Ce qui se déroule sous nos yeux et à nos portes, en Irak et en Afrique, est l’équivalent géopolitique de l’explosion de Tchernobyl ou de Fukushima. Des zones entières de la planète sont sur le point de se transformer en territoires voués à la destruction des Etats qui s’y inscrivent et la subjugation de leurs populations.

Car tel est l’objectif affiché de l’Etat Islamique autoproclamé dans le nord de l’Irak. Son chef, qualifié de Calife comme au bon vieux temps des conquêtes islamiques des VIIIe et IXe siècle de notre ère, vient de déclarer que son but était la mise au pas de tous les Etats de la région sous la règle unique du Coran tel qu’il le comprend: autrement dit ne faisant aucune part à l’idée de coexistence avec ce qui ne se courbe pas devant la bannière de Mahomet. C’est pourquoi il importe de nommer cet Etat non pas selon son appellation en langue française, autrement dit: « Etat Islamique en Irak et au Levant », soit EIIL, mais en anglais, soit ISIS: « Etat Islamique en Irak et en Syrie ». Pour commencer, avant que ne suivent les Emirats, la Jordanie, le Liban pour nous y limiter. D’autres Etats sont sur la liste, gagnés à cette cause ou sur le point de l’être: notamment la Libye et la Tunisie. Jusqu’à l’Europe où se configure un satellite de l’Etat Islamique puisque aux yeux du Calife et de sa clique l’Islam doit prévaloir partout où se tiennent des populations affiliées à la religion coranique, de Marseille à Amsterdam, de Roubaix à Sarajevo.

On comprendra donc qu’actuellement se joue rien de moins que la paix du monde car l’histoire du siècle dernier nous enseigne à quel point mettre un terme à des entreprises aussi insensées est difficile et le prix, humain et matériel, qu’il faut finalement consentir, faute d’avoir eu le courage de les neutraliser dès leur surgissement.

Dans cette situation l’Etat d’Israël une fois de plus se retrouve en première ligne et il faut avoir l’esprit bien bas pour prêter à ses dirigeants confrontés à une si vaste et si pressante menace des intentions politiciennes. Les unités armées du Calife Abou Bakr el Baghdadi exercent désormais leur contrôle sur une partie de la frontière jordanienne, à quelques encablures du territoire d’Israël. Les recherches jusqu’ici vaines pour retrouver les trois adolescents enlevés il y a deux semaines ont révélé à quel point les parties de la Cisjordanie sous contrôle présumé de l’Autorité palestinienne n’étaient plus que des annexes de Gaza qui est à sa manière un califat depuis que le Hamas y a pris le pouvoir. Sur le territoire d’Israël lui même, dans des localités comme Umm El Fahem des manifestations sont ostensiblement organisées en toute impunité par des militants du même Hamas soutenus par des parlementaires de nationalité formellement israélienne mais d’obédience islamiste et qui n’hésitent pas à faire l’apologie du kidnapping. Aucune autre loi que l’Islam n’a de portée à leurs yeux.

Le droit international connaît plusieurs sortes d’Etats, l’Etat classique, l’Etat artificiel, le pseudo-Etat et même l’Etat voyou. Face à la création d’un Etat pirate, tout autre Etat, membre de l’Organisation des Nations Unies et ayant adhéré à sa Charte, se trouve d’ores et déjà en état de légitime défense. A condition d’être déterminé à ne pas se laisser détruire, à l’image de la Syrie ou de l’Irak.

Pour le moment la diplomatie européenne, complètement décérébrée et qui fait penser à ces véhicules qui prennent l’autoroute à contre-sens, ne s’agite que pour appeler Israël à la « retenue ». Quant à Barak Obama c’est à Téhéran même qu’il espère trouver les raisons de continuer à ne pas assumer ses responsabilités.

Jusqu’à quand ?

                     Raphaël Draï, Radio J, 30 juin 2014.

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