Riyad Mansour, un observateur permanent pour la Palestine auprès de l’ONU, a prédit qu' »un évènement historique » aura lieu jeudi 29 novembre 2012, alors qu’une majorité de pays membres des Nations unies devraient approuver une résolution reconnaissant l’existence de l’État palestinien.

Riyad Mansour a salué la France et d’autres pays européens, qui ont annoncé mardi 27 novembre qu’ils soutiendraient une résolution pour que soit accordé à la Palestine le statut d’État non membre. Selon cet observateur, les Palestiniens sont convaincus que cette résolution ouvrira la voie à de sérieuses négociations de paix avec Israël. Il a exhorté les pays qui souhaitent voir Israël et la Palestine vivre côte à côte en paix, à approuver cette résolution. Le projet de résolution, qui sera discuté jeudi devant les 193 membres de l’Assemblée générale, devrait obtenir la majorité simple requise.

« Jeudi ou vendredi prochains, quand la question sera posée, la France répondra oui« , a déclaré mardi 27 novembre Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française. « Ce vote, nous allons le faire avec cohérence et lucidité. Vous savez que depuis des années et des années, la position constante de la France a été de reconnaître l’État palestinien. C’est la raison pour laquelle jeudi ou vendredi prochain, quand la question sera posée, la France répondra « oui » par souci de cohérence« , a déclaré Laurent Fabius devant l’Assemblée nationale française, lors de la séance des questions au gouvernement. Il a rappelé à cet égard que la reconnaissance d’un État palestinien constituait la « position constante de la France » sur ce dossier et figurait parmi les engagements de campagne de François Hollande. Il a cependant appelé la représentation nationale à la prudence, notant que ce vote interviendrait à « un moment très délicat, à la fois parce que le cessez-le-feu est extrêmement fragile, parce qu’il y a des élections israéliennes, parce qu’il y a un changement dans la composition de l’administration américaine« .

Pour Paris, l’option du oui n’allait pas de soi, explique le Figaro. À l’Élysée, on ne cachait pas que le moment choisi par les Palestiniens était «inopportun», à l’approche des élections israéliennes du 22 janvier prochain. La France, comme d’autres pays européens, a multiplié les démarches auprès de Mahmoud Abbas, en vain, pour différer ce vote.

Côté français, on mettait surtout en garde contre les conséquences d’une telle initiative. Ainsi, côté français, Paris s’est attaché à ce que le projet de résolution, en circulation à New York depuis le début de novembre, souligne expressément «le besoin urgent d’une reprise et d’une accélération du processus de paix». Autre impératif, éviter que les Palestiniens n’uti­lisent leur statut renforcé pour actionner divers mécanismes, tel un recours à la Cour pénale internationale, pour incriminer Israël. Des discussions ont eu lieu autour de la mention du «système des Nations unies», c’est-à-dire la possibilité pour les Palestiniens d’intégrer les diverses agences de l’Organisation et surtout de bénéficier de ses leviers juridiques. Toutefois, ainsi que le souligne un expert, «il était difficilement envisageable pour les Palestiniens de restreindre des préroga­tives qui étaient précisément l’objectif de leur démarche». D’autres conséquences ont également été mises en avant, comme les représailles américaines. Washington est tenu par le Congrès de ne pas financer des organismes où siègent les Palestiniens. Les États-Unis ont ainsi privé l’UNESCO de 22 % de son budget après l’admission de la Palestine comme État membre (approuvée par la France), l’an dernier.

Engagement n° 59 de Hollande

François Hollande avait manifestement ces craintes à l’esprit en recevant Benyamin Nétanyahou à l’Élysée, le 1er novembre dernier. Le chef de l’État avait surpris, prenant apparemment ses distances avec la démarche palestinienne, en déclarant préférer «les négociations aux déclarations». Certes, le candidat socialiste devenu président a pris explicitement parti pour l’État palestinien (son engagement no 59). Mais ses hésitations ont aussi puisé dans la vieille tradition de proximité entre le PS et l’État hébreu. Ne pas «braquer» Israël, «bien peser les risques et les gains» d’un vote qui «risque de handicaper un État palestinien ne bénéficiant ni du soutien américain, ni d’une reprise des négociations de paix», s’interrogeait-on dans l’entourage du chef de l’État.

