PARACHA NASSO 5785 – VENDREDI 6 JUIN 2025 – vendredi 10 Sivan 5785 
 
HORAIRES DE SHABBAT –  ASHDOD – TEL AVIV 19 h 24 – 20 h 28

BIRKAT HAKOHANIM ET LA FEMME INFIDELE
Cette sidra précède ou suit la fête de Shavouot. Cette lecture inclut des sujets importants comme celui des sacrifices que les « Princes » (les Nessiim) des 12 tribus doivent présenter mais, sont également abordés des sujets tels que la bénédiction des Cohanim et le sujet épineux de la femme infidèle. Nous allons essayer de nous pencher sur ces deux points, l’un qui est empreint de mystère et l’autre qui, bien qu’il ne soit plus en usage, est malheureusement, toujours d’actualité.

BIRKAT HACOHANIM : La bénédiction pontificale ou bénédiction du Cohen. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut définir brièvement ce qu’est une bénédiction, quand et en quelle circonstance la prononce-t-on ? Qui est apte à faire une bénédiction ?
HaShem a créé un monde avec tout ce qu’il renferme et, bien qu’IL en soit toujours le Propriétaire, nous, les êtres humains, en avons la jouissance entière.

La démarche (1) fixée par les Sages est de prononcer une bénédiction avant la jouissance de chaque acte, comme manger, voir quelqu’un ou quelque chose d’extraordinaire, sentir un parfum, entendre le tonnerre, voir des éclairs, un arc-en-ciel et bien d’autres choses encore et, lorsque l’on a terminé un repas, on prononce une bénédiction plus longue pour
remercier le Créateur d’avoir permis à Ses créatures de se sustenter et de pouvoir profiter de tout ce que contient la Création. En langage simpliste une bénédiction équivaut à demander la permission de prendre un fruit et d’en profiter.
Pour ce genre de bénédictions, l’homme n’a recours qu’à lui-même mais, pour d’autres actes, l’homme préfère faire appel aux mérites d’un rabbin (rav) car, il est indubitable qu’une bénédiction prononcée par un homme qui consacre son temps à étudier et à enseigner, possède davantage de pouvoir, que notre demande adressée directement à D.
HaShem a conféré aux Cohanim, le pouvoir de transmettre Sa bénédiction à tout Son peuple. C’est ainsi que dans certaines synagogues, chaque jour, à la fin de la répétition de la « Amida » ou shemona essré de l’office du matin et de l’après-midi (shaharith et minha) et le shabbat et les fêtes, à la fin de moussaf, les cohanim présents dans la synagogue, après s’être déchaussés et s’être lavé les mains, se recouvrent de leur talith et étendant leurs bras et en écartant leurs doigts selon la Tradition prononcent la triple bénédiction en se tournant vers la droite ou la gauche (lorsqu’ils prononcent les mots de la berakha qui se terminent par un khaf sofit), ou en restant immobiles (lorsqu’ils prononcent le nom d’HaShem) et face à l’assistance, qui doit se recueillir et se concentrer sur les pouvoirs extrêmes de cette bénédiction céleste sur les humains. (2) Les mots de la birkat Cohanim sont les suivants : yévarékhekha HaShem Veyshmerékha ; Ya’er panav élékha vihounéka ; yssa HaShem panav elekha veyassem lekha shalom puis ils terminent par vessamou eth

shemi al bené Israël vaAni avarekhem. La signification en est : Qu’HaShem te bénisse et te protège, Qu’HaShem t’éclaire de Son « visage » et qu’IL t’accorde Sa miséricorde (vihounéka vient plutôt du mot « hen » qui équivaut à grâce, qu’HaShem tourne Sa face vers toi et qu’IL
pose sur toi le Shalom (qui est aussi l’un des noms de D).
Ces trois phrases comptent 15 mots qui sont en fait les quatorze phalanges des 5 doigts de la main et la paume de la main !
Les Cohanim pendant les quelques instants que dure cette berakha (3), veilleront à camoufler légèrement leurs doigts écartés et les fidèles veilleront à ne pas fixer les mains des cohanim, pour ne pas être « éblouis » par la puissance de ces mots. La première des trois bénédictions concerne l’argent (4) et la protection ; et, pour ce qui est de la dernière
phrase qui indique que le shalom sera sur les bené Israël tout comme HaShem a protégé et béni les enfants de Jacob au moment de la sortie d’Egypte tout comme au moment où HaShem a consacré Son peuple comme « Son épousée ».

