva n’était pas d’écrire un sefer Torah entier mais, sur parchemin il devait copier l’intégralité des asserethhadibroth (« dix commandements ») car, de la première lettre à la dernière, il y a 613 caractères représentant les 613 commandements et cette copie des 613 commandements, le monarque devait l’attacher sur son bras en signe de « soumission » aux lois de la Torah.

Toutes ces instructions sont là pour éviter que le souverain ne cède trop facilement à l’orgueil mais, bien au contraire qu’il fasse preuve de modestie. L’être humain possède une propension incroyable à se sentir supérieur et invincible, à se croire unique en son genre et s’il possède de nombreux chevaux, de nombreuses épouses, il éprouvera de grandes difficultés à rester humble et proche de son D en continuant à observer les commandements divins et de son peuple en pensant au bien-être de ses sujets et en pensant à préserver la terre que D habite.

Caroline Elishéva REBOUH

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

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