Le port d'Ashdod passe sous contrôle néerlandais (photo : Port d'Ashdod)

Alors que les relations entre Israël et la Turquie sont une nouvelle fois en tension maximale, un détail logistique attire l’attention : l’aide humanitaire turque à destination de Gaza transite… par le port d’Ashdod, sous contrôle israélien.

Sur les quais du port, des dizaines de tonnes de marchandises, emballées dans des cartons libellés en turc, sont chargées sur des camions en direction de la bande de Gaza. Sur certains colis, on peut lire en toutes lettres « huile de tournesol » – ayçiçek yağı – d’une marque turque largement distribuée dans les pays du Moyen-Orient. Les chargements sont accompagnés de sacs de farine, de denrées alimentaires et de biens de première nécessité.

Une contradiction logistique au cœur d’une crise politique

Ce tableau crée un paradoxe diplomatique saisissant : d’un côté, la Turquie, sous l’impulsion du président Recep Tayyip Erdoğan, accuse ouvertement Israël de commettre un génocide à Gaza, rappelant son ambassadeur et menaçant même d’une intervention régionale directe. En octobre dernier, Erdoğan déclarait : « Qu’Allah détruise Israël. »

Il s’est depuis positionné comme l’un des principaux soutiens politiques et symboliques du Hamas, qu’il refuse de qualifier de groupe terroriste, au contraire des États-Unis, de l’Union européenne ou d’Israël.

Et pourtant, dans les faits, c’est via un port israélien – celui d’Ashdod, situé à une quarantaine de kilomètres de Gaza – que l’aide humanitaire turque est acheminée vers l’enclave palestinienne.

Ashdod, seul point d’entrée officiellement autorisé

Depuis le début de la guerre en octobre 2023, Ashdod est devenu un point logistique stratégique pour l’acheminement de l’aide internationale à Gaza. Israël, tout en imposant un strict contrôle sécuritaire, autorise certains flux humanitaires sous supervision, notamment ceux organisés par les Nations unies, le CICR, le Croissant-Rouge et des ONG internationales. La Turquie a, semble-t-il, accepté d’utiliser ce canal indirect, tout en multipliant les déclarations hostiles sur la scène internationale.

D’après des sources diplomatiques, plus de 1 000 tonnes d’aide turque seraient déjà passées par ce canal depuis janvier 2024, incluant médicaments, matériel médical, nourriture, et kits de survie.

Tensions diplomatiques mais échanges maintenus

Malgré la rhétorique enflammée d’Ankara, les échanges commerciaux entre Israël et la Turquie se sont poursuivis, avec un volume dépassant 7 milliards de dollars par an.
Ce double langage turc – soutien verbal à Gaza, tout en collaborant indirectement avec Israël pour le passage de l’aide – illustre une réalité géopolitique complexe, où les impératifs humanitaires et économiques coexistent avec les tensions idéologiques.

Un symbole d’ambiguïté régionale

Ce dossier cristallise les ambivalences profondes des rapports entre Israël et certaines puissances du Moyen-Orient : condamnations publiques, mais coordination de fait sur le terrain. Pour Tel-Aviv, ce soutien turc qui passe par Ashdod est à la fois une nécessité humanitaire acceptée et une illustration gênante des contradictions de ses adversaires politiques.

Ashdodcafe.com
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