Selon le Natsiv, nous rencontrons l’une de ces manifestations à l’époque du Second Temple : au sommet de la population judéenne se trouvaient des personnages pieux et saints qui révéraient tous la Torah, nonobstant leur apparence voila qu’ils n’étaient pas toujours irréprochables dans leurs rapports avec autrui.
En conséquence la situation se dégrada et les entraîna à une haine gratuite, où la défiance était de mise, et suffisamment bien organisée pour opprimer ceux dont la conduite «religieuse» divergeait de leur diktat.

L’inquisition et l’accusation allaient bon train, on les affublait d’étiquettes diffamatrices, Sadducéens, Epicuriens, c’est à dire rebelles à la Loi. Cette déficience à pouvoir recevoir autrui tel qu’il existe avec sa spécificité propre, les a inéluctablement guidés vers la haine gratuite. Nul doute qu’une telle aversion puisse être la cause d’autres déviationnismes comme le crime, une totale déchéance qui fournira toutes les bonnes raisons de détruire le Temple et le Royaume.
Ce comportement et lui seul a légitimé le Décret divin d’achever ces gens dont l’habit ne faisait pas le saint.

La perception du juste n’est pas séparable de l’appréciation du vocable: bien/mal, donc d’une expression appartenant à la morale. Le concept du devoir-être est conséquent d’une sagesse qui s’ancre dans l’a priori moral, nous déterminons du juste ou de l’injuste essentiellement en établissant par avance un devoir-être et en reliant le devoir-être au sujet garant de son histoire. Si la démarche engagée coïncide avec le devoir-être, nous parlerons de droiture du mouvement, si elle souffre d’une omission à l’égard de celui ci nous serons obligés de la considérer en termes d’irresponsabilité, si elle tend à s’opposer à ce qui est essentiellement morale, nous ne tergiverserons pas pour exprimer la faute.
Si l’expérience morale est conscience absolue, elle est ainsi une sensibilité éthique, ce qui veut dire qu’avant toutes les morales, il y a la perception des sens. Toute morale authentique provient nécessairement de la compassion or celle ci n’est rien d‘autre que la devise de l’amour :
L’amour ne compte pas, il partage et l’offrande de son amour est en soi absolue.
Seul l’amour se complet lui-même en deçà de toute logique.
La perception de l’amour seule peut accorder l’apologie finale au devoir tout en ne blessant pas la sensibilité de celui qui l’effectue.
Dans l’ardeur de l’amour, le devoir oublie son aspect honteux.
Seul l’amour redonne au devoir son autonomie car il résulte alors de l’allégresse primaire de celui qui donne.
L’amour est une propension à estimer plus encore ce qui demeure à la base d’une conduite prolifique. Incontestablement les actions se hissent à partir du palier de la nécessité et elles sont le moyen d’exaucer nos besoins tout comme il est indispensable qu’elles retrouvent le bonheur. Mais la conduite suprême est conçue sur la genèse du don, on ne peut octroyer que ce que l’on possède, le cœur réclamerait d’être béant afin de pouvoir offrir.
L’amour peut concerner un être imparfait mais apte à devenir plus exemplaire avec le temps, point de cruauté chez lui pour blâmer les hommes  devant une exigence morale qu’ils ne pourraient  parvenir à satisfaire.
L’amour va au-delà des faiblesses et des vices et il peut accomplir ce miracle de dépasser l’égocentrisme.

La droiture de l’acte engage nos penchants à réaliser les choix les plus éminents, les choix par lesquels l’homme sera suffisamment compétent pour démontrer l’excellence de ce qu’il est.
Bien sûr, rien à voir avec le désir de puissance et d’assujettissement à l’égard de son propre genre et à l’égard de la création. L’excellence de l’homme se révèle dans le caractère d’une conscience plus digne et l’excellence engage à une modification des pratiques ne réduisant pas la vie, mais l’intensifiant et l’exaltant.
Cela suffit d’appréhender le concept de l’action dans des formules univoques de rationalité instrumentale et de soumettre nos menées et nos desseins à la seule valeur d’une économie de marché.

Il reste tout de même qu’au fond de nous l’être éthique est omniprésent, il aspire d’abord à une transparence totale, à un bien idéal, à un amour et un don de soi infini. L’être éthique est mû par un espoir dominant, au sein d’un cœur prêt à engendrer encore et toujours plus de volonté à la perfectibilité, un appel à la conscience de la personne. La réalisation la plus remarquable de l’éthique c’est la modification intime de la volonté, celle ci devenant parfaitement lucide d’elle-même, et offrant au champ de l’expérience morale l’accès à une réelle connaissance des relations humaines.

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