PARASHAT VAYETSE 5783 Vendredi 2 Décembre 2022 –Yom Chichi 8 Kislev 5783Samedi 3 décembre 2022 – shabbat 9 Kislev 5783 

Horaires :
Tel Aviv, Ashdod, Netanya, 
entrée 16 h 16 – sortie : 17 h 16
Jérusalem : entrée 15 h 55 – 17 h 16
Paris : 16 h 37 – 17 h 39
Chaque personne doit faire rentrer Chabat avec les horaires de la communauté qu’il fréquente.

FACE A SON DESTIN

Yaâkov a accepté le conseil de sa mère et, dirige ses pas vers le pays duquel sont issus sa mère et ses grands-parents.  Il s’achemine seul, vers un lieu où il ne connaît personne et il est seul pour affronter son avenir.

Il quitte donc un lieu où il avait trouvé une certaine plénitude spirituelle puisque des années durant il étudia la Torah auprès de son maître Eber, et il abandonne cette région réputée être très loin de ses aspirations.

La guematriya du premier mot (valeur numérique) Vayetsé = 107, est l’équivalent du mot qui signifie « étranger » = loez.[1] L’allusion est qu’en « sortant’ de chez ses parents, Yaakov connaît sa destination, il se dirige vers un pays différent !

En chemin, l’attendent des épreuves mais, il se trouve à un « endroit » (makom) nous dit la Torah : le texte toranique ne nous livre pas le nom de ce lieu mais Rashi nous explique que cet endroit c’est le mont Moriah ou Mont du Temple, c’est-à-dire là où eut lieu la ligature d’Isaac et c’est encore à proximité de cette Yéshiva de Shem et Ever… Le Mont Moria fut le théâtre des premiers sacrifices (Adam, Abel, Noé).

Le jour s’évanouit et s’efface devant la nuit. Jacob prie. De là nos Sages dans la guemara berakhot déduisent que Yaâkov a instauré la prière du soir ou ârvit ou maâriv (ces deux mots ayant pour racine le mot soir ou êrev).

La graphie de trois mots nous interpelle à ce niveau du texte. Les trois mots sont makom, halom et soulam.

MAKOM s’écrit en hébreu dans la Torah en ktiv hasser c’est-à-dire sans vav et donc : mem-kouf-mem.  La lettre mem est composé d’un kaf et d’un vav et en ce cas la valeur numérique est de 26. Le kouf est également composé d’un kaf et d’un vav et donc encore une fois 26. Le second mem est fermé.

SOULAM s’écrit en hébreu samekh-lamed-mem.  Le samekh est fermé entièrement tout comme le mem final à la différence près que le samekh est fermé mais est entièrement arrondi alors que le mem présente 4 angles qui représentent les 4 éléments, les 4 directions géographiques et les 4 types d’hommes. La lettre lamed est elle aussi composée d’un vav et d’un kaf soit 26.

HALOM s’écrit ici het-lamed-mem.  Heth est composé d’un vav et d’un zaïn, lamed comme dit précédemment et mem final comme dit précédemment.

Les lettres médianes de ces trois mots sont kouf et deux fois lamed et elles trois ont une valeur de 26 (sur le plan calligraphique) qui est la valeur du Tétragramme. La caractéristique qui sépare ces deux lettres est pour le kouf dont « le vav » indique les sphères inférieures alors que pour le lamed le « vav » indique les sphères supérieures auxquelles appartiennent la prophétie, les rêves et cette échelle qui relie la terre de Judée aux cieux « où D habite » !

Le kouf se trouvant au centre du mot makom indique que le lieu, CE lieu est l’endroit central par excellence du judaïsme. C’est le mont Moriah, là où sera érigé le Temple et là où sera enfouie la pierre-oreiller de Jacob ainsi que cela sera souligné un peu plus loin.

Ces trois mots se terminent par des lettres fermées (mem) pour nous faire comprendre que ces faits se passent comme s’ils appartenaient au « sod » c’est-à-dire uniquement au monde spirituel mais il appartient aussi à ce monde matériel.

Le mem initial de makom fait allusion au fait que si l’homme le désire il peut faire rentrer le divin (26) en lui.

D’autre part, cette pierre sur laquelle Jacob dormit, D la saisit et l’enfouit en ce lieu même et c’est elle qui est désignée du nom de EVEN HASHETIYA. Pierre que l’on peut apercevoir lors de la visite des fouilles faites sous le Temple.

