A la mémoire de mon frère REBOUH Bernard Isaac à l’occasion de son Azkara le 15 Iyar zal.

Le 14 Iyar est aussi la date du décès de Rabbi Méïr Baâl Haness –celui qui a fait un miracle – et, à cette occasion certaines personnes ont la coutume de faire une hiloula au cours de laquelle on étudie des mishnayoth sur Rabbi Meir, ou sur pessah shéni, certains consacrent une séôudat mitsva  au cours de laquelle  les femmes allument des bougies à la mémoire du grand Tana.

Qui était Rabbi Meir ?  Il se nommait, en fait Rabbi Néhoray mais, comme il avait la réputation d’un grand érudit qui savait enseigner la Torah et de la rendre explicite à tout un chacun, il fut surnommé Meir – celui qui éclaire -. Il était le fils de Néron empereur de Rome (en fait, le dernier des empereurs de la dynastie de Julius Claudius. Vers la fin de sa vie- Néron est mort à 31 ans seulement-, Néron se convertit au judaïsme secrètement et Meir serait son fils donc, fils d’un converti et profondément versé dans l’étude de la Torah écrite tout comme dans la Torah orale (le Talmud).

Rabbi Meir fait partie de la quatrième génération de Tanayim après la destruction du Beit Hamikdash. Il vécut à la même période que R’ Yéhouda HaNassi et que R’ Shimôn ben Gamliel. Cette époque fut marquée par des révoltes comme celle de Bar Kokhba à Betar ; à cette époque, les Romains persécutaient tous les Maîtres du Talmud et leurs disciples. C’est d’ailleurs aussi à cette époque que furent martyrisés et tués les   sages qui dans un kiddoush hashem (sanctification du nom divin) expirèrent après avoir enduré des souffrances inhumaines comme Rabbi Akiba (âssareth  harougué malkhout –  les  dix  victimes  mortes pour sanctifier le nom de D -). R’ Méïr épousa la fille, Brourya, du Tana  R’ Hanina ben Téradyone qui, lui-même fit partie des asséreth harougué malkhout.       Rabbi Méïr vivait avec humilité et sans ostentation, on rapporte qu’il gagnait 3 pièces d’argent par semaine il consacrait l’une des pièces pour parer aux besoins de sa famille, avec la deuxième pièce il achetait des vêtements pour lui et sa famille et il consacrait la troisième pièce à la charité pour aider les pauvres. Ses condisciples disaient de lui qu’il était un grand homme savant et saint et qu’il était aussi très humble.

Rabbi Meir, voyant les persécutions commises, s’enfuit vers la Babylonie et il ne reprit le chemin de retour vers Erets Israël que bien plus tard, lorsque l’atmosphère devint plus sereine. Il étudiait la Torah avec tant d’ardeur que l’on disait de lui qu’il réduisait les montagnes en poussière tant son étude et sa façon d’enseigner était pleine de force et d’ardeur.

Il avait pour ami le fils d’un homme hellénisé Abuya. Ce fils était tout d’abord un homme très cultivé qui se laissa dériver vers les sciences hellénistiques jusqu’à ce qu’il devint apostat et c’est ainsi que de Elisha ben Abouya, il fut surnommé « l’Autre » (haaher). R’ Méïr le poussa à faire teshouva peu avant sa disparition tout en affirmant qu’il intercèderait en sa faveur après que lui-même serait décédé. Il enseignait que quiconque se trouve en difficulté, peut implorer le Créateur en clamant : ILAHA DEMEIR ANENI ! que l’on traduit couramment par D de Meir réponds moi mais, R’ Meir enseignait qu’il voulait signifier par-là : D qui éclaire le monde réponds moi !!!

Le 14 Iyar au soir, il est bon d’allumer des bougies à la mémoire du grand Tana et de prier.

Cette date est aussi celle de Pessah shéni c’est-à-dire le deuxième pessah : en effet, les personnes qui ne se trouvaient pas, à la date de Pessah le 14 Nissan, en état de pureté pour une quelconque raison se voyaient offrir une deuxième chance : celle de pouvoir faire le sacrifice pascal un mois plus tard : le 14 Iyar. En souvenir de ceci, à cette date, on ne dit pas de Tahanoun et on essaie de consommer un peu de Matsa en souvenir.

HILOULA DE RABBI SHIM’ON BAR YOHAY :

Le Tana (talmudiste) Rabbi Sim’ôn bar Yohaï vécut au deuxième siècle de l’ère vulgaire. Il fut l’un des éminents élèves de Rabbi Akiva et tout comme son maître, il participa au soulèvement contre les Romains qui le poursuivirent et c’est la raison pour laquelle, avec son fils, ils se réfugièrent dans une grotte située dans la montagne de Mérone dans l’une des plus anciennes communautés d’Israël à Péki’în.

Ils y vécurent de longues années (13 années) sans ressources si ce n’est que le Saint Béni soit-il a suscité un caroubier et une source d’eau de manière tout-à-fait miraculeuse.

