PARASHAT VAYAK’HEL 5782Vendredi 25 fevrier 2022 – Vendredi 24 Adar I 5782 – Horaires allumage et sortie de chabbat Ashdod : Ashdod : 17 h 20 – 18 h 14

SANCTIFICATION DE L’ESPACE SPATIO-TEMPOREL

Cette péricope est l’avant dernière du groupe de cinq parashioth qui termine la description et l’ordonnance de la construction du Tabernacle : mishkan משכן mot qui appartient à la racine שכן voisin.

Dans cette sidra, on va retrouver  des instructions concernant l’édification du mishkan un peu comme il en a été question lors de la parashat Terouma. Alors peut-on dire qu’il y a ici une répétition ? Non parce que la raison de cette répétition est complexe et liée aussi à cette parasha en elle-même : en effet le texte commence par les mots ויקהל משה…. Moïse a rassemblé le peuple. Le mot ויקהל  vient de la racine קהל  qui signifie rassemblement ou  ensemble de personnes soit communauté קהילה .  Le mot kéhila ou communauté est un terme « dynamique » alors que l’autre terme qui existe pour désigner une communauté : עדה dont la racine est עד, témoin est plutôt un terme « statique ».  Nous retrouverons ce terme de êda  après l’épisode des explorateurs lorsque tout une communauté sera engloutie par la terre. Ici comme ailleurs, le mot êda signifie que la communauté en question va servir de témoin à l’ensemble des personnes regroupées, à cette nouvelle société qui  en est à ses balbutiements et qui se forme autour d’un pôle qui va se nommer משכן   Tabernacle mot qui vient de la racine שכן  = voisin. Pourquoi ce terme de mishkan ? Car, D a émis Son désir de résider parmi les enfants d’Israël : ושכנתי בתוכם « Je résiderai parmi eux ». Lorsque D ordonne à Moïse de Lui construire un Tabernacle est-ce à dire que D va y habiter ? Un midrash dit  que ce monde n’est que le marchepied du trône céleste et dans un autre midrash D dit que Sa demeure se trouve au ciel et aussi ici-bas …. Mais comment la chose est-elle possible ? Par la brisure des vases ?  Non pas seulement : ce mishkan est destiné à frapper l’imagination humaine : les hommes ayant vécu en Egypte pays de l’idolâtrie, des sacrifices, de la servitude où les hommes sont habitués à être coiffés par un chef dirigeant, avaient besoin de vivre selon  un même calque pour pouvoir comprendre leurs actes et leur modus vivendi leur façon de vivre c’est ainsi que Maïmonide explique les sacrifices car les Hébreux étaient habitués à en voir et ils n’eussent pas pu concevoir une autre façon d’adorer D sans sacrifice de même, habitués à voir des édifices servant de temple, ils avaient besoin de voir concrètement un lieu d’habitation pour D

Pour le début de cette parasha, Moïse, fait un acte urgent : il rassemble le peuple pour donner des instructions pour l’élaboration du Mishkan, tout va aller selon une dynamique imprimée par Moïse pour mener le peuple tambour battant. Tout le monde va y prendre part, les hommes tout comme les jeunes et les femmes qui vont contribuer aux travaux en filant les poils de chèvre et les fibres et en tissant des étoffes et en se dessaisissant de leurs belles parures d’or et d’argent et en participant activement.

Le shabbat arrive et tous les travaux sont suspendus. Même l’élaboration du Mishkan s’arrête pour le respect du Shabbat dont on dit qu’il est comme 1/60ème  du monde futur.-

De même que le Shabbat sert de témoin chaque semaine pour la sainteté que D nous fait partager chaque semaine, de même, le Mishkan qui est entièrement kadosh (saint) implante au milieu de nous la Sainteté du Créateur à notre échelle. Le Shabbat et le Mishkan font se rejoindre en un point commun qu’est la Sainteté et l’espace-lieu et l’espace-temps. Car dans l’espace-lieu l’homme évolue et c’est là qu’il  se trouve confronté à la Sainteté que le Saint Béni soit-Il a « contractée » pour la placer au milieu des hommes et le Shabbat qui est un rendez-vous de sainteté qui se répète indéfiniment tous les sept jours. Dans la semaine, l’homme travaille et peu importe dans quel domaine matériel l’homme s’efforce mais à heures régulières, ilse rend à un rendez-vous multi quotidien avec le spirituel et le sacré, au moyen des prières et de l’étude où les dimensions spatio-temporelles se rejoignent pour le sacré.

Les travaux servant à l’édification du mishkan ne repoussent pas l’observation du shabbat car le sacré n’annule pas le sacré.

