Le président de l’Agence juive et général de division, dont des membres de la famille ont été assassinés et enlevés lors du massacre de Simhat Torah, est convaincu que nous parviendrons à nous relever après cette profonde tragédie. Il est certain que nous sortirons vainqueurs de cette guerre.


Au cours de l’année qui s’est écoulée depuis la guerre des Épées de Fer, le peuple juif a connu de graves bouleversements. Le 7 octobre, ou comme Doron Almog, le président de l’Agence juive, préfère l’appeler – la « guerre de Sim’hat Torah » – a été un événement déterminant qui a secoué Israël et le monde juif tout entier. Dans une interview spéciale, Almog partage ses idées sur ce sujet,  la crise, la façon d’y faire face et l’espoir pour l’avenir !

Au cours de l’année écoulée depuis la guerre des Épées de Fer, le peuple juif a traversé des bouleversements majeurs. Le 7 octobre, un jour que Doron Almog, le président de l’Agence juive, préfère appeler la « guerre de Sim’hat Torah », a marqué un tournant décisif qui a ébranlé Israël et la communauté juive mondiale. Dans une interview exclusive, Almog partage ses réflexions sur cette crise, les moyens d’y faire face et son espoir pour l’avenir.

Sa nomination à la présidence de l’Agence juive en août 2022 l’a propulsé au cœur des relations entre Israël et la diaspora, en pleine période de turbulences. « Ce poste exige une vision globale et une grande sensibilité », déclare Almog, soulignant qu’il doit faire face à des défis sans précédent. Le 7 octobre, comme nous l’avons tous vécu, est devenu l’un des défis les plus difficiles pour les Israéliens et les Juifs du monde entier au cours des dernières décennies.

De la joie au chagrin

« C’est la plus grande crise que l’État d’Israël ait connue depuis la guerre d’indépendance. C’est la plus grave crise du peuple juif depuis la Seconde Guerre mondiale », déclare Almog avec émotion. Il évoque la scène saisissante de Kfar Gaza, où il a aperçu des souccot décorées, avec des tables dressées et des nappes blanches, témoignant des célébrations de Sim’hat Torah brutalement interrompues. « Préparez-vous à retrouver la joie », ajoute-t-il.

Les événements du 7 octobre, déclare Almog, constituent « un échec majeur à tous les niveaux ». Cependant, il souligne qu’à côté de cette tragédie, nous avons également été témoins de « la plus grande mobilisation du peuple juif ». Des milliers de personnes sont venues en Israël pour des missions de solidarité, pour offrir leur temps en tant que bénévoles et pour recruter pour Tsahal. Plus d’un milliard de dollars ont été collectés dans les premiers jours, des montants sans précédent !

La douleur personnelle d’Almog transparaît dans ses paroles. Il évoque son frère Eran, qui a été tué durant la guerre de Kippour et dont le corps est resté sur le terrain pendant une semaine avant d’être secouru. En outre, cinq membres de sa famille ont été assassinés lors de l’attaque contre le restaurant Maxim en 2003. « Ma famille a connu tant de chagrin », confie-t-il

Les immigrants arrivent ici en pleine guerre, à l’époque la plus dangereuse de l’État d’Israël, cela montre la force du lien entre le peuple juif et l’État d’Israël

Le jour du Shabbat noir, lors de l’attaque du Hamas, deux membres de la famille d’Almog ont été tués et quatre autres ont été enlevés lors d’un massacre à Kafr Gaza. Des terroristes du Hamas ont fait irruption dans la maison de la famille Goldstein-Almog, où se cachaient Nadav et Han avec leurs quatre enfants. Ils ont brutalement assassiné Nadav, le père de famille, ainsi que leur fille aînée Yam, âgée de 20 ans. Ham Chen et leurs trois enfants – Gal, 17 ans, et Tal, 9 ans – ont été rapatriés dans le cadre d’un accord d’otages après 51 jours de captivité aux mains du Hamas.

« La douleur est immense », confie Almog, « mais nous devons avancer. Vous entendez Agam Goldstein-Almog parler de son retour à Kfar Gaza, après avoir vu son père et sa sœur aînée assassinés sous ses yeux et avoir été enlevé. Cela témoigne de forces extraordinaires. C’est l’essence de « Dans ton sang, ma vie » : continuer à vivre et à bâtir malgré la douleur et la perte. Nous devons poursuivre notre chemin avec amour, générosité et solidarité – pour le bien du peuple juif et la construction de l’État d’Israël. »

L’essence des habitants de la bande de Gaza réside dans l’aspiration à atteindre le « dernier sillon », un concept établi dans les années 1950, à l’époque de l’assassinat de Roy Rotberg. Aujourd’hui, on nous demande de persévérer dans cette voie, malgré la terrible attaque, et même si cela semble difficile. Je ne sais pas quand tout cela prendra fin, mais il existe une conviction profonde que nous sortirons vainqueurs de cette guerre.

