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Après plus de quatre ans de forage, les premiers litres de gaz naturel liquéfié produits par Israël, provenant du champ gazier de Tamar, situé à environ 90 km à l’ouest de Haïfa, ont commencé à couler ces jours-ci.

Pour l’économie et la société israélienne, c’est un tournant majeur puisque l’exploitation de ce gisement fournira une indépendance énergétique à l’État hébreu pendant au moins 20 ans.

Ainsi, le gaz israélien permettra de produire une électricité moins chère et moins polluante que l’actuelle, à partir de fioul importé. Cette petite révolution permettra aussi d’augmenter la compétitivité des industries nationales et surtout d’améliorer les recettes de l’État, au fur et à mesure que les redevances sur le gaz commenceront à être perçues. Si la tradition de baisse des impôts quand l’économie va bien est respectée, les citoyens israéliens devraient aussi bénéficier de cette nouvelle manne financière.

Néanmoins, le champ gazier de Tamar (280 milliards de mètres cubes de gaz et dont l’exploitation revient à trois sociétés israéliennes et une américaine, Noble Energy) ne commencera à remplir les caisses de l’État que modestement. Il faudra attendre l’exploitation en 2017 du gisement de Léviathan, beaucoup plus important (450 milliards de mètres cubes), pour voir les recettes fiscales décoller. À lui seul, ce dernier pourrait satisfaire la demande nationale jusqu’en 2030 au moins.

Mais cette aubaine énergétique sur le plan intérieur peut aussi très bien transformer Israël en un acteur régional important. Alors qu’en 2011 les livraisons de gaz d’Égypte à Israël avaient été brusquement interrompues (après un certain nombre d’attaques qui avaient endommagé les gazoducs du Sinaï) et que le Caire (conséquence de la révolution égyptienne) annula son contrat avec le gouvernement israélien, l’État hébreu pourrait supplanter demain son ancien fournisseur et devenir un exportateur de premier ordre dans la région.

La Jordanie, pauvre en ressources énergétiques et qui souhaite rester indépendante vis-à-vis du Qatar, constitue, par exemple, un client potentiel. D’autant plus que les attaques visant les gazoducs égyptiens ont déjà fait perdre plus de 2 milliards de dollars à Amman entre 2011 et 2012. D’autre part, un pays comme le Liban, serait bien inspiré d’opter pour le gaz israélien puisque la Syrie est plongée dans le chaos et que l’Irak, l’un de ses premiers fournisseurs, est confronté à des problèmes liés à ses propres besoins. Il en serait de même pour un éventuel État alaouite dans la région de Lattaquié, en cas d’éclatement de la Syrie…

À plus long terme, un surprenant renversement des rôles pourrait même avoir lieu : Israël pourrait très bien devenir l’un des fournisseurs en gaz de l’Égypte, dont les réserves et les infrastructures sont en déclin constant.

Enfin, Israël peut aussi décider d’accroître ses exportations vers l’Europe, peut-être via Chypre, qui a elle-même fait une découverte majeure en octobre 2011 et qui s’est grandement rapprochée de l’État hébreu ces derniers mois. Ou encore via la Turquie, avec qui les relations se sont apaisées sous la pression des États-Unis, qui préfèreraient que les deux États collaborent sur le transit du gaz israélien (le coût d’acheminement par les gazoducs terrestres turcs étant moindre que via d’éventuels gazoducs sous-marins chypriotes).

En définitive, quel que soit le choix d’Israël, et compte tenu de l’instabilité, des divisions et des tensions chroniques de la région, soit la ferveur contre l’État hébreu se développera, soit ses voisins les plus raisonnables rejoindront peu à peu son orbite économique pour le bien des populations mais aussi pour la paix dans la région.

*Roland LOMBARDI pour http://www.europe-israel.org
Doctorant à l’IREMAM, Aix-Marseille Université
Analyste chez JFC Conseil

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