Le nouveau Premier ministre Benjamin Netanyahou a annoncé mercredi soir avoir réussi à former un gouvernement avec ses alliés.

Le bloc de Netanyahou est composé de son parti de centre droit le Likoud, de ses alliés ultra-orthodoxes Shas et Judaïsme unifié de la Torah, et des groupes souvent classés à l’extrême droite du paysage politique (par des médias assez malhonnêtes pour ne pas classer Havoda et Meretz à l’extrême gauche) : Sionisme religieux, Otzma Yehudit et Noam.

Voici 12 des projets et plans centraux

  1. Rétablir plus de liberté d’expression à la Knesset

Otzma Yehudit, dirigé par Itamar Ben Gvir, a déclaré qu’il était parvenu à un accord pour faire passer une loi qui mettra fin à l’interdiction de siéger à la Knesset faite aux personnes qui rejettent Israël en tant qu’État juif et démocratique (il a par la suite démenti), et ceux qui incitent au racisme.

Selon le parti, une législation sera introduite pour supprimer la clause de la Loi fondamentale quasi-constitutionnelle d’Israël : La Knesset stipule que ces personnes sont disqualifiées pour se présenter au parlement.

Cette clause a été introduite par la Knesset en 1985 et a réussi à empêcher le parti Kach – dirigé par le rabbin extrémiste Meir Kahane, de revenir à la Knesset.

  1. Peine de mort pour les terroristes

Otzma Yehudit a déclaré que le Likoud avait accédé à sa demande d’une loi imposant la peine de mort aux terroristes, et s’était engagé à adopter cette mesure avant qu’Israël n’approuve le budget de l’État pour 2023. Le Likoud n’a pas confirmé qu’un tel accord avait été finalisé. On imagine mal Israël entrer dans la liste des pays qui appliquent la peine capitale.

  1. Annexion de la Judée Samarie

Selon un rapport de jeudi de Channel 12, le Likoud et le sionisme religieux ont convenu d’avancer vers l’annexion des territoires disputés de Judée Samarie. Cependant, l’engagement est formulé de manière vague, permettant à Netanyahou de ne pas faire grand chose, voire de ne rien faire sur la question s’il le souhaite.

Le texte de l’accord stipule que le peuple juif «a un droit naturel sur la terre d’Israël», selon Channel 12.

L’accord stipule toutefois que M. Netanyahou le fera en « choisissant le moment et en pesant tous les intérêts nationaux et internationaux de l’État d’Israël. »

Le texte ne permet pas de savoir si l’accord concerne l’ensemble des territoires disputés ou seulement certaines parties de celle-ci. Le développement sera captivant à suivre.

Cette information n’a été confirmée ni par le Likoud ni par le Sionisme religieux. Une déclaration publiée mercredi par le Sionisme religieux, qui énumère les principes clés de l’accord de coalition, ne mentionne pas l’annexion, mais indique que les parties ont convenu de faire avancer la légalisation des villages et de développer les infrastructures en Judée Samarie.

  1. Financement de l’étude de la religion

Un accord non signé entre le Judaïsme unifié de la Torah et le Likoud, prévoit que « l’indépendance, le statut unique et le budget relatif » des écoles ultra-orthodoxes seront préservés, tandis que le prochain ministre de l’Education acceptera de prolonger une exemption permettant à certains établissements haredi de ne pas enseigner des matières fondamentales comme l’anglais et les mathématiques. Il s’agit donc du maintien du statu quo.

L’accord comprend une clause stipulant que le gouvernement donnera la priorité à la construction de nouvelles écoles dans les communautés ultra-orthodoxes et accordera des hausses de financement aux établissements d’enseignement existants en alignant les salaires des enseignants sur ceux des écoles non haredi. La gauche devrait applaudir cette règle égalitaire.

  1. Réforme du système judiciaire

L’accord comprend un engagement à promouvoir la « clause dérogatoire », une mesure très débattue qui apportera plus de démocratie au pays, en permettant à la Knesset de contourner ou d’annuler des décisions judiciaires de la Cour suprême qui vont à l’encontre des lois votées démocratiquement et des décisions gouvernementales. C’est une reconnaissance de la supériorité de la démocratie sur l’Etat dirigé par les juges non élus.

  1. Fin de la dictature des minorités, notamment LGBT

L’accord de l’UTJ stipule que les lois seront modifiées pour permettre aux prestataires de services de refuser des clients s’ils heurtent leurs croyances religieuses – une référence probable à la communauté LGBT – mais seulement « à condition que le service ou le produit ne soit pas unique et qu’une alternative similaire puisse être obtenue à proximité géographique et à un prix similaire. » Exemple : si un couple homosexuel commande un gâteau de mariage à un pâtissier orthodoxe, ce qui heurterait ses croyances religieuses, ce dernier pourra légitimement refuser, si les clients peuvent trouver un autre pâtissier pour le confectionner.

Cela permettra également aux salles de spectacles dirigées par des haredi, de refuser d’accueillir des événements LGBT. Selon la loi actuelle, un tel refus entraîne une lourde amende, même s’il heurte les convictions religieuses du propriétaire de la salle.