LA FEMME INFIDELE : Isha Sota. Rashi pense que le mot hébraïque « sota » a donné naissance au vocable français sotte.
Dans la parasha de Nasso il est question non seulement de la femme infidèle mais aussi du « nazir » c’est-à-dire d’un homme (comme Samson) ou d’une femme qui fait vœu soit sur une certaine période ou pour toute sa vie de s’abstenir de consommer le fruit de la vigne (vins, raisins et dérivés), de se couper les cheveux ou de se raser le crâne et de se rendre
impur au contact d’un mort. Le fait que ce qui concerne le nazir et la femme infidèle soient proches dans cette péricope est pour inciter les hommes (ou les femmes) à ne pas boire de vin pour éviter de faire une faute très importante et aux conséquences qui peuvent être très regrettables.

Ainsi, la Torah introduit le sujet en évoquant la « jalousie » d’un mari à l’encontre de son épouse. C’est au chapitre V de Bamidbar que, durant 20 versets le lecteur va assister à une scène pleine de retenue mais pleine de détails destinés à faire frémir. Dans le Talmud, c’est un traité de guemara tout entier qui est consacré au thème de la page 1a à la page 48b !

Ce sujet permet de donner des réponses à beaucoup de questions qui peuvent se poser. Le texte dit Nombres V, 12:
דַּ בֵּ ר אֶ ל-ב נֵּי יִש רָ אֵּ ל, ו אָ מַּ ר תָ אֲ לֵּ הֶ ם : אִ יׁש אִ יׁש כִ י-תִ ש טֶ ה אִ ׁש תֹו, ּומָ עֲלָ ה בֹו מָ עַּ ל
Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs, lui devient infidèle.
Des vingt versets qui partent de ces quelques mots-là jusqu’à la fin de ce même chapitre, la Torah explique avec beaucoup de clarté toute la procédure mais nous allons nous-mêmes décortiquer ce texte qui semble facile à comprendre mais qui, pourtant, contient bien des allusions que nous comprendrons grâce aux commentaires de nos Sages.
Tout d’abord pourquoi est-il écrit : « ish, ish » ? Grâce à D ce sujet n’est pas d’actualité pour tous les couples !!! Le non-dit ici, est celui-ci : un homme n’est jamais totalement seul et surtout dans une épreuve où HaShem Se tient aux côtés de Sa créature ! Le redoublement du mot « ish » signifie donc ici, qu’en trompant son mari, une femme commet une double
faute car elle aura également trompé D !
Lorsque des bruits arrivent aux oreilles du mari concernant le fait que son épouse a été vue en compagnie d’un autre homme que lui, l’époux a le droit d’entamer une conversation avec sa femme et de la mettre en garde.
Cependant, si l’époux a confiance en sa femme et la croit, il n’est pas obligé de se plaindre au cohen. Si, en revanche, le mari, lui-même et un témoin ou deux témoins sont en mesure de témoigner que ladite personne avait « une conduite » plus qu’équivoque, le Cohen devra poser la question à la femme à savoir si elle reconnaît les faits, auquel cas, elle
sera répudiée par son mari et interdite à l’homme avec lequel s’est produit « l’incident ». En revanche, il existe une procédure très dure destinée à démasquer la fautive éventuelle qui réfuterait ce dont elle est accusée : le cohen devra découvrir la tête de la femme (5)
, puis, si elle s’entête à dire qu’elle est innocente, elle devra boire de l’eau que lui présentera le cohen dans laquelle il aura effacé le nom divin (6) tout en la prévenant que si elle ment, elle peut le payer de sa vie.

Si, la femme soupçonnée d’adultère se révèle être innocente, le Ciel la récompensera de diverses façons ainsi, si par exemple elle n’a pas encore eu l’heur d’être mère elle le sera dorénavant.
Néanmoins, s’il s’avérait que non content de soupçonner sa femme d’infidélité le mari s’est, par lui-même rendu coupable de la même duplicité, la femme même après avoir bu les eaux amères, ne mourra pas.
Aujourd’hui, où les Cohanim n’exercent plus puisque nous n’avons plus de Temple, ce cérémonial pour la femme infidèle n’existe pas et, les mœurs se sont parfois trop distendues, si dans un couple apparaissait telle mésaventure, il reste encore la possibilité de divorcer d’un commun accord.
La haftara se rapporte à l’histoire de Shimshone le nazir (Samson). Rashi explique que lorsqu’une personne est prise de vin, sa convoitise peut être décuplée et c’est la raison pour laquelle, sans doute, dans cette sidra les versets concernant le Nazir et ceux de la Femme Sotta se touchent. Il n’est pas recommandé de faire des vœux et de devenir
abstème cependant, dans le cas de Samson (Shimshone), l’abstinence est voulue et décrétée depuis les Cieux ……….

