PARASHAT VAYIGASH 5782 – Vendredi  6 Tevet 5782 – 10 décembre 2021
Ashdod/Tel-Aviv 16h17 •17h18

Chaque personne doit faire rentrer Chabat avec les horaires de sa communauté
JERUSALEM Entrée : 15h55 • Sortie :17h16
PARIS- IDF : 16h35 • 17h48
Marseille 16h44 • 17h51
Lyon – 16h38 . 17h47

Tout d’abord quelques mots sur le mois de Tevet qui a commencé pendant Hanouka, vers la fin de la fête car certaines années le mois de Tevet compte 29 jours et parfois 30. Le mois de Tévet est le quatrième mois de l’année si l’on compte depuis tishri  et le 10ème si l’on compte depuis le mois de nissan qui est le 1er mois de l’année pour la fixation des fêtes et des règnes (rosh hashana 1a).  Le mois de Téveth est un mois illustré par des évènements tristes c’est ainsi que le 8 de ce mois le roi Ptolémée qui désirait commettre des exactions sur le peuple juif et qui se « méfiait » de ce qui pouvait être inscrit dans la Torah réquisitionna 70 sages et chacun d’eux eut pour charge de traduire la Bible sous garde en grec (c’est ce que l’on appelle la Bible des Septante qui par miracle divin traduisirent en cette langue tout le texte mot pour mot sans qu’un seul diverge). Le 9 Téveth commémore le décès d’Ezra et de Néhémia les Prophètes  et le 10 Tevet, eut lieu le début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor qui marque le début de la destruction du Temple de Jérusalem. C’est également entre le 23 et le 29 Téveth qu’Esther fut présentée au roi Assuérus.

D’après la tradition les jeûnes de Guédalia (3 Tishri) du 10 Téveth, du 17 Tamouz et du 9 Av seront transformés en jours d’allégresse  à la venue du Mashiah.

Parashat Vayigash :

Enfin, nous allons assister à la réunion des onze frères avec Yossef et ici se profile l’exil de Canaan vers l’Egypte, le début de 210 années d’esclavage et le début d’une époque de rédemption qui viendra délivrer les Bné Israël de la cruauté égyptienne.

Les trois premiers mots de cette sidra donnent une allusion (un rémez) sur ce qui va se dégager de la réunion des frères puis de l’arrivée du patriarche sur cette terre d’exil : en effet, après les évènements tragiques de la trahison des dix frères (Réouven, Shimôn, Lévy et Yéhouda, Dan, Asher, Naftali, Gad, Zevouloun et Issasskhar) et la « descente  aux enfers » de Yossef dans sa vente en tant qu’esclave et toutes les épreuves rencontrées avec la femme de Putiphar et Putiphar lui-même, et pendant son séjour en prison. C’est ici une illustration on ne peut plus claire des desseins divins qui voit un être se trouver au bas de l’échelle et dans un lieu où les 99 seuils de toum’a (impureté) ont été franchis et relever cet être au plus haut vers des sommets d’une hauteur inimaginable puisque Yossef hébreu et esclave de surcroît (et bien que la loi égyptienne en vigueur à cette époque) se retrouve dans la peau du plus haut personnage d’Egypte après Pharaon et revêtu des symboles royaux. Les commentateurs relèvent le fait que toutes les parties du corps de Yossef qui ont été éprouvées seront « honorées » par Pharaon qui va faire présent à Yossef d’une bague-sceau, d’un collier etc….

Le corps ici est honoré car l’âme qui y est enfermée Yossef a su les préserver tous deux. L’allusion dont il est question dans les trois premiers mots de la sidra  ((ויגש אליו יהודה…est celle-ci : le total de ces trois premiers mots est 396  c’est-à-dire l’âme et la Présence divine : נשמה = 395 + א’ = ה’ ou si on préfère : D qui insuffle l’âme dans le corps. La question qui se pose est celle-ci : où l’âme siège-t-elle dans le corps : dans le cœur et dans la tête ce qui nous permet de rejoindre le raisonnement du Maharal lequel enseigne que l’âme siège dans le coeuret dans la tête de l’être humain ainsi donc, Yossef a préservé son corps et son âme en sachant sublimer ses penchants.  En réunissant tous ses frères et son père, Yossef se fait profiler l’image du futur peuple d’Israël en ceci : Yéhouda qui a sauvé son jeune frère d’une mort certaine, va se retrouver avec son frère Lévy à la tête d’un royaume alors que l’un des deux fils de Yossef du nom d’Ephraïm va se trouver à la tête des dix tribus qui vont être perdues.  Le futur territoire d’Israël va donner naissance à deux Etats.

