A la suite du décès de Nadav et Avihou (cf. paracha Chemini) , D.ieu met en garde contre toute entrée intempestive dans le sanctuaire. Seul le Cohen Gadol (le Grand Prêtre) peut, une fois l’an, à Yom Kippour pénétrer dans le Saint des Saints pour y offrir l’encens.

Un autre trait du service du Jour du Pardon est le tirage au sort entre deux boucs qui détermine lequel sera offert en sacrifice à D.ieu et lequel sera désigné pour emporter toutes les fautes des enfants d’Israël dans le désert ;

La paracha A’harei enjoint également de n’apporter de sacrifices qu’au Temple et interdit formellement la consommation du sang. Elle énonce les lois interdisant l’inceste et les autres relations prohibées.

La paracha Kedochim commence par cette injonction : « Soyez saints, car Je suis saint, Moi, l’Eternel votre D.ieu. » A sa suite sont énoncées de nombreuses mitsvot (commandements) par l’accomplissement desquelles le Juif se sanctifie et établit un lien avec la sainteté de D.ieu .

Ces mitsvot incluent la prohibition de l’idolâtrie, la mistva de tsédaka (charité), le principe de l’égalité de tous devant la justice, le Chabbat, la moralité sexuelle, l’honnêteté en affaires, l’honneur et la crainte des parents, le caractère sacré de la vie.

C’est aussi dans la paracha Kedochim qu’est exprimé le principe que Rabbi Akiva qualifie de cardinal et dont Hillel dit « c’est là toute la Torah, le reste en est le commentaire » : aime ton prochain comme toi-même.

אַחֲרֵי מוֹת

קְדֹשִׁים

A’haré mot/Qedochim

 

Lévitique 16:1-20:fin : Yom Kippour et les unions illicites- Les lois de sainteté

Et l’Eternel parla à Moshé, après la mort, a’haré mot, אַחֲרֵי מוֹת

des deux fils d’Aaron, lorsque, s’étant approchés de l’Eternel, ils moururent… Lévitique 16:1

Cette Paracha regroupe les lois concernant le Jour de Yom Kippour et celle sur les unions illicites. Gardons à l’esprit les enseignements des précédentes Parachiot avec les rapports entre la vie et la mort, la sainteté nécessaire pour comparaître devant le Créateur. Parce qu’ils avaient amené un feu étranger, les fils d’Aaron furent consumés sur le champ. L’Eternel indique alors à Aaron, les impératifs pour entrer dans Sa présence, dans le Kodech Hakodachim, le Saint des Saints. Nous avons vu plus tôt que Nadav et Avihou n’avaient pas respecté le commandement de prendre les charbons de l’autel des sacrifices pour faire fumer l’encens. Ils avaient apporté un feu étranger. Or ce commandement exprimait l’image du sacrifice de nos passions charnelles consumées sur l’autel extérieur des sacrifices. C’est ce feu qui doit alimenter l’autel des parfums d’où l’expression de notre sanctification montera alors comme un parfum de bonne odeur devant le Trône de miséricorde. Cette idée est une fois de plus renforcée par l’utilisation des mots « voile » et « propitiatoire » identiques dans la composition de leurs lettres :

Et l’Eternel dit à Moshé, Dis à Aaron, ton frère, qu’il n’entre pas en tout temps dans le lieu saint, au dedans du voile, paro’hetפָּרֹכֶת devant le propitiatoire, kaporet, כַּפֹּרֶת qui est sur l’arche, afin qu’il ne meure pas ; car j’apparais dans la nuée sur le propitiatoire. Lévitique 16:2

La racine du mot voile signifie « être brisé, en morceaux » et la racine du mot propitiatoire, « expier, pardonner ». Seul le chemin d’une véritable téchouva nous ouvre la porte de la miséricorde divine !

Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. O Dieu ! Tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié. Psaumes 51:17

Puis vient la loi concernant le bouc émissaire. Cette loi est encore une hoq, une loi irrationnelle. Deux boucs devaient être choisis. Le sort était jeté sur les boucs et l’un des deux était consacré en sacrifice d’expiation à l’Eternel. Le second, chargé des péchés du peuple, était envoyé à Azazel. Le choix est binaire et ne supporte aucun compromis :

Le chemin du Sanctuaire ou celui du désert et de la mort !

 Les deux boucs étaient identiques en âge, couleur et poids.

