Un nombre croissant de personnes qui se sont remises de COVID-19 souffrent toujours d’anosmie – une  »torture », selon le responsable d’un groupe français de personnes souffrantes.

«Ce qui me manque le plus, c’est l’odeur de mon fils quand je l’embrasse, l’odeur du corps de ma femme», explique Jean-Michel Maillard.

L’anosmie – la perte de l’odorat – peut être un handicap invisible, mais elle est psychologiquement difficile à vivre et n’a aucun traitement réel, dit-il.

Et c’est le prix que de plus en plus de gens paient après avoir survécu au coronavirus, certains faisant face à une incapacité apparente à long terme de sentir.

«L’anosmie vous coupe des odeurs de la vie, c’est une torture», explique Maillard, président d’anosmie.org, un groupe français destiné à aider les malades.

Jean-Michel Maillard. (Facebook)

Si vous avez la forme, vous ne pouvez plus respirer l’odeur de votre premier café du matin, sentir l’herbe coupée d’une pelouse fraîchement tondue ou même « l’odeur rassurante du savon sur votre peau lorsque vous vous préparez pour une réunion », at-il dit.

On ne prend vraiment conscience de son odorat qu’en le perdant, explique Maillard, qui a perdu le sien suite à un accident.

Et ce ne sont pas seulement les plaisirs olfactifs que vous perdez. Il souligne que les personnes anosmiques sont incapables de sentir la fumée d’un incendie, le gaz lors d’une fuite ou une poubelle mal lavée.

Manger est aussi une expérience complètement différente, car une grande partie de ce que nous apprécions dans la nourriture est ce que nous pouvons sentir, dit Alain Corre, spécialiste des oreilles, du nez et de la gorge à l’Hopital-Fondation Rothschild à Paris.

«Il existe des dizaines de causes d’anosmie», dit-il, notamment les polypes nasaux, la rhinite chronique, le diabète, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.

Maintenant, le nouveau coronavirus a été ajouté à cette liste, dit Corre – avec le symptôme seul permettant un diagnostic de COVID-19 dans certains cas.

«Lorsque les gens perdent leur odorat et ne le récupèrent pas, nous constatons un réel changement dans la qualité de vie et un niveau de dépression qui n’est pas anodin», ajoute-t-il.

Le problème, c’est quand la condition persiste, dit-il.

«Être privé de son odorat pendant un mois, ce n’est pas grave», explique Maillard. «Deux mois, ça commence à devenir un problème. Mais après six mois, vous êtes tout seul sous une cloche.

« Il y a un aspect psychologique à cela qui est très difficile à vivre », insiste-t-il. « Vous devez obtenir de l’aide. »

La recherche d’un traitement

Il n’y a pas de traitement spécifique pour la condition.

Il faut s’attaquer à la cause, explique Corre, mais «le problème des anosmies liées au virus est que souvent, le traitement de l’infection virale n’a aucun effet sur votre odorat».

«Selon les premiers chiffres, environ 80% des patients souffrant de COVID-19 se rétablissent spontanément en moins d’un mois et souvent encore plus rapidement, en huit à 10 jours.»

Pour d’autres, cependant, il se pourrait que la maladie ait détruit leurs neurones olfactifs – ceux qui détectent les odeurs. La bonne nouvelle est que ces neurones, à l’arrière du nez, sont capables de se régénérer.

Deux hôpitaux parisiens, Rothschild et Lariboisière, ont lancé une étude «CovidORL» pour enquêter sur le phénomène, testant dans quelle mesure différents lavages de nez peuvent guérir l’anosmie.

Un traitement à base de cortisone s’est révélé efficace dans le traitement des cas d’anosmie post-rhume et offre un certain espoir, explique Corre.

Une autre façon d’aborder la condition est par la rééducation olfactive, pour essayer de stimuler les associations que des odeurs spécifiques ont dans votre mémoire, dit-il.

Son conseil est de choisir dans votre cuisine cinq odeurs qui vous sont chères, que vous aimez vraiment: la cannelle, disons, ou le thym. Respirez-les deux fois par jour pendant cinq à 10 minutes tout en regardant ce que vous inhalez.

Anosmie.org a même mis en place un programme de rééducation à base d’huiles essentielles, en collaboration avec Hirac Gurden, directeur de la recherche en neurosciences au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il est basé sur le travail du chercheur basé à Dresde Thomas Hummel.

«Dès le mois de mars, nous avons reçu plusieurs centaines d’appels téléphoniques, des courriels de personnes qui avaient le COVID et qui appelaient à l’aide parce qu’elles ne sentaient plus rien», explique Gurden.

Maillard, quant à lui, a terminé son programme de rééducation l’hiver dernier, en utilisant quatre odeurs.

«Aujourd’hui, j’en ai 10», dit-il, notamment du poisson, des cigarettes et de l’huile essentielle de rose. « J’ai même trouvé un parfum que je peux sentir! » déclare-t-il.

source : time of israël en anglais

©ashdodcafe.com