Université Bar-Ilan (Israël) : kit de diagnostic rapide du coronavirus et recherche d’un investisseur

Le Prof. Jonathan Gershoni de l’École de biologie cellulaire moléculaire et de biotechnologie de la Faculté des sciences de la vie de l’Université de Tel-Aviv a reçu l’approbation du Bureau américain des brevets pour la conception d’un vaccin innovant contre les virus de la famille du corona. Ciblant le « talon d’Achille du virus », la zone de liaison de son enveloppe avec la cellule humaine qu’il cherche à pénétrer, la plate-forme immunitaire développée servira de base à un nouveau vaccin qui pourrait être prêt à l’emploi d’ici un an à un an et demi.

Jonathan Gershoni« J’étudie les interactions entre les virus et leurs récepteurs dans les cellules humaines depuis plus de 35 ans », explique le Prof. Gershoni. « En 2004, à la fin de l’épidémie du SRAS, nous avons commencé à explorer le virus qui le causait, et par la suite nous en avons fait de même avec le virus MERS, tous deux de la famille des coronavirus. Sur la base de ces recherches, nous avons développé une méthode immunitaire extrêmement efficace, et avons même déposé un brevet. Le nouveau coronavirus, SARS CoV2, qui provoque le COVID-19 nous a trouvé prêts, et nous pourrons rapidement adapter notre approche pour le développement d’un vaccin innovant et efficace ».

Cibler la zone la plus vulnérable du virus

La nouveauté de la méthode développée par le Prof. Gershoni réside dans sa capacité à cibler la réponse immunitaire sur la zone la plus sensible et la plus vulnérable du virus. « Le principe d’action des vaccins est, en règle générale, de faire en sorte que le système immunitaire développe des anticorps qui détectent le virus ou une partie de celui-ci et se lient à lui. De cette manière, l’anticorps bloque le virus et l’empêche de se fixer aux cellules et de les infecter », explique-t-il, « Aujourd’hui, les chercheurs du monde entier cherchent à développer un vaccin contre le corona, en se concentrant sur la protéine de l’enveloppe du virus, dont le rôle est de préparer la voie à son infiltration dans les cellules humaines. L’hypothèse est que les anticorps produits par l’organisme en réponse au vaccin se lieront à la protéine de l’enveloppe du virus et le neutraliseront. Le vaccin que nous développons procure au système immunitaire une cible plus précise ce qui augmente son efficacité ».

Jonathan Gershoni IDComme il l’explique, l’enveloppe du virus est constituée entre autres par une grosse protéine, contenant environ 1 200 acides aminés, qui sert de cible dans la plupart des études. Certains chercheurs ont réduit leur cible à une zone plus petite de la protéine, contenant environ 650 acides aminés, appelée S1, et d’autres encore sont parvenu à restreindre la cible à une zone d’environ 200 acides aminés appelée RBD (domaine de liaison du récepteur – Receptor Binding Domain). Le problème est que ces zones relativement larges comprennent elles-mêmes une variété de cibles, et le système immunitaire produit des anticorps pour toutes sans distinction, ce qui réduit l’efficacité du vaccin. De plus, lors des essais menés avec les virus du SRAS et du MERS, on a constaté que lorsque la zone cible par les anticorps est trop grande, le virus développe des stratégies intelligentes qui lui permettent de leur échapper et même d’aggraver la maladie ».

« Par conséquent, plus nous réduirons l’objectif et ciblerons l’attaque, plus l’efficacité du vaccin sera grande », explique le Prof. Gershoni. « Or le RBD, ‘porte d’entrée’ du virus dans la membrane cellulaire, contient une zone encore plus petite d’environ 50 acides aminés, appelée ‘motif de liaison du récepteur’ (RBM – Receptor Binding Motif), qui est l’endroit exact de la membrane du virus qui identifie le récepteur sur la cellule humaine et se lie à lui pour la pénétrer et l’infecter. Le RBM est donc le point faible du virus, sans lequel la contamination ne se produit pas, et donc le virus fait tous les efforts possibles pour le dissimuler au système immunitaire humain. La meilleure façon de ‘gagner’ cette guerre contre le virus est donc de développer un vaccin qui cible spécifiquement le RBM ».

Eliminer la menace du corona dans le monde entier

Dans des études antérieures sur les virus du SRAS et du MERS, le Prof. Gershoni et son équipe ont réussi à surmonter des défis techniques complexes pour isoler et reconstituer la zone RBM du virus, étape essentielle dans le développement du vaccin. A présent, ils sont en train d’adapter cette technologie au nouveau coronavirus SARS CoV2, qui cause la maladie du covid19, c’est-à-dire de reconstituer le RBM du covid19 pour l’utiliser dans le nouveau vaccin. La société de transfert de technologie de l’université, Ramot, a déjà déposé une demande de brevet supplémentaire aux États-Unis pour ce nouveau développement, qui est actuellement en cours d’examen.

« En 15 ans de recherche, nous avons construit une base solide pour développer un vaccin pour le coronavirus actuel, basé sur notre expérience du développement d’un RBM reconstitué pour les virus du SRAS et du MERS », conclut le Prof. Gershoni. « Par la suite, nous avons l’intention de transférer la technologie à l’industrie, par l’intermédiaire de Ramot, pour permettre le développement et la production de masse d’un vaccin qui éliminera la menace du corona dans le monde entier. Le développement d’un tel vaccin devrait se faire en quelque mois, mais il devra ensuite faire l’objet de différents essais cliniques qui prendront environ une période supplémentaire, ce qui nous amène à un nouveau vaccin qui pourrait être prêt à l’emploi d’ici un an à un an et demi».

Photo: Le Prof. Jonathan Gershoni (Crédit: Université de Tel-Aviv).

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