Et Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et confessera sur lui toutes les iniquités, avonotamעֲו‍ֹנֹתָםdes fils d’Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés ; il les mettra sur la tête du bouc, et l’enverra au désert par un homme qui se tiendra prêt pour cela ; et le bouc saïr שָּׂעִירportera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée; et l’homme laissera aller le bouc dans le désert. Lévitique 16:21-22

Les notions de jumeaux, et de boucs nous rappellent singulièrement l’histoire de Yaakov et Esav. Frères jumeaux, mais pourtant foncièrement opposés. L’un disposé pour la vocation spirituelle et l’appel divin, et l’autre pour la convoitise de la chair. Tout d’abord, le nom bouc en hébreu, saïr, שָּׂעִירfait référence à Esav : Et Yaakov dit à Rivka, sa mère, Voici,Esav, mon frère, est un homme velu, saïr, שָׂעִר et moi je suis un homme sans poil. Genèse 27:11 Le mot saïr signifie également « démon » comme dans Lévitique 17:7:

Et ils ne sacrifieront plus leurs sacrifices aux démons, séirimשְּׂעִירִםaprès lesquels ils se prostituent. Ceci sera pour eux un statut perpétuel, en leurs générations.

Dans notre verset cité plus haut, le terme « iniquité » avonotam, עֲו‍ֹנֹתָם peut-être coupé en deux parties, avono עונת et tam תםquisignifient respectivement « iniquités » et « innocent, entier ». Or le terme de tam  est employé pour décrire Yaakov en Genèse 25 :27[1] :

Et les enfants grandirent, et Esav était un homme habile à la chasse, un homme des champs ; et Yaakov était un homme simple, tam תָּם, qui habitait les tentes.

Le mot Azazel, d’après Rabbi Eliezer Haggadol, désigne les démons du désert et Ibn Ezra relie ce verset à celui de Lévitique 17:7 cité plus haut où il est justement question de sacrifices offerts aux démons. La loi du bouc émissaire image le combat que nous devons mener contre notre yetser hara mais aussi le combat ancestral entre l’idéal juif et celui du monde. Les lois suivantes sur l’immoralité nous enseignent quelles sont les unions interdites, et l’inceste est considéré comme une violation des lois de conservation des espèces de Genèse 1 :12, 21,25 ; 6 :20 ; 7 :14, la mère, la sœur, la tante devant rester des mères, sœurs, et tantes, et non pas devenir les épouses d’un membre de même parenté. Le critère de sainteté devient le thème principal de la Paracha suivante.

Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël, et dis–leur, Vous serez saints, qedochim, קְדֹשִׁים car moi, l’Eternel votre Dieu, je suis saint, qadoch קָדוֹשׁLévitique 19:2

Il est mis en relation avec l’amour de son prochain :

Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis HaShem !  Lévitique 19:18

וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ אֲנִי יְהוָה

 Le terme de Kadoch signifie d’après une interprétation de Rachi : Soyez séparés des unions interdites et du péché. Car tout endroit de la Thora où tu trouves une restriction à propos de l’immoralité, tu trouves la Sainteté : Lévitique 21:7 ; 21:15 ; 21:6.  Notre objectif doit être la sainteté divine qui est caractérisée d’une façon parfaite et vers laquelle nous tendons : le mot kadoch, קָדוֹשׁ,utilisé pour D.ieu comporte une lettre de plus que celui employé pour les hommes : le vav : ו  קְדשִׁים. C’est à D.ieu qu’appartient la Sainteté absolue. Les divers commandements de la Paracha sont également à mettre en parallèle avec les Dix commandements (Exode 20 : 2-17).[2]  Première  Mitsva (commandement) : JE SUIS HACHEM TON DIEU Je suis HaShem votre Dieu (19:3) Deuxième  Mitsva : TU N’AURAS PAS D’AUTRES DIEUX Ne vous fabriquerez pas des dieux en métal (19:4) Troisième  Mitsva : TU NE PRONONCERAS PAS LE NOM DE TON DIEU EN VAIN Tu ne jureras pas par Mon Nom en mentant (19:12) Quatrième  Mitsva : SOUVIENS-TOI DU JOUR DE CHABBAT Observez mes Shabbats (19:3) Cinquième  Mitsva : HONORE TON PERE ET TA MERE Vous craindrez chacun son père et sa mère (19:3) Sixième  Mitsva : TU NE TUERAS PAS Tu ne t’élèveras pas contre la vie de ton prochain. (19:16) Septième  Mitsva : TU NE COMETTRAS PAS D’ADULTÈRE …l’homme et la femme adultères seront certainement mis à mort (20:10) Huitième mitsva : TU NE VOLERAS PAS Vous ne volerez pas… (19:11) Neuvième mitsva : TU NE PORTERAS PAS DE FAUX TEMOIGNAGE CONTRE TON PROCHAIN Tu n’iras point ça et là médisant parmi ton peuple (19:16) Dixième mitsva : TU NE CONVOITERAS PAS Mais tu aimeras ton prochain comme toi–même (19:18) L’obéissance passe par la circoncision du cœur, comme nous l’enseigne le commandement sur les fruits in-circoncis qu’il est interdit de consommer avant la quatrième année, à Jérusalem :