Pendant cette période d’ascèse complète, Rabbi Shim’ôn bar Yohay, écrivit le Zohar qui servit de base à toutes les études cabalistiques et, lorsqu’ils sortirent de la grotte, ils se retrouvèrent tous deux dotés de pouvoirs ultra naturels.

Le père et le fils furent enterrés dans une grotte à Mérone où chaque année pour lag baomer se pressent des dizaines de milliers de pèlerins.

En Erets Israël, les fidèles se rendent à Mérone où se trouve le tombeau de Rabbi Shimône et de manière à trouver une place relativement près de la « grotte » certains plantent déjà leur tente une semaine ou dix jours avant la hiloula. Des familles profitent de cette date pour y amener leurs petits garçons âgés de 3 ans pour le « halaké » ou première coupe de cheveux et le port du premier talit katane.

C’est encore le prétexte de faire des grillades « âl haesh » et de régaler les voisins de bonnes brochettes odorantes.

LAG BAOMER A ALGER

LAG que l’on écrit en Hébreu avec un lamed et un guimel signifiant 33 car il s’agit du 33ème jour du Ômer, est le jour anniversaire de naissance et du décès de Rabbi Shimon Bar Yohay. C’est la date du 18 Iyar.

On raconte qu’une épidémie ravagea les rangs des élèves de Rabbi Akiva mais, le 33ème jour du Ômer, la mortalité cessa subitement ce jour devint un jour d’allégresse. L’interdiction de se marier ou de célébrer des bar mitsvot est suspendue et chez les sefardim, surtout, les cérémonies familiales avec musique sont à nouveau célébrées.

A Alger, où l’on prononçait l’hébreu avec tous les « daguesh » on ne disait pas  LAG BAOMER mais on « fêtait LARH ». Etant enfant je me demandais bien comment cela pouvait s’écrire en français mais apparemment personne n’avait compris ma question….
Ce n’est que bien plus tard que j’ai enfin compris en apprenant les règles grammaticales hébraïques.

Dans l’après-midi qui précédait cette célébration, on se préparait et on allait acheter de grosses bougies décorées de fils dorés et d’autres couleurs, et de dentelle de cire de bougie. Ce sont ces mêmes bougies que certains qualifiaient de l’appellation « cierge » qui servaient aussi pour le henné de la Bar Mitsva (nous en reparlerons plus tard).

Chacun – selon l’enseignement qu’il avait reçu de ses parents ou de ses grands- parents – tenait, le soir de « Larh»,  à faire le tour des synagogues certains disaient qu’il suffisait de se rendre en une seule synagogue alors que d’autres tranchaient de manière savante en postulant qu’il fallait se rendre dans au moins 3 synagogues,  d’autres ajoutaient qu’il fallait un multiple de 3  soit se rendre dans 3, 6 ou 9 synagogues. Pour nous, la question était vite réglée nous allions à l’ancienne synagogue de la rue Suffren puis rue de Dijon à la synagogue Lebhar. Puis, mon père nous emmenait en voiture à la synagogue de St Eugène.

Les femmes apportaient à la synagogue des bouteilles d’huile pour allumer des veilleuses puis, elles offraient ensuite des friandises, des gâteaux au miel, et des bouquets de fleurs composés le plus souvent de petits œillets embaumant l’air de la synagogue et de fleurs de lin. Les hommes entonnaient des hymnes à la gloire de Bar Yohay et chacun allumait des bougies et priait avec ferveur pour que se réalisent les vœux les plus pieux s’élevant de chaque cœur.

Lorsque plusieurs décennies plus tard je fis mon aliya et que je vis les « medouroth » sur le rivage de Tel Aviv, Lag BaOmer prit une autre dimension et je m’aperçus qu’en Israël Lag BaOmer est un véritable enjeu  car, dès le lendemain de Pessah,  des groupes d’enfants se formaient pour accumuler des quantités de bois énormes, chaque groupe respectant le stock de bois constitué par d’autres jeunes garçons. L’après-midi précédant Lag BaÔmer, les bois et les cartons s’amoncellent et forment de petites montagnes auxquelles sera mis le feu à la tombée de la nuit. Les jeunes garçons ou les jeunes filles ont disposé sous les feux des pommes de terre et de gros oignons tous enveloppés de papier aluminium et ces légumes rôtis sous les cendres seront dégustés à la lueur des feux s’éteignant lentement. Les sons des guitares donnent à ces soirées de « koumzitz » (les pommes de terre rôties) un goût qui ne s’effacera jamais des mémoires, les transformant en des souvenirs merveilleux. Plus tard, dans la nuit, sur les cendres encore chaudes, des marshmallows embrochés sur des piques de bambou se caraméliseront.

Les horizons changent et les coutumes aussi. BAR YOHAY NIMSHAHTA ASHREIKHA SHEMEN SASSON MEHAVREKHA …BAR YOHAY SHEMEN MISH’HAT KODESH NIMESHAHTA MIMIDAT HAKODESH NASSATA TSITS NEZER HAKODESH HABOUSH AL ROSHEKHA PEEREKHA ….

Caroline Elishéva Rebouh Ben Abou