Ces travaux  (39 en nombre) sont ceux qu’il est interdit de faire le shabbat non seulement eux-mêmes mais avec leurs dérivés comme par exemple : peindre mais aussi par extension se vernir les ongles. Le motif de l’interdiction des 39 travaux et de leurs dérivés le shabbat n’a absolument rien à voir avec la fatigue comme on le prétexte encore souvent. Il s’agit de l’œuvre créatrice : Ne rien créer le jour du shabbat.

A la différence de la faute du veau d’or commise par le êrev rav[1] (la multitude des non-Juifs sortie avec les Hébreux) où tous ont été contraints d’offrir de l’or dans une sorte de frénésie, pour la construction du Tabernacle, D demande à Moïse de n’accepter que ce que chaque personne veut bien offrir, selon son cœur.

Il a déjà été spécifié que les femmes offrirent non seulement leurs bijoux mais aussi les ustensiles en cuivre qui, bien polis, leur avaient servi de miroirs au temps où le travail en Egypte était si dur que les hommes s’écroulaient de fatigue et que les femmes se faisaient belles en s’admirant dans leurs miroirs pour encourager les époux à procréer. C’est d’ailleurs cette quantité de cuivre qui a été utilisée pour façonner la cuvette ou le bassin utilisé pour faire toute l’application destinée à reconnaître si une femme était coupable d’infidélité ou pas.

Le rôle des femmes dans le judaïsme est reconnu et important la seule chose que l’on réclame d’elle étant sa pudeur.

Ci-dessous en illustration, le « kiyor » en cuivre du temple qui contenait l’eau nécessaire, notamment, aux ablutions.

le « kiyor » du Temple

SHABBAT SHEKALIM ET LES 4 SHABBATOT :

A partir du shabbat qui précède immédiatement rosh hodesh adar ou hodesh adar Beth, sont lues 4 parashoth spéciales ajoutées aux parashoth qui se suivent de semaine en semaine.

Ces versets, pour la lecture desquels nous sortons un sefer torah supplémentaire, sont tirés donc de parashioth dans lesquels il est question de la solennité en question tel que rosh hodesh (néoménie), shabbat hanouka ou shabbat hol hamoed des fêtes de pèlerinage ou même à l’occasion des fêtes de pèlerinage ou des fêtes solennelles comme Rosh Hashana et Kippour ; mais il peut s’agir aussi des 4 shabbatot particuliers qui s’échelonnent près du mois de Adar et pendant ce mois-là.

Dans le deuxième sefer Torah, on lit une portion de la Torah (en général de la parashat Pinhas où il est question de la fête célébrée et des sacrifices qui sont à offrir à cette occasion (la haftara ce shabbat particulier est différente de celle lue pour la parasha hebdomadaire). Pour Rosh Hodesh on évoque les sacrifices présentés au Temple à chaque néoménie.

Ces quatre shabbat sont : Shabbat Shekalim, Shabbat Zakhor, Shabbat Para,  et Shabbat Hahodesh. Ils répondent à des besoins particuliers du Peuple. En effet, voici les dates auxquelles on lit ces versets spéciaux :

SHABBAT SHEKALIM : Juste avant ou au début du mois de Adar, et, – en cas d’année embolismique,  au début ou avant le deuxième mois de Adar shéni ou Adar beith-,  chaque Juif âgé de plus de 18 ans doit payer le « mahatsit hashekel » (demi shekel) au Cohen. Cette mitsva permettait deux choses : la première était de pouvoir dénombrer le peuple et ensuite, ceci permettait de pouvoir acheter du bétail pour les sacrifices offerts au nom du peuple. Ce shabbat a lieu soit le shabbat précédent Rosh Hodesh Adar soit pour Rosh Hodesh si rosh hodesh est un shabbat.  La parasha est prise de la sidra ki-tissa (כי-תישא).

Le mot «  Tissa » de ki tissa signifie élévation. C’est-à-dire que cette demi-pièce va être élevée au niveau de la mitsva et pas n’importe laquelle  :   par cette monnaie, chaque membre du peuple d’Israël va participer au fonctionnement du Temple et à l’achat des sacrifices offerts à D au Temple.

Caroline Elishéva REBOUH

Les instruments du Temple :

de gauche à droite et de haut en bas :

  • Le mizbéah en or puis la table de proposition des pains et la menora,
  • Les instruments de musique, la fiole d’huile et le « kiyor » ou bassin d’eau,
  • L’arche d’alliance avec les chérubins. Vue d’ensemble du Temple et les vêtements du Cohen ou vêtements sacerdotaux.

[1] Erev rav est une locution qui signifie littéralement le grand mélange car le mot « erev » ici provient de la racine « arbev » mélanger ainsi léarbev désigne l’action de mélanger. Un autre mot sorti de la même racine « arev » qui signifie « garant »….