C’est au début des années 30 que l’alya des Juifs d’Ethiopie commence, très sporadiquement, suite à des débats houleux concernant la judaïté de ses membres. Illégale au début, puis jouissant du soutien soudanais et d’une partie des leaders éthiopiens, cette alya a soulevé de nombreuses interrogations en Israël, particulièrement lorsque ce ne sont plus les Juifs qui émigraient en Israël mais ceux qu’on appelle les Falashmouras, convertis au christianisme.

Le nom traditionnel de la communauté juive d’Ethiopie est Béta Israel, une nomination qui date du 4e siècle, lorsque les membres de cette communauté ont refusé de se convertir au christianisme, la religion adoptée par le royaume d’Aksoum.

En Israël, le terme péjoratif de Falasha, qui signifie les exilés, a longtemps été utilisé, par erreur. Les premiers olim d’Ethiopie arrivent en Israel en 1934, en même temps que des olim du Yémen. A la création de l’Etat d’Israël, le gouvernement a envisagé de faire monter la communauté des Béta Israel mais a finalement choisi de renoncer, arguant un trop grand décalage culturel et le fait que la communauté était somme toute assez bien traitée.

Entre 1963 et 1977, un groupe de olim arrive en Israël clandestinement. Lorsqu’en 1973, leur nombre augmente drastiquement, le ministère de l’Intérieur expulse une partie d’entre eux, qualifiés de non-Juifs. Mais le rav Ovadia Yossef, qui se penche sur la question, tranche que les Béta Israel sont Juifs à pat entière et doivent donc être inclus dans la Loi du retour. Cette prise de position est mal acceptée par le ministre de l’Intérieur, Yossef Burg, et le ministre de l’Intégration, Chlomo Rozen, qui campent

sur leurs positions. En parallèle, malgré cette politique officielle, des tractations sont engagées officieusement avec l’Ethiopie pour envisager leur départ.

Il faudra attendre 1977 pour que le Loi du retour inclut la communauté juive d’Ethiopie. En l’absence de liens diplomatiques réels avec l’Ethiopie, c’est le Mossad qui, entre 1979 et 1983, prend contact avec des dirigeants soudanais. Le Soudan accepte que les Juifs d’Ethiopie qui le souhaitent et qui parviendraient à atteindre la frontière, soient considérés comme des réfugiés et

soient déplacés vers des camps jusqu’à leur départ pour Israël.

Entre le 22 novembre 1984 et le 5 janvier 1985 a lieu l’opération Moché, organisée suite aux conditions difficiles dans lesquelles vivent les réfugiés éthiopiens. 6 364 Juifs s’embarquent ainsi vers Israël mais l’opération prend fin lorsque le secret qui l’entoure est percé et qu’un journaliste en prend connaissance.

Quelques centaines de Juifs éthiopiens continuent de monter durant les années qui suivent, grâce à l’aide d’associations américaines et du gouvernement américain. Ce dernier obtient des insurgés éthiopiens, alors en guerre contre le gouvernement, un cessez-le-feu de 36 heures dans la capitale Adis Abeba, afin d’évacuer tous les Juifs qui s’y trouvent. Le 24 et 25 mai 1991, 16 avions de type Hercule, 23 Boeing d’El Al et un avion de la compagnie nationale éthiopienne, duquel tous les sièges ont été retirés, transfèrent 14 203 Juifs d’Ethiopie vers Israël !

En 2003, alors qu’il ne reste quasiment plus de Juifs en Ethiopie, le gouvernement israélien a décidé de faire monter les Falashmouras, ces Juifs d’Ethiopie qui ont quitté la religion juive pour se convertir au christianisme durant la seconde partie du 19e siècle. Depuis plusieurs milliers de Falashmouras ont émigré en Israël tandis que des milliers d’autres, se réclamant des Falashmouras, demandent également à monter.

Laly Derai pour Hamodia

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