Tel-Aviv, souvent perçue comme le bastion de la laïcité en Israël, est le théâtre d’une vive polémique. La mairie, dirigée par Ron Huldai, a récemment imposé de nouvelles conditions de fonctionnement à environ 130 synagogues construites sur des terrains municipaux, déclenchant l’ire des milieux religieux et nationalistes.
La source du conflit réside dans un nouveau contrat de location qui exige de ces lieux de culte qu’ils fournissent leurs services “sans distinction de genre et de croyance”. La municipalité présente cette clause comme une simple mise à jour de routine, visant à garantir l’accès à tous les résidents sans discrimination, conformément à une politique de non-exclusion dans les espaces publics.
Cependant, cette mesure est perçue par de nombreux dirigeants religieux et politiciens comme une ingérence directe dans les pratiques orthodoxes. Ils craignent que cette clause n’ouvre la voie à des poursuites judiciaires, visant à terme, à interdire la mekhitsa (la séparation traditionnelle entre hommes et femmes durant les offices), une pratique centrale du judaïsme orthodoxe. Les critiques ont interprété cette exigence comme une tentative d’obliger les synagogues orthodoxes à adopter un style de prière plus « égalitaire », contredisant la loi juive orthodoxe (Halakha). Certains opposants, y compris des ministres du gouvernement, ont même accusé le maire de “déclarer la guerre au judaïsme”.
Face à la tempête politique et aux critiques acerbes, le maire Ron Huldai a défendu la décision de sa municipalité, assurant que l’objectif n’est pas d’interdire les pratiques religieuses, mais de faire respecter un principe de non-discrimination. Plus important encore, il a affirmé que le contrat avait déjà été mis à jour et clarifié pour prendre en compte les besoins des synagogues et que la clause de non-discrimination n’affecterait pas la pratique orthodoxe traditionnelle, notamment la séparation des hommes et des femmes (la mehitzah).
La municipalité a déclaré qu’elle ne cherchait pas à « imposer la laïcité » mais simplement à appliquer la réglementation standard concernant les institutions publiques, assurant qu’il s’agissait d’une simple mise à jour de routine et non d’une tentative d’interférence.
En résumé, la polémique a entraîné une modification ou une clarification du contrat par la municipalité pour rassurer les responsables des synagogues orthodoxes. Néanmoins, la controverse a mis en lumière les tensions persistantes entre l’orientation laïque et libérale de la municipalité de Tel-Aviv et les factions religieuses et orthodoxes en Israël.
Selon le site d’information Ynet, si les responsables communautaires refusent de signer le contrat, la mairie pourrait les contraindre à libérer les terrains municipaux sur lesquels sont bâties leurs synagogues, malgré le fait que ces constructions ont été financées par les fidèles eux-mêmes. Pour les responsables orthodoxes et Haredi, accepter ces termes, même clarifiés, peut toujours être perçu comme une menace à la pérennité de leurs rites.
Il est clair que la politique de laïcité de ce maire, bien connue, est ici mise à l’épreuve. Ses partisans pourraient y voir une simple application de principes démocratiques, mais ses détracteurs dénoncent un “chantage” et une “dictature de la laïcité” qui cherche à soumettre une minorité de juifs pratiquants à des préceptes qu’ils ne partagent pas.
Ron Huldai n’a rien à se reprocher ; il a toujours été clair sur sa politique laïque mise en place dans cette ville. Le problème vient du choix qui est fait par les habitants eux-mêmes. Apparemment, la plupart des Tel-Aviviens juifs pratiquants ne votent pas. Cette abstention cause de graves dommages à la pratique religieuse, de plus en plus difficile dans cette ville.
Il est temps que les croyants se réveillent. Nous ne pouvons accepter qu’un maire fasse du chantage et oblige les synagogues à appliquer des préceptes contraires aux rites religieux, sous prétexte que la mairie milite pour une ville laïque.
L’État d’Israël a toujours défendu les minorités, qu’elles soient druzes, chrétiennes, musulmanes, tcherkesses, samaritaines ou baha’ies. Cependant, Tel-Aviv semble être une exception, car une minorité de juifs religieux est soumise à une laïcité qu’ils ne souhaitent pas.
Cette situation soulève une question épineuse : si les synagogues sont soumises à de telles règles, en sera-t-il de même pour les mosquées et les églises de Tel-Aviv-Jaffa ? Certains doutent que le maire applique le même zèle envers les autres communautés religieuses.
Il convient de mentionner les oppositions passées des municipalités de Tel-Aviv, Herzliya, Giv’atayim et d’autres villes à la séparation entre hommes et femmes lors des prières de Yom Kippour dans les espaces publics, alors que les musulmans n’auraient jamais rencontré ce type de problème avec la mairie. Ces villes n’hésitent pas à entrer en conflit avec leur population religieuse.
L’affaire a même atteint la Cour suprême. Dans certains cas, la justice a donné raison aux religieux et a ordonné à la municipalité de Tel-Aviv d’autoriser les prières dans certains lieux publics. Ces décisions mettent en évidence la difficulté de trouver un équilibre entre le droit de pratiquer sa religion et les valeurs libérales de ces villes.
Des tensions sont également apparues lorsque certaines mairies ont interdit l’installation de stands de pose de tefillins près des écoles, des crèches et des centres de loisirs, justifiant cette décision par le souhait de limiter le prosélytisme religieux auprès des jeunes.
Face à cette “nouvelle dictature de la laïcité”, l’appel à la résistance s’organise. Même après la clarification du contrat, si les dirigeants des synagogues restent unis et refusent de céder, la fermeture potentielle de 130 lieux de culte pourrait bien provoquer une réaction sans précédent au sein du monde juif en Israël, forçant chacun à se positionner face à une menace perçue contre l’identité et les traditions religieuses.
Rony Hayot
Journaliste et co-fondateur du mouvement citoyen Nikon Kapaim.
Ashdodcafe.com
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