Le texte de la Torah un peu plus bas va nous surprendre car on nous dit que Jacob est descendu en Egypte accompagné de 70 personnes or le détail nous est donné : כל הנפש לבית-יעקוב הבאה מצרימה שבעים tout l’âme de la maison de Jacob qui est descendue en Egypte [est au nombre de]soixante-dix  et un peu plus loin le nombre de personnes est 66 où sont passées les autres âmes en fait le commentaire explique ceci en précisant que Jacob n’était pas inclus dans les 66 et Joseph et ses deux fils qui eux aussi appartenaient à la maison de Jacob n’étaient pas inclus en conséquence : 66+Jacob+Joseph et ses deux fils = 70 mais il existe aussi un midrash qui dit que Jacob était bien inclus dans les 66 + Joseph et ses deux fils cela fait donc 69 et, en arrivant en Egypte, il y eut une naissance : celle de Yokhéved la future mère de Moïse.

Une autre remarque : il est écrit « l’âme de la maison de Jacob » c’est au singulier parce que les 70 personnes qui formaient la maison de Jacob étaient unies derrière une seule pensée comme un seul homme.

Les sidroth du livre de Bereshit (Genèse) s’égrènent et nous arrivons à la fin de ce tome. Nous avons assisté à la fin d’Abraham et de Sara, d’Isaac et de Rebecca, de Rahel et de Jacob mais, c’est seulement à la fin de Vayehi, lorsque Jacob demande à Joseph de lui promettre de l’ensevelir à Makhpéla à Hébron qu’est évoqué le fait que Léa est enterrée à Makhpéla avec les deux autres pères et les deux autres mères. Pour quelle raison, la Torah ne consacre-t-elle pas même quelques mots sur la fin de cette femme qui, pourtant énonce le nom de ses enfants, et occupe un rang plus élevé que celui de Rahel ?

Certains Sages avancent une raison empruntée au monde de l’enseignement ésotérique : jusqu’à l’arrivée de Jacob à Haran, on ne sait rien des deux jumelles nées chez Lavan pour l’une desquelles Rébecca rêve pour épouser Jacob. La Torah parle de Rahel en précisant qu’elle est belle d’apparence et belle aussi spirituellement !!! De Léa on sait juste qu’elle ne sort pas de chez elle car, elle a les yeux faibles. Le texte nous fait partager cet enthousiasme de Jacob qui travaille dur sept années pour avoir le droit d’épouser Rahel mais, la Torah ne fait rentrer en scène Léa qu’après les noces. Elle est malheureuse car elle a recours aux subterfuges mis au point par sa sœur pour pouvoir épouser un homme qu’elle aime et dont elle partage la couche tout en sachant qu’elle n’est pour lui qu’une usurpatrice. Cependant, l’enseignement ésotérique nous fait comprendre que la dimension de chacune de ces deux femmes est immense : l’une est située dans les sphères des mondes supérieurs et spirituels tandis que l’autre règne sur les sphères moins hautes, et plus matérielles. C’est pourquoi Rahel est enterrée à la croisée des chemins pour être le point d’amarre des hommes voyageant et évoluant dans un monde matériel se mettant à la disposition de tous les humains, de tous les êtres qui ont besoin d’aide. Léa est cachée, maquillée pour ne pas être connue lorsqu’elle se dirige du dais nuptial à la chambre de son époux.  Rahel est épousée légalement, de manière lumineuse, elle meurt sur la route, dans la souffrance de la délivrance et elle possède un tombeau somptueux et c’est vers elle que se tournent ceux qui ont besoin d’un secours, c’est elle qui pleure pour ramener « ses » enfants dans les limites du pays donné par D.

C’est donc parce qu’elle a vécu dans l’ombre de son époux que ce qui concerne sa mort est gardé secret ce n’est que lorsque Jacob prend ses dispositions que l’on apprend qu’elle a été ensevelie à Me’arat HaMakhpéla à Hébron…..

Caroline Elishéva REBOUH.

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