Almog évoque une conversation touchante qu’il a eue avec John Polin, le père de Hersh Goldberg-Polin, enlevé et assassiné. « Lorsque je suis arrivé chez Shiva, Rachel, la mère de Hersh, a ressenti qu’elle ne pouvait plus rester dans la tente et s’est retirée seule à la maison. Je suis alors resté avec John. Je lui ai tenu la main et lui ai parlé de mon frère Eran, qui est tombé lors de la guerre de Kippour. Je lui ai expliqué que notre douleur et notre façon de gérer le deuil sont aussi une source de force et de résilience », raconte-t-il. « Nous en sortons plus forts, plus attachés à nos valeurs et à notre pays. »

Connexion entre les communautés

Depuis le début de la guerre, l’Agence juive et ses partenaires, dirigés par les Fédérations juives d’Amérique du Nord et le Fonds de la Fondation, se sont mobilisés de manière sans précédent pour soutenir la restauration de l’État d’Israël. Ce soutien inclut des subventions d’urgence et de réhabilitation pour des milliers de familles via le fonds pour les victimes du terrorisme, ainsi que des aides sous forme de prêts et de subventions d’urgence pour des milliers d’entreprises situées dans l’Otef, au nord du pays, et pour les réservistes. De plus, des missions de solidarité ont été organisées pour renforcer l’engagement de la diaspora.

Le principal événement de l'Aliya de l'Agence juive en Israël (archives), Koko
Almog considère cette augmentation comme un moteur de croissance et un pilier clé de la reconstruction du pays. Immigrants en Israël (archives), photo : Koko

« Dans le cadre des efforts de reconstruction, nous travaillons également à établir des connexions entre les communautés juives de la diaspora et celles de l’Otef par le biais de partenariats à long terme », ajoute Almog. « Il ne s’agit pas uniquement d’un soutien financier, mais de la création de liens humains profonds qui renforceront l’ensemble du peuple juif. »

Almog voit cette hausse de l’immigration comme un moteur de croissance et un pilier essentiel de la reconstruction du pays. « Dès le début de la guerre, des dizaines de milliers d’immigrés, originaires de plusieurs pays, ont fait le choix de venir en Israël grâce à l’aide de l’Agence juive et du ministère de l’Immigration et de l’Intégration », rapporte-t-il. « Nous avons constaté une augmentation significative des demandes d’immigration en provenance des pays occidentaux. »

La situation de la diaspora est effectivement complexe. Almog souligne que l’antisémitisme est en hausse, mais il considère cela comme un phénomène cyclique. « L’antisémitisme a toujours été présent. Un État peut traverser deux types de situations : soit il est faible, soit il est fort et résilient. Aujourd’hui, notre situation est difficile, mais nous sommes solides, et cela finira par évoluer », exprime-t-il avec un point de vue optimiste.

Malgré les défis actuels, Almog souligne l’amélioration de la situation du peuple juif par rapport au passé. « Je vous rappelle qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, nous n’avions pas de pays. Six millions de Juifs ont été assassinés au cœur de l’Europe », déclare-t-il. « Aujourd’hui, malgré les difficultés, nous avons un pays fort, capable de se défendre. » Cette perspective met en avant la résilience et le progrès réalisés depuis ces sombres chapitres de l’histoire.

Almog met en avant la qualité de cette immigration, affirmant qu’il s’agit principalement de jeunes, souvent universitaires et extrêmement motivés. Il souligne le courage de ces immigrants qui ont décidé de venir en Israël en cette période difficile, malgré les dangers et les défis. « Ils arrivent ici au moment le plus dangereux, alors que des roquettes sont tirées, que l’on parle de destruction de l’État d’Israël et qu’il fait face à sept fronts différents. L’antisémitisme augmente partout dans le monde et, malgré tout, ils choisissent de venir ici. Cela démontre la force du lien entre le peuple juif et l’État d’Israël ! »

Almog note également que la solidarité manifestée aujourd’hui entre la communauté juive de la diaspora et Israël est d’autant plus impressionnante qu’avant la guerre, les relations étaient très tendues. « Nous nous étions dit que l’État d’Israël est fort, que nous sommes ici et que nous construisons. Que l’on décide d’immigrer ou non, de faire un don ou pas, cela semblait sans importance. Il y avait même des déclarations indiquant qu’il était interdit de leur parler d’Aliyah. » Cette transformation de l’attitude témoigne d’un renouvellement des liens et d’une volonté commune face aux défis actuels.

