Les nouveaux plans hôteliers comprennent des villas sur pilotis comme aux Maldives, un grand dôme d’exposition et des chambres d’hôtes le long de bras de mer artificiels.

Pour transformer l’endroit qui se trouve au point le plus bas de la planète dans une destination touristique prisée, Israël a décidé de s’inspirer de deux lieux qui attirent déjà des millions de visiteurs par an : les Maldives et Dubaï.

Des projets portant sur une série d’îles, de péninsules et de criques artificielles – avec une propriété de style tropical comprenant des villas perchées sur pilotis dans la mer – sont actuellement en cours avec pour objectif d’élargir le littoral et d’attirer un nombre sans précédent de touristes sur l’eau.

Pour les autorités israéliennes, la relance du tourisme dans le secteur de la mer Morte est indispensable pour atteindre l’objectif fixé des dix millions de touristes par an d’ici 2030. En raison du recul rapide de la mer, qui a éloigné le rivage des anciennes stations balnéaires et transformé l’ancien littoral en une étendue dangereuse de dolines, les efforts touristiques se concentrent désormais sur les énormes bassins d’évaporation situés au sud de la mer Morte, où se trouvent déjà la plupart des grands hôtels de la région.

Ces bassins sont remplis d’eau de la mer Morte et ils sont utilisés par ICL (anciennement Israel Chemicals Ltd.) pour l’extraction de potasse, de brome et de magnésium. Généralement présentés comme faisant partie de la mer Morte, peu de touristes savent qu’ils flottent en réalité dans les eaux d’un site industriel.

Le projet vise à doubler les capacités d’accueil touristiques dans le secteur de la mer Morte en ajoutant 4 000 à 5 000 chambres, le long d’une promenade qui sera prolongée d’ici 2026. La majeure partie des terres encore inexploitées entre Ein Bokek, à l’extrémité nord des étangs, et Neve Zohar, à environ 3,5 kilomètres au sud, sera ainsi occupée.

Sept appels d’offres pour des hôtels ont été attribués sur 17 éventuels projets au total – et le ministère du Tourisme a déjà investi plus d’un milliard de shekels pour étendre la promenade le long du littoral vers le sud et pour construire les nouveaux aménagements.

Illustration des développements prévus à la mer Morte, en septembre 2022. (Crédit : Moshe Safdie Architects)

Les hôtels seront les premiers à être construits dans la région depuis une trentaine d’années, selon Shimon Daniel, PDG de la Dead Sea Preservation Government Company, un centre d’information du ministère du Tourisme qui consacre ses activités au développement de la mer Morte.

Les promoteurs affirment que trois îles sont en cours de construction dans le cadre du projet, mais d’après les plans publiés, seule une surface – encore théoriquement reliée à la terre – pourrait être considérée comme insulaire.

Aperçu architectural du nouveau complexe touristique de la mer Morte, septembre 2022. (Crédit : Moshe Safdie Architects)

L’île, déjà aménagée, abritera un immense dôme qui servira de centre d’exposition en mesure d’accueillir 5 000 personnes, avec des équipements de premier ordre et un éclairage par projection à 360 degrés.

Le promoteur Bercleys-Papo – né d’un partenariat entre le promoteur Bercleys de la mer Morte et Papo Maritime, une filiale des frères Nakash qui contrôle actuellement le port d’Eilat – compte sur le centre d’exposition pour attirer des événements commerciaux importants dans la région.

L’île est reliée à une jetée s’avançant dans la mer, qui comprendra un hôtel et un spa, selon les plans officiels.

Bercleys-Papo, qui construira en outre deux tours avec des chambres d’hôtes et des appartements de luxe dans le cadre du projet, indique que le dôme a été expédié déjà pratiquement construit et qu’il sera opérationnel dans les six prochains mois.

Un des hôtels prévus dans le cadre du projet reproduira les célèbres villas sur pilotis des Maldives, situées directement sur l’eau et reliées entre elles et à la terre par une promenade.

Le St. Regis Maldives Vommuli Resort. (Crédit: Business Wire)

Les plans actuels prévoient 35 villas sur l’eau, mais l’appel d’offres du projet parle d’un hôtel de 198 chambres sur l’eau, ce qui signifie que certaines des villas pourraient avoir plus d’une chambre.

Un autre hôtel encore sera doté d’une série d’entrées, amenant l’eau aux clients et non l’inverse.

Un plan directeur montrant les nouveaux hôtels et les reliefs artificiels de la région de la mer Morte. (Cliquez pour voir l’image complète.) (Crédit : Capture d’écran)

Bien qu’elle ne fasse pas partie du projet actuel, un plan-directeur prévoit la construction d’une autre péninsule artificielle s’enfonçant dans le lac, qui accueillera aussi un hôtel.

Outre le Papo de Bercleys, les chaînes hôtelières Fattal, Elad, Isrotel, Astral et Vert sont censées construire ou gérer des biens immobiliers construits dans le cadre de ces projets.

Si l’attention s’est concentrée sur les plans visant à recréer la magie des Maldives, l’utilisation d’îles, de jetées et de bras de mer s’inspire d’un autre haut-lieu du tourisme : Dubaï.

Les îles et les jetées de l’archipel artificiel de Palm Jumeirah s’étendent sur le golfe Persique à Dubaï, Émirats arabes unis, le 19 juillet 2021. (Crédit : Jon Gambrell/AP)

La ville émiratie a fait un usage intensif de ces trois éléments pour élargir son littoral autrement limité, avec des centaines de petites îles et péninsules créant une carte du monde, un palmier et d’autres compositions, offrant ainsi un plus grand nombre de propriétés en bord de mer pour les stations balnéaires et pour les hébergements de luxe.

« Notre objectif est de créer une expérience unique à la mer Morte, en accord avec la signification unique de ces lieux situés au point le plus bas de la planète », a déclaré le directeur général adjoint du ministère du Tourisme, Kobby Barda.

Ein Bokek compte actuellement 15 hôtels, parmi lesquels des établissements qui appartiennent à la plupart des grandes chaînes israéliennes. En temps normal, les hôtels accueillent près de 800 000 visiteurs par an, la plupart venant de l’étranger. La mer Morte a bénéficié du soutien du gouvernement pendant la pandémie, mais elle est également devenue une option de séjour populaire auprès des Israéliens.

Et ce bien qu’elle soit le deuxième endroit le plus cher pour séjourner en Israël – avec une moyenne de 211 dollars par nuit avant l’épidémie de COVID (2019). Selon les données du Bureau central des statistiques (CBS) depuis le début de l’année, les établissements de la mer Morte ont enregistré un taux d’occupation moyen d’environ 70 %.

Source : timesofisrael.com