La famille Azoulay échappa à l’Inquisition espagnole en fuyant la péninsule ibérique pour s’installer dans la ville de Fès au Maroc puis, ils quittèrent le Maroc pour s’installer à Hébron après avoir longtemps voyagé.

Le rabbin cabaliste Abraham Azoulay fut l’arrière-arrière-grand-père du Hida. Son père lui-même était rabbin : Rabbi Rephaël Zerahya Azoulay. Le Hida était en fait la sixième génération de Juifs espagnols depuis l’expulsion des juifs du royaume très catholique. En revanche, sa mère, Sara Bialer, était d’origine ashkenaze. Elle était la fille du Rabbin cabaliste Yossef Bialer qui se trouvait à Jérusalem depuis qu’il avait fait son aliya avec Rabbi Yéhouda le Pieux (Yéhouda HeHassid). Le grand-père du Hida lui-même était Rishon
LeTsion : le Rav Abraham Ben David Itshaki.

Hayim Yossef David Azoulay étudia à la Yéshiva Yif’ar Inouyim à Jérusalem chez le Rav  Yona Navon (1) qui jouissait d’une réputation sans tâche. C’est alors, qu’il apprit à rédiger les premiers responses (shééloth outeshouvoth) sur des questions halakhiques (lois juives). Les études de Hayim Yossef David Azoulay s’étendirent audelà des murs de cette Yéshiva puisqu’il étudia chez Rabbi Hayim Ben Attar (2) à la Yéshiva Kenesset Israël, chez le Rav Isaac HaCohen Rappopport (3) à la Yéshiva Beith Yaakov et chez le Shalom Shar’avi de la Yéshiva des Mekoubalim (cabalistes) avec le rav Yom Tov Algazi.
Le Hida (acronyme de Hayim Yossef David Azoulay) écrivit de nombreux ouvrages
rabbiniques.

Hayim Yossef David Azoulay épousa en premières noces Rahel, fille du Rav Nissim
Berakha du Conseil des Sages de Jérusalem. Leur naquirent 5 enfants (deux fils et
trois filles dont l’une mourut bébé). Les fils furent des rabbins estimés et considérés
et les filles épousèrent des Juifs italiens. Le Hida étant apprécié pour toutes ses
compétences fut souvent envoyé en mission (4) dans d’importantes communautés
européennes et même en Afrique du Nord. C’est ainsi qu’un jour où il se trouvait en
Tunisie, un messager lui transmit l’amère nouvelle du décès de son épouse sept mois
auparavant à Hébron.
Il garda cette information pour lui sachant qu’on le presserait de prendre femme.
Cependant, il s’installa un temps à Livourne (5) en 1778 et il y prit épouse : Rahel, la
fille du rabbin de la ville de Pise, Moshé HaLévy.

En dehors des ouvrages rabbiniques, le Hida tint un journal de bord pour tous ses
déplacements dans les différentes communautés vers lesquelles il était dépêché :
ainsi, il fut envoyé par la communauté de Hébron en 1752 et resta absent 6 années. Trois années après son retour à Hébron, en 1761, le Hida reçut une proposition : de se rendre à Amsterdam pour y démarcher les communautés de personnes originaires d’Espagne ou du Portugal qui, fuyant l’Inquisition, trouvèrent refuge en Hollande. Mais, il refusa, préférant rester à Jérusalem où lui fut proposé le poste de Dayan (juge rabbinique). Il séjourna donc dans le pays pour quelques bonnes années.
Cependant, il accepta de se rendre à Constantinople au nom des Juifs de Jérusalem afin de prier les Sultans ottomans de renoncer à nommer un président de la communauté mais il ne réussit pas dans sa mission. En janvier 1764, il se rendit en Egypte où il fut nommé Rabbin de la communauté d’Alexandrie (Bena Amon d’alors) il exerça ces fonctions cinq années durant. A la suite d’évènements politiques inquiétants il regagna Hébron et au bout de trois années (6), il reprit ses pérégrinations toujours pour sa communauté de Hébron. Il se rendit à Livourne en Italie, mais, en 1778, la communauté de cette cité le pria de rester parmi eux à la condition qu’il puisse consacrer son temps à la rédaction Hida. En 1957, un peu moins de 150 ans plus tard, le Rav Itshak Nissim Grand Rabbin d’Israël et fervent admirateur du Hida, s’enquit de savoir comment on pourrait rapatrier en Israël les ossements du grand sage. Furent alors organisées des réunions avec tous les facteurs intéressés tant à Livourne qu’en Israël et, le cimetière du Mont Scopus étant alors sous administration jordanienne, il fallut envisager un tombeau au Har HaMenouhoth de Jérusalem à Guiv’ath Shaoul. C’est, en définitive, en 1960 que le Hida, hiérosolomytain de naissance fut mis en terre en Israël.

A ce propos, il est une anecdote à rappeler : le Grand Rabbin Mordékhay Eliahou, fut
chargé alors d’organiser la cérémonie. Il apparut alors que les ossements étaient en
désordre et Rabbi Eliahou (zatsal) formula une brève supplique et les os se rangèrent
immédiatement permettant ainsi de passer au reste des dispositions.
Cinquante ans plus tard, la dépouille de celui qui fut Grand Rabbin d’Israël (Rishon le
Tsion) le Rav Mordékhay Eliahou fut enseveli non loin du Hida, et un seul toit relie
les deux sépultures.

1 – Yona Navon auteur du Nehpa bekessef 1713-1760
2 – Hayim Ben Attar auteur du Ohr HaHayim et du Peroth Guinossar 1696 à Salé au Maroc-1743 à Jérusalem.
3 – Isaac ben Yéhouda HaCohen Rappopport, 1685 à Jérusalem-1755;
4 – Shadar soit ר »שד abréviation signifiant émissaire de Rabbins (shaliah dérabanan).
5 – Peut-être parce que l’une de ses filles y vivait.
6 – En 1772.

Caroline Elishéva REBOUH