La Michna a enseigné que « Celui qui lit la Méguila à rebours n’a pas accompli son devoir », c’est-à-dire qu’il est nécessaire de lire (ou d’entendre la lecture de) la Méguila dans l’ordre, car c’est seulement lorsque la séquence des événements est respectée que l’intervention miraculeuse de D.ieu transparait et que nous pouvons la célébrer.

15 siècles après la rédaction de la Michna, le Baal Chem Tov a révélé une lecture plus profonde de ces mots : lire la Méguila « à rebours », c’est la considérer comme un récit historique dont l’action se situe dans l’Antiquité, alors qu’elle constitue un enseignement présent et actuel d’une importance vitale pour tous les Juifs.

Pour comprendre quel est cet enseignement, faisons un peu de philologie hébraïque ‘hassidique :

Le nom de la fête – « Pourim » – n’est pas un mot hébreu, mais perse. De même, le nom de son héroïne qui est aussi celui de la Méguila – Esther – est également d’origine perse et signifie « occultation ». De fait, dans tout le Livre d’Esther, le nom de D.ieu est absent, « occulté ».

D’un autre côté, le mot « Méguila », le « rouleau » d’Esther, est en hébreu.

Nous noterons également que le nom de D.ieu est absent de l’ensemble du Livre d’Esther.

Le Rabbi de Loubavitch révèle une puissante idée qui se dégage de tout cela :

Lorsque Mordekhaï et Esther s’employèrent à faire annuler le décret d’extermination promulgué contre les Juifs, ils agirent d’abord dans le domaine spirituel en engageant les Juifs à revenir vers D.ieu de tout leur cœur, et c’est seulement dans un second temps qu’ils mirent en œuvre une stratégie suivant les voies naturelles. Ceci parce qu’ils savaient que les événements qui surviennent sur le plan naturel ne sont que la conséquence de ce qui se passe sur le plan spirituel.

Et ceci est toujours vrai, y compris lorsque les Juifs sont en exil – symbolisé par la langue perse –, dans un lieu où la divinité n’est pas perceptible – symbolisé par le nom « Esther » qui signifie « occultation » et l’absence du nom de D.ieu dans son livre. Même en pareilles circonstances, les Juifs savent que tout vient de D.ieu, ce qu’exprime le terme « Méguila », lié à la notion de révélation (« guilouï »).

Tel est donc l’enseignement de Pourim pour nous : quand bien même nous nous trouvons encore en exil, nous savons que notre sort dépend avant tout de notre engagement dans l’étude de la Torah et dans l’accomplissement des mitsvot. Si cela est assuré, tout ce que nous entreprendrons sera fructueux.

Puissions-nous mériter promptement l’ultime révélation divine avec la venue de Machia’h.

Chabbat Chalom !

Chabad.org