Et quand vous serez entrés dans le pays, et que vous y aurez planté toute sorte d’arbres dont on mange, vous en regardez le fruit comme incirconcis, (mot qui vient de orla, ערלה); il sera incirconcis pour vous pendant trois ans, on n’en mangera point. Et la quatrième année tout leur fruit sera une chose sainte à la louange de l’Eternel. Et la cinquième année vous mangerez leur fruit, afin qu’ils vous multiplient leur rapport. Moi, je suis l’Eternel, votre Dieu. Lévitique 19:23-25

La Tradition nous donne un enseignement très précis sur ce commandement concernant l’incirconcision et la sanctification[3]. Le mot orla, désigne le prépuce et s’emploie pour désigner l’incirconcision. Trois membres de notre corps ont besoin d’être circoncis : Le cœur, l’oreille et nos lèvres :

Circoncisez, arlat  עָרְלַת, donc votre coeur, et ne roidissez plus votre cou ; Deutéronome 10:16

A qui parlerai–je, et qui avertirai–je, pour qu’ils entendent ? Voici, leur oreille est incirconcise, arla   עֲרֵלָה et ils ne peuvent prêter attention ; voici, la parole de l’Eternel est en opprobre parmi eux, ils n’y trouvent point de plaisir. Jérémie 6:10

EtMoshé parla devant l’Eternel, en disant, Voici, les fils d’Israël ne m’ont point écouté ; et comment le Pharaon m’écoutera–t–il, moi qui suis incirconcis, aralעֲרַל de lèvres ? Exode 6:12

 L’acte de circoncision s’effectue en deux opérations, la première est la milah, qui consiste à couper le prépuce, et la seconde est la priah qui consiste à ôter la membrane translucide, presque invisible, qui recouvre la peau. La milah représente le péché évident et visible et la priah celui qui est caché dans les profondeurs du cœur. La milah, image des trois couches primaires d’impureté, est assimilée aux trois années pendant lesquelles le fuit est défendu. Ce n’est qu’au bout de ces trois ans, stade premier de la sanctification, que le fruit peut être amené à Jérusalem pour être consommé devant l’Eternel. Cette quatrième année correspond à l’acte de priah, et c’est un temps de purification interne, où les profondeurs du cœur sont sondées sous les yeux de l’Eternel, « à Jérusalem ». Cette quatrième année, le fruit est permis mais n’a pas encore atteint le stade de sainteté, il est encore soumis à vérification avant de pouvoir être ce fruit qui va être béni, va bénir et porter à son tour du fruit. La  circoncision du cœur, des oreilles et de la langue s’effectue sur le modèle des deux étapes du processus de circoncision pour arriver au stade final de la sainteté et de la reconnaissance. Le cœur, est tout d’abord purifié de toutes pensées impures manifestes : adultère, colère, haine, mauvaises pensées…C’est le premier stade de milah. Puis, les motivations profondes sont examinées, les pensées du cœur dévoilées. Nous prenons conscience qu’une téchouva est nécessaire : c’est le stade de la priah. Même processus pour les oreilles et la langue : nous devons progresser en fermant nos oreilles aux propos interdits et maîtriser notre langue.

La mort et la vie sont au pouvoir de la langue, et celui qui l’aime mangera de son fruit. Proverbes 18:21

C’est alors que nous pourrons consommer le fruit de la cinquième année, un fruit résultant d’une profonde transformation intérieure nous permettant d’être attentifs aux besoins de l’autre, un fruit d’amour. Orah Sofer, Guide touristique licenciée Guide certifiée à Ir David et Guide certifié à L’Institut du Temple   (972) 054-207313   www.visiterisrael.com


[1] Béreishit rabba 65:15
[2] Le Midrash Raconte, Vayikra Rabbi Moshé Weissman
[3] Rabbi Yitzhak Ginsburgh

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