Almog souligne que cette attitude de distance était une mauvaise approche, attribuée à un « orgueil excessif » et à un « orgueil démesuré ». Selon lui, la guerre a profondément modifié la situation et a accru le besoin d’une relation plus étroite avec la diaspora juive. « Nous devons construire des ponts, pas des murs », affirme-t-il, insistant sur l’importance de l’unité au sein du peuple juif.

Il évoque également la question des contours du Mur Occidental comme un exemple de la nécessité de réduire les écarts entre les différents courants du judaïsme. Almog raconte un incident survenu au début de son mandat, où un jeune garçon issu d’une communauté réformée aux États-Unis a été agressé lors de sa cérémonie de Bar Mitzvah sur la place du Mur Occidental. Cet événement met en lumière les tensions qui existent et souligne l’urgence d’établir un dialogue et une compréhension mutuelle entre les différentes branches du judaïsme.

« J’ai appelé la famille via Zoom et je lui ai dit que le Mur Occidental nous appartient à tous », explique Almog. Il souligne l’importance de « créer une culture différente, une nouvelle langue, de se respecter les uns les autres malgré nos différences, et d’apprendre à vivre ensemble. » Dans ce contexte, il considère l’Agence juive comme un pont essentiel entre les différents courants de la communauté juive mondiale.

La question des personnes enlevées est l’une des préoccupations majeures dans les activités d’Almog et de l’Agence juive. « Nous faisons tout notre possible pour soutenir les familles des otages et pour contribuer aux efforts visant à les récupérer », déclare-t-il. « C’est une question qui touche l’ensemble du peuple juif, tant en Israël que dans la diaspora. » Cela montre l’engagement de l’Agence juive à travailler pour le bien-être et la sécurité de toutes les communautés juives, renforçant ainsi les liens qui les unissent dans des moments de crise.

Almog partage des moments profondément marquants avec les familles des personnes enlevées, soulignant la force et l’espoir qu’il en retire. « Ils nous enseignent une énorme leçon sur le pouvoir de l’esprit humain », affirme-t-il. « Leur lutte est la lutte de nous tous. » Dans ce cadre, l’Agence juive s’engage à plusieurs niveaux pour soutenir ces familles, en leur offrant un soutien émotionnel, une aide financière et en organisant des activités de sensibilisation sur la scène internationale.

« Nous mobilisons toutes nos connexions et ressources pour maintenir cette question à l’ordre du jour mondial », explique Almog, mettant en avant l’importance de la solidarité et de la visibilité pour faire entendre la voix des familles touchées. Son engagement témoigne non seulement d’une volonté d’assistance, mais aussi d’une détermination à rappeler à la communauté internationale l’importance de ces enjeux pour le peuple juif dans son ensemble.

Pour le président de l’Agence juive, la guerre représente également une occasion de renouer des liens avec la jeune génération de la diaspora. Il souligne l’importance d’un dialogue ouvert et respectueux entre Israël et la diaspora, même sur des questions controversées. « Je ne suis pas toujours d’accord sur tout, et c’est bien », admet-il. « Mais nous devons maintenir un canal de communication ouvert et respectueux. »

Almog revient régulièrement à l’idée de « dans ton sang, ma vie » – un impératif de continuer à vivre et à construire malgré la douleur et la perte. « Dans chaque action que nous entreprenons, dans chaque plan que nous élaborons, nous nous demandons : comment cela renforce-t-il le peuple juif ? Comment cela construit-il un avenir meilleur ? C’est le sens pratique de ‘Dans ton sang, ma vie’ de nos jours. » Cette philosophie guide les efforts de l’Agence juive, lui permettant de se concentrer sur la résilience et l’unité du peuple juif, tout en cherchant à bâtir un avenir prometteur pour tous.

Malgré les difficultés et les défis, Almog reste résolument optimiste. « Pour moi, l’optimisme découle de l’esprit de renouveau auquel nous assistons actuellement », déclare-t-il. Le président de l’Agence juive est convaincu que le peuple juif surmontera la crise actuelle, tout comme il a su surmonter les crises du passé.

Il note également qu’aujourd’hui, presque tous les Juifs qui s’expriment, notamment ceux de l’étranger, concluent souvent leurs conversations par les mots « Am Yisrael Hai ». « Qu’est-ce que ‘Hay Israël’ ? Je suis ici temporairement, mais la nation d’Israël vit, c’est quelque chose de permanent. » Cette affirmation témoigne d’un profond attachement et d’une résilience collective, soulignant la continuité et la vitalité du peuple juif à travers les âges et les épreuves. Almog met ainsi en lumière l’importance de l’identité et de la solidarité dans les moments difficiles, tout en nourrissant l’espoir d’un avenir meilleur.

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