Sauver Mahmoud Abbas

D’autres considérations ont finalement prévalu. D’abord la «cohérence» (dixit Laurent Fabius) du soutien à la démarche palestinienne, une fois celle-ci confirmée. Les cartes d’une diplomatie fran­çaise très enracinée dans le camp arabe ont été rebattues par le vent des révolutions qui a soufflé de Tunis au Caire. En 2011, Nicolas Sarkozy, proche d’Israël, a appuyé la Palestine à l’UNESCO et préconisé à Mahmoud Abbas un «plan B», – passer par l’Assemblée générale de l’ONU, la voie du Conseil de sécurité étant obstruée par le veto américain. Un an plus tard, il aurait été difficile de ne pas accorder un message de soutien à Abbas, plus affaibli que jamais, et aux Palestiniens modérés, au moment où le Hamas, fort de sa dernière confrontation avec Israël, tient le haut du pavé à Gaza. L’opinion publique a pu jouer également, sur cette thématique pro-orientale ultrasensible. Selon un récent sondage de l’ONG Avaaz, 78 % des Français estiment que les Palestiniens ont droit à leur État. Plusieurs pétitions de parlementaires et de personnalités de gauche sont parvenues ces jours-ci à l’Élysée. En revanche, pour un représentant de la communauté juive, «ce vote ne changera rien, sinon créer des attentes palestiniennes qui vont forcément être déçues».

Affirmant avoir échangé lundi 26 novembre au téléphone avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Laurent Fabius a ajouté que « c’est seulement par la négociation, que nous demandons sans condition et immédiate entre les deux parties, qu’on pourra aboutir à la concrétisation d’un État palestinien« .

Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré de son côté samedi 24 novembre que « l’élévation de la Palestine au statut d’État non membre des Nations unies est la dernière chance pour la paix ». « Les Palestiniens sont prêts à retourner à la table des négociations dès qu’ils obtiennent un tel statut à l’ONU », a dit M. Abbas lors d’une rencontre avec un groupe d’étudiants dans son quartier général à Ramallah. « C’est peut-être la dernière chance pour faire la paix au Moyen-Orient », a-t-il affirmé.

La France, comme dix autres pays européens, avait voté pour que la Palestine devienne membre de l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, dont le siège se trouve à Paris, rappelle European Jewish Press. Israël de son côté a parlé de « violation » des accords d’Oslo qui prévoyaient de soumettre toute question à des négociations directes, et les États-Unis ont menacé de couper l’aide à l’Autorité palestinienne, de l’ordre de 450 millions de dollars par an. L’Autorité palestinienne n’était pas parvenue en 2011 à obtenir de la part du Conseil de sécurité de l’ONU une reconnaissance pleine et entière d’un État palestinien, en raison notamment du véto des États-Unis.

Selon un diplomate européen en poste à l’ONU, la volonté européenne de ne pas affaiblir davantage Mahmoud Abbas après le conflit à Gaza pourrait amener d’autres pays de l’UE à suivre l’exemple de la France, notamment la Grande-Bretagne.

Ces derniers jours, l’Autorité palestinienne aurait pris deux engagements pour obtenir le vote de la France : ne plus faire du gel des implantations un préalable à la reprise des négociations avec Israël et renoncer provisoirement à l’un des privilèges de ce nouveau statut : la saisine de la Cour pénale internationale pour y poursuivre Israël.

Selon le quotidien Financial Times, le gouvernement britannique chercherait à obtenir des assurances similaires auprès de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas avant de voter en faveur du nouveau statut.

L’Union européenne n’a jusqu’à présent pas décidé d’une position commune sur la demande palestinienne, mais selon une source diplomatique les États-Unis travailleraient activement à tenter de convaincre plusieurs capitales dans le monde à ne pas voter en faveur d’une résolution. « Les Européens cherchent toujours à trouver un consensus sur la question », dit-on de même source.

Autre pays clé de l’Union européenne, l’Allemagne a fait savoir de son côté qu’elle s’opposerait à la demande palestinienne.

Enfin, le Premier ministre australien, Julia Gillard, a été obligé de se rétracter alors qu’elle s’opposait à la demande de l’Autorité palestinienne d’amélioration de son statut à l’ONU, après que les membres de son cabinet l’ont empêchée de publier une déclaration. Craignant pour sa position au sein de son parti, elle a décidé que l’Australie s’abstiendra lors du vote prévu jeudi à l’Assemblée générale de l’ONU.

http://www.crif.org

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