Dans tous les cas, témoigner de l’intérêt à autrui peut faire des miracles.

Une jeune fille de dix-sept ans fut admise à l’hôpital pour soigner une grave dépression.
Au cours de sa cure, elle fit le même songe à plusieurs reprises.
« Au début de ce rêve, je me trouve au-dessus d’un immense chaudron rempli d’un  goudron  visqueux. On m’y plonge aussitôt, sans que je ne puisse rien y faire.
Soudain, deux corbeaux surgissent de nulle part. Ils se mettent à planer au-dessus de ma tête en poussant des croassements assourdissants. Au fond du chaudron brille une lumière ténue. »

À force d’entretiens avec des psychiatres, de recul et de réflexion, la jeune fille parvint à une première interprétation de son cauchemar. « J’ai maintenant la certitude que les deux horribles corbeaux symbolisent mes parents. Quant au chaudron plein de goudron, c’est ma vie. »

Quelque temps après, elle parvint à affiner considérablement son interprétation.
« Avant de sombrer dans la dépression, j’allais à l’école comme tous les enfants. Je n’avais pas beaucoup d’amies. Personne n’aime côtoyer une fille repliée sur elle même, et à l’époque je l’étais car je souffrais déjà. Avec mes professeurs, ce n’était guère mieux. Ils m’ignoraient, préférant interroger les élèves qui participaient au cours.

Une année pourtant, tout changea pendant deux semaines inoubliables. L’un de mes professeurs tomba malade et une enseignante vint le remplacer. Pour sa part, elle avait beaucoup d’empathie à mon égard. Je n’y étais pas habituée.
— Pourquoi me souriez-vous et m’adressez-vous la parole ? lui demandai-je un jour placidement.
— Pour moi, tu es quelqu’un d’important, voilà tout.
Telle fut sa réponse.

Durant ces deux semaines, je me souviens m’être énormément ouverte sur le monde et avoir commencé à sourire aux autres, moi aussi.
Le lundi de la troisième semaine, la remplaçante ne reparut pas. Mon ancien professeur était de retour. Alors je me remis à sombrer, à renouer avec mes idées noires, à ne plus parler à personne.
Aujourd’hui, je réalise que la petite lumière au fond du tonneau, c’était elle. »

Quelques jours après avoir percé le dernier mystère de son rêve, l’auteure du témoignage sentit naître des forces nouvelles. De fil en aiguille, uniquement grâce au souvenir de la professeure remplaçante, elle s’extirpa définitivement de sa dépression. Un peu d’attention avait suffi à allumer une lueur d’espoir, une lueur de vie, en dépit d’épaisses ténèbres environnantes.
Tout être humain, qu’il soit enfant, adolescent ou adulte, a besoin d’attention. Concernant l’adulte, c’est une vérité que l’on a tendance à oublier, comme si maturité rimait avec insensibilité !

Concernant l’adolescent, le dosage doit être plus subtil, pour que ce dernier ne soit pas tenté d’associer l’affection manifestée à une infantilisation de la grande personne qu’il aspire à devenir.
L’enfant est celui qui demande le plus d’affection. Son besoin est tel qu’il lui arrive d’éprouver ses parents pour vérifier qu’ils l’aiment toujours. Cela ne signifie pas qu’il faille lui donner raison en toute circonstance, ou bien qu’il faille bannir toute fermeté. Cela signifie que même si une dispute devait survenir, même si une punition devait être donnée, l’enfant ne devrait alors jamais douter de
l’attachement de ses parents.

Cet extrait est tiré du tome 2 du livre Et par elles, vous vivrez !, à paraître.
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David Benkoël
Analyste, je partage mon intérêt pour la construction de soi. J’aide par ailleurs des personnes en souffrance à se reconstruire.


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