Tou Bichvat signifie «15 (du mois) de chévat », il est qualifié de Nouvel An des arbres (Roch Hachana lailanot) qui correspond au moment de la montée de la sève dans l’arbre, avant le printemps.

*Le Talmud (traité Roch Hachana) parle de quatre Roch Hachana dans le calendrier juif. Si le 1er tichri, chaque être humain est jugé au regard des «fruits» de ses actions, le 15 chevat c’est sa nourriture originelle, le fruit de l’arbre, qui l’est. Une manière de souligner que la nature est placée sous le regard du Créateur (béni soit Son Nom).

*Tou Bichvat rappelle aussi le lien indéfectible de notre communauté avec la terre d’Israël, lieu de notre épanouissement spirituel et terre des promesses divines. A cette occasion nous mangeons toutes sortes de fruits et nous plantons des arbres, en récitant des louanges à l’Eternel.

Aspect historique

Bien que Tou Bichvat soit mentionné dans le Talmud, ce jour n’a pris son véritable caractère festif qu’au XVIe siècle avec les kabbalistes de Safed. Leur réflexion sur la Création du monde, les amenait à penser aux différents niveaux d’existants, et en particulier aux différentes formes de fruits germant sur la terre. Si l’Eternel a créé tant d’espèces, c’est que fondamentalement la bénédiction, qui se traduit par la multitude, est inscrite dans la réalité. Cette prise de conscience d’un monde béni est actualisée, en permanence, par la récitation de diverses bénédictions ou bérakhot. Finalement, les rabbins auraient pu composer une seule bénédiction pour toutes les formes de jouissance – « tout a été créé par Sa Parole, par exemple, mais ils ont préféré composer des bérakhot différentes pour les gâteaux, les fruits de l’arbre, les fruits de la terre, le tonnerre, l’arc-en-ciel, les parfums, etc. afin d’éduquer les fidèles à cette idée que, du D. Un, découle une multiplicité de formes, de goûts et de couleurs, qui participent de l’unité cosmique.

Comme pour le Roch Hachana de tichri, la coutume s’est répandue d’organiser le 15 chevat un Séder ou « Ordre » de consommation de fruits, accompagné de la récitation de versets bibliques, de passages du Talmud et du Zohar liés à cette circonstance. Le séder le plus connu est celui tiré du livre Péri ‘Ets Hadar, imprimé pour la première fois à Salonique en 1753 qui fut diffusé dans le monde entier. Il fut réimprimé à Pise en 1763, à Amsterdam en1859, à Izmir en 1876, à Livourne en 1885 et à Bagdad en 1936, là où se trouvaient de grandes communautés juives.

Le seder

On lira tout d’abord les textes suivants en hébreu et en français, si l’entourage ne comprend pas la langue de la Bible :

– Genèse I 9 à 13 : récit de la création des végétaux.

– Lévitique XXVI 3 à 13 : les bénédictions.

– Deutéronome VIII 1 à 10 : L’éloge des sept fruits de la terre d’Israël : blé, orge, raisin, grenade, figue, olive, datte.

– Ezéchiel, chapitres XVII,XXXIV, XXXVI, XLVII.

– Joël II.

– Psaumes 72, 147, 148, 65 et 126

Règle générale : Si l’on mange un fruit pour la première fois cette année on récite :

Baroukh ata ado-naïélo-énou mélekh aolam ché-héh’éyanou vékiyémanou véi-guianou lazémane azé.

Loué sois-Tu Eternel, notre D.Roi de l ‘univers qui nous a fait vivre et atteindre cette époque-ci.

On ne répète pas la bénédiction pour un deuxième fruit nouveau, au même repas.

On commence la dégustation d’un gâteau à base de blé. C’est en effet le blé qui inaugure l’éloge des fruits de la terre d’Israël. «Une terre qui produit le blé et l’orge…» (Deutéronome VIII, 8)

Le blé, cité 30 fois dans la Bible, est l’aliment de base de l’homme. Avant la consommation, on récite :

BAROUKH ATA ADO-NAÏ ÉLO-ÉNOU MÉLEKH AOLAM

BORÉ MINÉ MÉZONOT

« Loué sois-Tu Eternel, notre D. Roi de l’univers qui crée toutes sortes d’aliments. »