Analysons cette histoire qui se déroule dans la région de Beith Shemesh, près de Jérusalem. Plusieurs « moshavim » sont implantés dans ce périmètre de quelques kilomètres carrés. Eshtaol, Tsor’â, Tselafon…
C’est aussi là, à peu de distance, qu’est enseveli Dan fils de Jacob. Sur les terres d’Eshtaol, une famille parmi tant d’autres s’est installée. L’homme et la femme sont issus de deux tribus différentes : Dan et Juda.
Le couple n’a point d’enfant et, l’un comme l’autre impute ses soupçons d’infertilité au deuxième. Lorsqu’un jour, se trouvant dans les champs, un « homme » apparut et lui adressa la parole en lui apprenant qu’elle est stérile et que c’est pour cela qu’elle n’a pas d’enfant mais que D va ouvrir son sein et qu’elle donnera le jour à un enfant différent des autres car il sera « nazir » (abstème) et qu’elle-même devra avant même d’être fécondée s’abstenir de tout produit de la vigne et de toute chose impure.
Dans la sidra Nasso il est écrit : נדר לנדר יפלא כי … איש un homme qui fait expressément vœu d’être abstème. Rashi tout comme Ibn Ezra expriment leur compréhension du mot « yafli » par « yafrish » soit quelqu’un qui se sépare de la communauté en émettant le vœu de ne plus boire de vin (ou jus de raisin, liqueur à base de vin ou même des raisins frais ou secs) et, Ibn Ezra ajoute qu’en dépassant sa convoitise et en devenant abstème cet
homme devient exceptionnel en le comparant à un roi, ceint de sa couronne, en soulignant que d’avoir prononcé un « nezer » (diadème/couronne) qui le rend « nazir », il possède un keter… le fait d’être en possession de tous ses moyens lui permettra de pouvoir distinguer
entre le bien et le mal chose qui est impossible s’il se laisse dominer par ses instincts et boire plus que de raison.

Les Sages trouvent qu’un lien existait entre Boâz qui épousa Ruth la Moabite et Manoah, le père de Shimshon. En effet, avant d’épouser Ruth, Boâz avait été marié et il avait 30 fils et 30 filles. Sachant que Manoah, lointain parent, n’avait pas le bonheur d’être père, il évitait de convier cet homme à toutes les célébrations familiales qu’il organisait et, Manoah en
fut blessé à maintes reprises. Les Sages expliquent cette conduite dans le fait que Manoah et son épouse n’ayant pas d’enfant, Boâz ne pourrait jamais leur rendre leurs présents. Par la peine ressentie par le père du futur Juge d’Israël, les Sages expliquent pourquoi Boâz enterra ses 60 enfants de son vivant. Ceci démontre à quel point il faut être circonspect
dans notre conduite et éviter de froisser les autres surtout dans ce qui leur fait défaut ou dans le domaine qui les sensibilise le plus.
La Bible ne livre pas toujours le nom des protagonistes, tel le nom de la femme de Loth et ici c’est le nom de la mère de Samson qui est occulté.
Cependant, parfois, comme c’est le cas pour cette héroïne biblique, dans la tradition ésotérique, on apprend que son nom était Tselalfonit. Certains prétendent que ce surnom lui fut octroyé car elle était issue du yishouv Tselafon situé dans la même région qu’Eshtaol et Tsor’a, près de Beith Shemesh.
Le nom du père est clairement noté : Manoah ce qui en hébreu pourrait se lire Minoah ce qui signifierait qu’il « vient » de Noah. Ainsi, les Sages nous apprennent-ils des secrets porteurs d’un enseignement important :
lorsqu’un homme fait une action, qu’elle soit bonne ou mauvaise, la façon et l’intention apportées lors de l’action sont conservées devant le Créateur et pourront être répercutées par la suite sur la personne.
Prenons pour exemple le Pharaon qui jeta dans le Nil tous les bébés mâles des Hébreux : de même qu’il a tué des bébés innocents en les jetant dans l’eau, lui-même et ses serviteurs ont été engloutis dans la mer.
Ici, les Sages tirent un enseignement de l’histoire de Noé : on se souvient que l’un des premiers actes de Noé au sortir de l’Arche fut de planter une vigne qui, miraculeusement a immédiatement porté des grappes qui aussitôt pressées ont produit un vin si fort que l’homme humble et tsadik que fut Noé s’enivra (7). La Torah rapporte que l’un de ses trois fils, du nom de Ham, empêcha son père de procréer et d’avoir un quatrième descendant.

