PARASHAT TAZRIA 2019 – Chabbat du 6 avril 2019 Allumage : 18 h 33 – 19 h 41

L’ACCOUCHEMENT POINT DE DEPART DE LA VIE : Cette parasha fait partie de ces parashiot qui sont couplées selon les années.

Ces deux sidrot traitent de sujets divers cependant, le thème central en est la pureté et l’impureté.

Dès les premiers mots de la parasha on évoque le cas de la femme qui vient d’accoucher et sont énoncées les différentes périodes pendant lesquelles selon qu’elle ait mis au monde un garçon ou une fille.

Avant d’entrer dans le vif du sujet je voudrais faire une remarque : la semaine passée nous avons étudié la parasha shemini au cours de laquelle nous avons lu la liste des animaux consommables et ceux qui nous sont interdits à la consommation, ceux qui sont « purs » et les « impurs ».   Pourquoi alors à présent, la Torah va-t-elle traiter de l’être humain et de la pureté ou de « l’impureté » de l’homme/femme ? Rashi attire notre attention sur le fait que le monde a été créé selon un certain ordre et que cet ordre se maintient encore et toujours. Ainsi, l’homme a été créé après les animaux et donc, en toute logique, après avoir énuméré les animaux purs et impurs, cette sidra traite de l’homme et/ou de la femme qui deviendrait pur et/ou impur – encore que cette terminologie assez inexacte soit celle qui convienne le mieux en français pour désigner ce stade physiologique dans lequel se retrouve la femme régulièrement.

Dans le Talmud, à propos du terme « impur » il est dit de cet état d’impureté qu’il  se propage comme un virus et c’est la raison pour laquelle il convient de s’isoler.

La péricope commence par les mots : « ……lorsqu’une femme, ayant conçu, enfantera un garçon, elle sera impure durant sept jours »…. (Vayikra Lévitique XII, 2).  La femme se retrouve dans le même état d’impureté que lorsqu’elle reçoit ses menstrues. Quel est donc ce statut et que signifie-t-il ?

Il est sans doute souhaitable de rappeler la raison physiologique pour laquelle la femme ressent cet écoulement menstruel et mensuel.

Que se passe-t-il lors des menstrues ? L’utérus est tapissé d’une sorte de muqueuse qui met l’appareil génital en état de recevoir un ovule qui aura été fécondé par un spermatozoïde et qui donneront naissance à ,la première cellule d’un futur être vivant. Lorsqu’une femme reçoit ses règles, cela signifie qu’elle n’a pas été fécondée. Si elle l’avait été, elle aurait été enceinte et donc prête à donner la vie en temps voulu. S’il n’y a pas eu fécondation cela revient à dire en d’autres termes que ce sang est signe d’un manque de vie et c’est cela qui est impur ! Pendant les « shevanekiim », l’organisme va  se préparer à  nouveau à pouvoir procréer. Pourquoi donc ce sang est-il considéré comme impur ? C’est parce qu’il est synonyme de mort.

Qu’est-ce qui distingue un être vivant d’un mort c’est la neshama (âme) : lorsque l’homme est animé (du latin anima = âme) il est vivant (חי )alors que lorsque l’âme rejoint les sphères supérieures, l’homme est mort ( מת). L’homme n’est « pur » que lorsqu’il est vivant et dès que son âme le quitte, il devient « impur », son corps est impur.

La mitsva de nidda sera détaillée plus loin dans Vayikra (lévitique).

Pourquoi le sang perdu lors de l’accouchement est-il nidda puisque la femme a donné la vie ? C’est parce qu’ici encore il y a eu une séparation ou élimination voire liquidation d’un certain processus : en effet, dans la guemara, Rabbi Ishmaël enseigne que 40 jours après la conception, l’embryon devient fœtus c’est-à-dire qu’il commence à s’alimenter via un processus biologique qui va le faire respirer et s’alimenter à travers sa maman et il vivra de cette façon 9 mois durant. Au terme de cette période il viendra au monde pour y vivre sa vie d’homme ou de femme mais, toutes ces dispositions dont il a bénéficié ces 9 mois durant, seront éliminées   par l’accouchement même. Ce changement de situation, cette « cessation »  ou transformation, et ce passage d’un stade à un autre, marquent la fin d’une période et le début d’une autre ou,  la fin de la vie in-utero.   Et, si le nouveau-né a gagné la vie, la mère, en revanche,  a perdu cet être qui vivait en elle, ce qui est non seulement pour elle une douleur physique mais encore une souffrance morale. Ce sang de souffrance est impur alors que les lochies, elles, sont un sang d’une autre catégorie que certains possekim ne qualifient pas d’impur.  Et, cette période qui succède à ces jours d’impureté n’est autre qu’une période de convalescence où la mère va se reconstruire.

A l’issue de cette période d’isolement, l’accouchée présentera un sacrifice de hatat. Ce nom vient du mot hèth ou faute. Quelle est donc la raison qui va entraîner l’obligation du korban hatat ?

La parasha commence par le cas d’une femme qui vient d’accoucher et le texte détaille la période pendant laquelle la femme sera isolée et au terme de laquelle période elle devra présenter un sacrifice de hatat. Les Sages se posent la question : pourquoi une accouchée doit-elle présenter un korban hatat ? A-t-elle commis une faute et si oui laquelle ? En fait, de la même façon que chaque veille de shabbat la femme doit allumer des lumières pour racheter une partie de la faute d’Eve (lors du péché commis par Eve, une partie de la lumière du monde s’est éteinte, et, depuis, chaque femme tente de rendre au monde une partie de cette lumière disparue par l’allumage traditionnel des bougies de shabbat) après chaque accouchement, chaque accouchée doit présenter un hattat pour contribuer au rachat de la faute originelle………….. Le texte énonce : ואישה כי תזריע ותלד בן…..  le sens est contenu dans le terme תזריע  qui comporte le mot זרע  graine, semence ce qui signifie qu’ici l’acte est proposé à l’inverse de la faute originelle où Eve avait entraîné Adam avec elle dans la faute ici, l’homme fidèle à la mitsva que D a donnée à l’homme à savoir : se multiplier, propose à la femme l’acte de reproduction au moyen de la semence זרע et lorsque la femme reçoit cette semence, elle participe activement à la reproduction  c’est pourquoi, après la naissance de l’enfant elle doit présenter le korbanhattat en tant qu’instigatrice de la faute originelle.

Caroline Elishéva REBOUH

 

 

 

 

 

 

 

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