De lourdes investigations ont permis aux enquêteurs d’identifier le commanditaire du réseau de blanchiment, un Français établi en Israël, déjà connu des services de police.

Un réseau criminel sophistiqué, avec des ramifications en Asie et dont la tête pensante a été interpellée en Israël, a blanchi en deux ans au moins 16,5 millions d’euros obtenus grâce à des escroqueries aux faux virements, a-t-on appris mercredi de source policière française.

L’enquête démarre en avril 2019 par l’interpellation à Paris d’un homme de 32 ans, en possession de 900 000 euros en espèces.

« On s’est très rapidement rendu compte que l’on avait affaire à un système de blanchiment et d’escroqueries commises en bande organisée », explique à l’AFP la commissaire divisionnaire Anne-Sophie Coulbois, patronne de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).

De lourdes investigations, notamment techniques, permettent aux policiers d’identifier le commanditaire du réseau de blanchiment, un Français établi en Israël, « bien connu des services d’enquête », souligne la commissaire, sans donner son nom.

L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, a été placé en garde à vue le 24 novembre et son logement a été perquisitionné. Il doit faire prochainement l’objet d’une mesure d’extradition.

Le système, aux multiples ramifications, visait à blanchir de l’argent obtenu notamment grâce à des arnaques aux faux virements.

Cette escroquerie consiste à se faire passer, auprès du comptable d’une entreprise par exemple, pour le PDG, et à demander de virer en urgence de l’argent sur un compte avec une nouvelle domiciliation bancaire. Une partie de l’argent blanchi était aussi récupérée via des fausses plateformes d’investissements dans divers domaines comme les terres rares ou les cryptomonnaies.

Le butin était ensuite reversé sur des comptes ouverts en Lituanie par des « mules bancaires », qui servaient aussi de prête-noms à la création de sociétés-écrans fictives établies notamment en Autriche, en Hongrie et en Roumanie.

Les fonds terminaient leur course en Asie, surtout en Chine et à Hong-Kong, et le réseau les récupérait en région parisienne en billets grâce à des « collecteurs » issus de la communauté chinoise, qui gardaient une commission au passage.

« Tout ce circuit a permis de blanchir 16,5 millions d’euros en deux ans », rapporte Mme Coulbois.

Au total, en plus de la tête de réseau, cinq autres personnes, des « mules bancaires » ou des « collecteurs », ont été arrêtées dans ce dossier depuis le début de l’année, selon la commissaire.

Sollicité par l’AFP, le parquet de Paris n’a pas confirmé.

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