Ensuite on prend une olive. L’olivier qui devient très vieux, millénaire dit-on, symbolise l’ancienneté, et ses feuilles persistantes, l’opiniâtreté.De son fruit, on tire par pression, l’huile d’olive, qui porte la lumière (de la ménorah du Temple) ou qui sert à la consécration du roi ou du Grand Prêtre (le Messie, le Mashiah est littéralement l’Oint). Ses branches (palmes) servent à réaliser une mitsva (le loulav à Soukot), ses graines, pourvues d’un albumen oléagineux donnent l’huile de palmiste. « Le juste fleurit comme le palmier dattier » (Ps. XCII, 13) est l’une des 12 apparitions de la datte dans la Bible.Les rameaux d’olivier entourent la ménorah dans les armoiries de l’Etat d’Israël (Cf. Zacharie IV). Le fruit vert, confit dans la saumure et consommé comme olive de table, nous enseigne que l’amer s’adoucit par le travail et le temps… L’olive est citée 38 fois dans la Bible : «…tes fils seront comme des plants d’olivier autour dela table» (Psaumes CXXVIII, 3). Avant la consommation, on récite :

BAROUKH ATA ADO-NAÏ ÉLO-ÉNOU MÉLEKH AOLAM BORÉ PÉRI AÉTS «Loué sois-Tu Eternel, notre D. Roi de l’univers qui crée le fruit de l’arbre.»

Le vin peut à la fois servir pour les grandes cérémonies (kiddouch, mariage,etc.) mais il peut également égarer l’homme (l’alcoolisme). Le raisin est mentionné 19 fois dans la Bible et le vin 141 fois, comme : «Et le vin réjouit le cœur de l’homme. » (Psaumes CIV:15).

On retrouve des figues, «après que Nabuchodonosor, roi de Babylone eut exilé de Jérusalem et amené à Babylone Yekhonia roi de Juda … et ceci dans deux corbeilles qui étaient placées devant le sanctuaire de Dieu. L’une contenait des figues excellentes et l’autre des figues extrêmement mauvaises…» (pour la suite, cf. Jérémie XXIV). Même si pour les botanistes, elle est un « faux fruit », la figue n’en reste pas moins un végétal très prisé car elle n’a ni coquille, ni pépins, ni noyaux. La figue devient le fruit par excellence. Elle apparaît 39 fois dans la Bible. «…Comme les premiers fruits mûrs sur le figuier, j’avais considéré vos ancêtres…» (Osée IX : 10).

Le prophète Jérémie nous enseigne que cent grenades d’airain se trouvaient sur les colonnes du Temple de Jérusalem, alors que la Torah nous apprend qu’elles se trouvaient autour de la bordure de la robe du Grand Prêtre (36 devant et 36 derrière) comme cela est mentionné dans Exode XXVIII, 33. Ces grenades grelots annonçaient le passage du Cohen et permettaient aux gens impurs de s’écarter de lui. La grenade est mentionnée 32 fois dans la Bible. « Que nous puissions être remplis de mitsvot comme la grenade» souhaite-t-on le soir de Roch Hachana; pourquoi pas à Tou Bichvat ?

Attention, en général, on ne fait pas la bénédiction de chéhéh’éyanou sur le cédrat car on l’a déjà dite à Soukot, en faisant la bénédiction sur le loulav. L’étrog n’est pas mentionné nominativement dans la Bible, mais uniquement comme péri etzhadar, « fruit du bel arbre. » A propos du doux parfum qui émane des vêtements de Jacob, venant recevoir la bénédiction de son père Isaac (Genèse XXVII, 27), le midrach enseigne que ses vêtements provenaient du paradis, dont les pommes exhalaient un parfum enivrant (la fameuse pomme d’Adam).

La pomme est mentionnée 6 fois dans la Bible. «L’odeur de tes narines – par où D. insuffla l’âme à l’homme – est comme celle des pommiers». (Cantique des Cantiques VII, 9).Composées de quatre parties, les kabbalistes y décèlent les quatre lettres du nom divin ou Tétragramme, (Zohar II 15 B). Il n’existe qu’une seule mention de la noix dans la Bible : «Vers le verger des noyers je suis descendue.» (Cantique des Cantiques VI : 11).Cela n’est pas sans évoquer les trois semaines qui séparent le 17 tamouz du 9 Av (période de deuil).

La branche d’amandier fleurie confirma, aux yeux de tout Israël, l’élection d’Aaron (Nombres XVII, 33) et inaugura la prophétie de Jérémie (Jérémie I,11). Déjà dans la Torah, les amandes sont envoyées comme offrande par Jacob au vice-roi d’Egypte (qu’il ne sait pas être son fils Joseph) afin de«l’amadouer». (Genèse XLIII, 11).