Le rêve de l’échelle illustre justement cette sainteté et cette centralité de l’endroit. En effet il est écrit que les pieds de l’échelle étaient dirigés VERS LA TERRE et que le sommet de l’échelle était dirigé  VERS LES CIEUX…… Et la Torah précise que les Anges montaient et descendaient. Les Anges séjournant dans les cieux, en haut, en ce cas, vers où les Anges montaient-ils ? Et, vers où descendaient-ils ? La réponse est que CE lieu dont Jacob dira plus tard qu’il est redoutable et qu’il est la porte de la résidence de D est l’endroit où Abraham a démontré d’un amour incommensurable pour le Créateur, et c’est le cœur du monde et c’est cet endroit VERS lequel tout Juif dirige ses prières et où Salomon a érigé le Temple de Jérusalem c’est la raison pour laquelle les Anges « montaient » vers le mont Moriah et redescendaient VERS les cieux !  L’échelle est le symbole de la progression spirituelle de l’homme qui se perfectionne et tente de se dépasser. La lettre kouf qui se trouve au milieu du mot makom donne l’image suivante : le kouf s’ancre dans le sol et figure la Présence divine au Mont Moria/Mont du Temple. D’un côté le mem initial qui a une valeur scripturale de 26 (valeur du Tétragramme pour signifier que la croyance/Emouna habite le Juif qui recherche la Shekhina) et par l’ouverture qu’elle montre indique l’aspiration à divulguer cette croyance, tout comme l’a démontré Abraham Avinou, alors que le second mem qui  est fermé  obstinément représente le manque de communication.

Mais le Shlah Hakadosh écrit que l’échelle, à 4 degrés, était bien dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel pour nous signifier que la distance entre ce monde-ci et le monde de D se divise en 4 degrés représentant les 4 mondes de la Cabbale : עולם העשייה  ou monde matériel, עולם היצירה  ou monde de la formation, עולם הבריאה ou monde de la création et le עולם האצילות ou monde de la noblesse. Maïmonide fait allusion au mode de progression de la pensée c’est-à-dire que la pensée humaine progresse selon une échelle à quatre degrés qui va aller du stade le plus simple (pshat) au stade allégorique (remez) puis au philosophique (drash) pour arriver au stade le plus élevé qui est celui de la cabale. Quant au Maharal de Prague, ces 4 mondes sont ceux qui ont attenté à la « vie d’Israël » à savoir : les civilisations Babylonienne, Perse, Grecque et Romaine.

Yaakov va pour la première fois entendre le message et la promesse divine selon laquelle sa postérité sera aussi nombreuse que la poussière de la terre et Rashi voit dans le fait que D Se tenait au sommet de l’échelle que Yaakov était protégé par le Créateur Lui-même.

Yaakov s’exclame : Ceci est la Maison de D ! Or, il avait dormi là comme quelqu’un qui dort dans sa propre demeure ce qui fait comprendre au futur patriarche qu’en ayant reçu la promesse divine alors qu’il est en chemin pour fonder une famille donc une maison juive, il doit s’efforcer de réunir toutes les conditions possibles pour que règne chez lui la Sainteté propice à y voir séjourner la Présence divine (la Shekhina) comme il l’avait vue au-dessus de la tente de Rivka et comme cela avait été le cas précédemment chez Sara.

Et ce fut en fait le Lieu qui accueillit le Sanctuaire et la Présence divine ainsi que toutes les prières adressées à D par Son peuple. Les prières atteignent les portes du ciel comme ce même lieu sur lequel Yaakov affirme « et ceci ce sont les portes du ciel ».

Les vingt années où Jacob a travaillé chez son oncle sont partagées en trois parties : les sept premières années pour se marier à Léa et les sept autres années pour Rahel et six  années supplémentaires qui seront celles de sa rétribution. La problématique qui se pose est pourquoi pour les deux épouses travaille-t-il sept années alors qu’il a été trompé ?

Avant toute autre considération nous devons nous pénétrer du fait que Jacob, le troisième des Patriarches, était d’une « stature » spirituelle telle que le visage de Jacob était gravé sur le Trône divin. Il était donc constitué d’une essence tout-à-fait particulière. Il est à considérer également que Abraham a donné naissance à deux peuples et qu’Isaac a continué le peuple juif tout en donnant naissance à un autre peuple POURTANT, SEUL LE PEUPLE CONTINUANT LA POSTERITE DE JACOB est appelé ISRAEL et aucun des deux autres peuples n’est appelé selon le nom ni d’Abraham ni d’Isaac.

Jacob a étudié jour et nuit pendant 14 années chez Shem et Ever, seule l’Etude de la Torah n’a intéressé le Patriarche jusqu’au jour de son départ vers la famille de sa mère.

Lorsqu’Eliezer[2], serviteur d’Abraham partit du camp d’Abraham vers Bethuel à Haran pour demander la main de Rebecca, Bethuel et Lavan répondirent : « il nous faut consulter la jeune-fille pour savoir si elle accepte or, lorsque Jacob se présente à Laban, celui-ci n’oppose aucune condition et, impose ses conditions.

Pour quelle raison, Jacob ne marchande-t-il pas le nombre d’années de travail : en effet, il avait accepté de travailler 7 années pour pouvoir épouser Rahel il aurait pu opposer à son beau-père qu’il lui avait imposé Léa qui n’était pas incluse dans l’accord initial…. La réponse est que Jacob n’a pas voulu déshonorer Léa et il a voulu la poser sur le même « pied » que Rahel.

Caroline Elishéva REBOUH

[1] Ce mot est différent de zar qui signifie aussi étranger et qui s’emploie différemment.

[2] Il était l’un des fils du roi Nimrod et se convertit à la foi d’Abraham. Il connaissait, par conséquent fort bien les coutumes s’attachant aux mariages mieux que quiconque.