Les exégètes prétendent que le géniteur de Samson serait un « descendant » de Noé et qu’étant donné que celui-ci n’a pas su se soustraire à la convoitise et a trop bu le bébé à naître a donc été contraint d’être abstème et de s’éloigner de tout ce qui de près ou de loin ressemble à la vigne à tel point que lorsqu’il reviendra de Timna avec ses parents
qui couperont à travers les vignobles pour raccourcir le chemin, le puissant jeune-homme fera un détour pour contourner ces champs.

Samson sort se promener d’Eshtaol, il dirige ses pas vers Timna. C’est en ce lieu que Yéhouda ben Jacob scella une union avec Tamar son ex-bru et c’est en ce lieu que naquirent Perets et Zerah. C’est donc, nous enseigne la Tradition, que devrait naître le Rédempteur. HaShem « accompagne » Samson dans cette promenade. C’est là qu’il aperçoit
cette femme qu’il désire épouser : une philistine, accomplissant ainsi une mission divine.
Samson convertit cette femme et l’épouse. Lorsqu’il convole avec cette femme, il s’aperçoit que le Mauvais Penchant est présent et le guette à chaque pas. C’est la raison pour laquelle il se joue de l’esprit malin en donnant à la jeune épousée des réponses à base du nombre 7 (8).
On pourrait se poser la question de savoir pourquoi un homme tel que Samson qui doit s’éloigner de tout ce qui est impur et dont même la mère dut se tenir loin des impuretés, décida de prendre pour épouse une idolâtre. C’est parce que, par cette union, Samson vient venger l’acte de Ham sur son père Noé car, les Philistins sont les descendants de Canaân fils de Ham !
Le Ari, zal, met en exergue (9) le fait que si l’Ange s’est révélé à deux reprises à Tselalfonith c’est parce qu’elle est un personnage de grande importance !
Sept femmes dans la Bible tout entière ont été stériles : Sara, Rivka, Léa, Rahel, Hana, Tselalfonith et Tsion.
Sara qui donna le jour à Isaac et Rivka qui donna naissance à deux peuples mais Léa et Rahel qui furent les « fondatrices » du peuple juif, Hana qui mit au monde un très grand Prophète : Samuel et Tselalfonith mère de Samson…..
A ce propos, le Maharal de Prague fait remarquer que parmi les personnages bibliques, certains (six exactement)10 sont morts par leurs attributs particuliers : ainsi, Samson dont la force était extraordinaire est mort dans l’effondrement de l’édifice qu’il ébranla par sa force !
Ainsi nous avons pu cerner les différents liens qui rattachent la parasha de Nasso à la haftara de Samson, comment Samson est lié à Boaz et pour quelles raisons, Samson fut Nazir et le rapport qui existe entre ceci et l’ébriété de Noé.

Caroline Elishéva REBOUH.

1/ Le mot démarche provient du verbe  » marcher » ou « lalékheth » en hébreu. L’un des nombreux sens de « démarche » est : manière d’agir. Et, en hébreu, le mot halakha désigne la disposition des lois concernant un ou plusieurs commandements et la meilleure façon de mettre en pratique.
2/ La puissance de cette bénédiction est, en quelque sorte, diffusée sur l’assistance par l’intermédiaire des doigts écartés et en oscillant vers la droite ou la gauche, la bénédiction atteint tout le monde.
3/ Berakha = bénédiction au singulier et, au pluriel on dit berakhot. A  » l’état construit » – la bénédiction des cohanim- on dira birkat donc birkat hacohanim.
4/ Qu’il y ait de la bénédiction non pas forcément sur la quantité mais sur la qualité.
5/ C’est d’ici que l’on apprend qu’une femme mariée se doit de couvrir sa chevelure.
6/ HaShem accepte que Son Nom soit effacé dans le but de faire connaître la vérité et de faire en sorte que l’époux se calme et que l’harmonie règne dans le couple.
7/ C’est ainsi que Rabbi Yonathan Eibeschütz explique cette naissance.
8/ Car le Mauvais Penchant possède sept noms et Samson déjoue les sept apparences du Malin.
9/ Dans le sefer HaLikoutim
10/ Samson, Saül, Assaël, Yhya, Tsidekyahou, Avshalom