«Un jour, alors que‘Honi marchait sur la route, il vit un homme qui plantait un caroubier : «Combien d’années faut-il pour qu’un caroubier porte des fruits ?»  lui demanda ‘Honi. «Soixante-dix ans», répondit le paysan. « Et tu ne te demandes pas si tu vas vivre 70 ans, si tu vas pouvoir manger de ses fruits ?» L’homme répondit : « Dès ma jeunesse, j’ai trouvé des caroubiers, car mes ancêtres en ont donc planté pour moi, de même j’en plante pour mes descendants…» (TB Taanit 23 a).Le mot carat, unité de mesure de masse du diamant et de l’or, vient de caroube, et correspondait au poids d’une graine de caroube (entre 185 et 205 mg, 1 carat = 200 mg).Ils correspondent sans doute à des fruits des régions où vécurent les communautés juives.

Chacun complétera cette liste en fonction des fruits du marché, pour accomplir le verset : «de tous les arbres du jardin tu mangeras».Certains mangent 15 sortes de fruits, selon le nombre de cantiques des degrés : Chir Hamaalot des Psaumes, d’autres en mangent 30 ou plus, chacun suivant ses coutumes et ses moyens et les disponibilités du marché.


La Datte : 
On enchaîne avec la datte : symbole de la douceur. Quand la Torah fait référence au miel, il s’agit du sucre de la datte. Ses branches (palmes) servent à réaliser une mitsva (le loulav à Soukot), ses graines, pourvues d’un albumen oléagineux donnent l’huile de palmiste. « Le juste fleurit comme le palmier dattier » (Ps. XCII, 13) est l’une des 12 apparitions de la datte dans la Bible.

Le Raisin : Ensuite, on mange le raisin, si souvent mentionné dans la tradition juive. Le raisin donne le vin qui occupe une place de choix dans le culte. D’où l’obligation de ne consommer que du vin ou du jus de raisin kacher, certifié par le Beth Din de Paris.

La première coup de Vin : Ici on boit la 1ère coupe de vin blanc, après avoir fait la bénédiction : BAROUKH ATA ADO-NAÏ ÉLO-ÉNOU MÉLEKH AOLAM BORÉ PÉRI AGUEFEN « Loué sois-Tu Eternel, notre D. Roi de l’univers qui crée le fruit de la vigne. »

La Figue Selon le midrach, les feuilles de figue ont servi à couvrir la nudité d’Adam et Eve après leur faute.

La Grenade En hébreu, la grenade, évoque l’élévation (Rimon : Ram), mais aussi le prélèvement (Térouma).

Le Cédrat : Le cédrat ou étrog fut, selon un avis rabbinique, le fruit de la connaissance du bien et du mal. (Selon d’autres, il s’agissait du raisin ou du blé).

La Pomme : La pomme est mentionnée dans le Cantique des Cantiques. Le «champ de pommes», le verger des secrets, se trouve abondamment cité dans la Kabbale.

La deuxième coupe de Vin : On boit ensuite la 2 ème coupe de vin blanc mélangé à un peu de vin rouge

La Noix : La noix évoque la boîte crânienne, la coque de la noix protégeant un fruit ressemblant au cerveau (cerneau). La noix Egoz a pour valeur numérique 17 qui est égale au mot tov, « bon ».
Composées de quatre parties, les kabbalistes y décèlent les quatre lettres du nom divin ou Tétragramme, (Zohar II 15 B). Il n’existe qu’une seule mention de la noix dans la Bible : «Vers le verger des noyers je suis descendue.» (Cantique des Cantiques VI : 11).


L’Amande : En Israël, l’amandier est le premier arbre à fleurir. Réputée pour sa promptitude, l’amande arrive à maturation (après la chute de la fleur) en 21 jours.

Le Caroube : Le caroubier, à l’opposé de l’amandier, est très long à donner des fruits (70 ans), il symbolise les efforts des générations précédentes pour les suivantes.


La Poire : 
Originaire du Moyen-Orient et du nord de l’Asie centrale, la poire à plus de 4000 ans d’âge. Elle se consomme de plusieurs façons : crue et cuite sous forme de compotes, poires au four, tartes, pâtisseries, confitures. Elle est aussi transformée en fruits confits, sirop, alcools.


La troisième coupe de Vin : 
On boit ensuite la 3 ème coupe de vin moitié rouge moitié blanc. A partir de là, les fruits mentionnés dans le Péri ‘EtsHadar ne sont pas facilement identifiables.

La quatrième coupe de Vin : On terminera avec la 4 ème coupe de vin rouge additionnée d’un peu de vin blanc. Important : vérifier avant de manger chaque fruit qu’il n’est pas véreux.

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