Avi Maoz, du parti Noam, devrait prendre le contrôle d’une unité du ministère de l’Education chargée d’approuver les fournisseurs externes de matériel pédagogique, qui jouent un rôle essentiel dans les programmes des écoles publiques, et ce afin d’éviter la propagande gauchistes, LGBT et antisioniste dans les écoles.

  1. Une nouvelle division du Shin Bet se concentrera sur la criminalité arabe

Otzma Yehudit et le Likoud ont convenu de former une nouvelle division au sein de l’agence de sécurité Shin Bet, dédiée à la lutte contre la criminalité dans la société arabe, un fléau alimenté par la pègre (racket, vol, trafic, drogue, chantages et procédés mafieux), les règlements de comptes entre clans et les « crimes d’honneur », qui représente 80% des crimes non terroristes dans le pays.

  1. Projets de « judaïsation » de certaines zones

Le sionisme religieux a déclaré qu’il était parvenu à des accords avec le Likoud pour élaborer des plans visant à « judaïser » la Galilée et le Néguev, qui abritent tous deux d’importantes communautés arabes.

Le sionisme religieux a également déclaré avoir obtenu un budget de plusieurs centaines de millions de shekels pour « renforcer l’identité juive ».

  1. Financement par l’État d’événements réservés aux femmes

Les féministes devraient sauter de joie. Selon le projet, l’UTJ a obtenu un accord autorisant le financement public d’événements réservés aux femmes, une décision qui respecte la demande d’électrices religieuses.

Ceci fait partie des demandes de l’UTJ visant à renforcer le contrôle orthodoxe sur les institutions religieuses, et à appliquer la religion aux affaires civiles.

  1. Nouvelles exemptions des Ultra-Orthodoxes de l’IDF

Les ultra-orthodoxes ont obtenu une exemption générale du service militaire obligatoire pour les étudiants à plein temps dans les yeshiva.

Les exemptions ont longtemps exaspéré les Israéliens, mais les communautés ultra-orthodoxes ont résisté aux tentatives répétées de les obliger à s’inscrire au service militaire. Cette question fait l’objet d’une bataille législative qui dure depuis des années.

  1. Les conversions et la loi du retour

Le sionisme religieux a déclaré qu’il avait accepté de modifier la loi du retour en raison « des difficultés et des failles créées par la clause des petits-enfants. »

Plusieurs factions du bloc de Netanyahou ont préconisé la suppression de la clause des petits-enfants, décidée après la Seconde guerre mondiale, et qui permet à toute personne ayant au moins un grand-parent juif d’obtenir la citoyenneté israélienne, à condition de ne pas pratiquer une autre religion. Les législateurs religieux ont affirmé que cette clause conduisait à la dilution du caractère juif d’Israël en autorisant des immigrants qui ne sont pas considérés comme juifs selon la halakha.

Avec les dirigeants de l’opposition, plusieurs législateurs du Likoud se sont opposés à tout changement. Le Likoud a promis d’établir rapidement un comité pour discuter des réformes, plutôt que d’énoncer des changements spécifiques à la loi du retour. Ce comité comprendra des représentants de tous les partis de la coalition.

L’accord comprend également une clause réaffirmant que seules les conversions orthodoxes réalisées par l’intermédiaire du grand rabbinat seront acceptées en Israël. Les détracteurs du système actuel, dont l’ancien ministre des services religieux Matan Kahana, ont déclaré que le système de conversion devait être libéralisé afin d’encourager la conversion des immigrants non reconnus comme juifs par la loi orthodoxe.

  1. Soutien aux pionniers pour le peuplement en Judée Samarie

Channel 13 a rapporté que les parties ont convenu de légaliser plusieurs villages existants construits sans permis de construire sur des terres de l’Etat dans les 60 jours suivant l’assermentation du gouvernement. Les autorités raccorderont ces villages aux infrastructures, notamment à l’eau et à l’électricité. On se souvent que le gouvernement précédent avait raccordé à l’eau et l’électricité des villages arabes établis illégalement, sans permis de construire, mais qu’aucun village de pionniers juifs n’avait obtenu ces largesses.

Le gouvernement va également prévoir un budget de 300 millions de NIS pour les villages de pionniers au cours des quatre prochaines années, selon des sources anonymes.

Otzma Yehudit a affirmé avoir obtenu 150 millions de NIS pour la plantation d’oliviers en Judée Samarie « pour mettre fin au contrôle de la terre par les Arabes ».

La chaîne 12 a déclaré que le sionisme religieux avait obtenu un accord pour que les pionniers vivant dans des « zones à haut risque » commencent à bénéficier d’allégements fiscaux l’année prochaine.

Ceci est le résultat du vote démocratique de la dernière élection. Il est le résultat de la volonté de la majorité des Israéliens. Le journaliste honnête et indépendant surveillera combien de ces projets seront mis à exécution, conformément au mandat que le gouvernement a reçu de ses électeurs.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org