Il y a un seul cas clinique et deux asymptomatiques, mais le professeur Davidovitch avertit que la situation est grave car le virus peut survivre en se propageant à petite échelle.

La résurgence de la poliomyélite pourrait paralyser des dizaines d’enfants israéliens, briser la réputation mondiale du pays en tant que chef de file de la santé publique et nuire au tourisme, a averti un épidémiologiste de haut niveau.

Pour la première fois depuis des décennies, Israël compte un enfant atteint de poliomyélite, et deux autres testés positifs, asymptomatiques. Tous les trois viennent de la région de Jérusalem.

Dans un pays habitué à suivre de près les chiffres du coronavirus, les données semblent infimes, mais les médecins avertissent que la situation est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît.

La communauté internationale de la santé s’est donnée pour mission d’éradiquer la poliomyélite et est parvenue à réduire le nombre de cas de 99 % depuis le lancement d’une initiative mondiale à la fin des années 1980. Avec ces récentes découvertes, Israël fait partie d’une liste de 23 pays à avoir signalé des cas au cours de la dernière année.

« La poliomyélite ne survit plus que dans les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées du monde, où elle s’en prend aux enfants les plus vulnérables », selon des informations publiées il y a plusieurs années par l’Organisation mondiale de la santé, en charge de l’initiative.

Très respecté dans les milieux de la santé pour sa campagne de vaccination pionnière contre la COVID-19, Israël fait une entrée remarquée sur la carte des cas de poliomyélite de l’OMS, comprenant des pays bien moins riches.

Les autres pays ayant déclaré un cas unique au cours des 12 derniers mois sont le Malawi, le Yémen, le Libéria, le Burkina Faso et la Guinée. Si Israël confirme un deuxième cas clinique, il rejoindra des pays comme la Somalie, l’Ukraine, le Mozambique, le Pakistan et le Sud Soudan.

Épidémiologiste et haut responsable du syndicat des médecins d’Israël, le professeur Nadav Davidovitch a averti que le fait de figurer sur la liste emportait sa part de stigmatisation.

« Les gens ne se rendent pas vraiment compte de la gravité d’être un pays dans lequel sévit la poliomyélite : c’est une catégorie à laquelle nous ne voulons pas appartenir », a-t-il déclaré au Times of Israël.

« C’est une maladie que l’on pensait éradiquée, et le fait qu’elle semble maintenant se propager en Israël pourrait nuire à notre réputation en matière de santé publique et même avoir un impact sur le tourisme. Les gens pourraient reconsidérer leurs déplacements en Israël, en particulier les personnes immunodéprimées.

Il a également déclaré que [la situation en] Israël pourrait « entraver les progrès réalisés à l’échelle du monde et de la région en matière d’éradication ».

Chaque pays abritant des cas de poliomyélite, même très peu, est considéré comme un vivier pour un virus supposé être éliminé. Seul le Nigeria, où le combattant Boko Haram a entravé les efforts de vaccination, a enregistré trois fois plus de cas au cours de l’année écoulée pour atteindre 412 au total.

Outre le Nigéria, la poliomyélite parvient à déjouer les efforts d’élimination dans des pays pauvres, avec un nombre de cas relativement faible. Les pays les plus touchés par la poliomyélite au monde sont le Cameroun, la Guinée-Bissau et le Bénin, chacun avec trois cas au cours de la dernière année. Le Yémen et Madagascar en avaient 13, le Niger 14 et le Sénégal 15.

L’Afghanistan en comptait 19, la République démocratique du Congo 23 et le Tadjikistan 27.

Davidovitch a indiqué qu’Israël ne se dirigeait pas vers des chiffres aussi élevés qu’au Nigeria, mais pourrait bien voir le nombre de cas augmenter à moins que la polio ne soit traitée rapidement.

Le professeur Nadav Davidovitch. (Autorisation de l’Université Ben Gourion du Néguev)

Dans l’ensemble, Israël présente des taux élevés de vaccination des enfants et le taux de couverture des enfants contre la poliomyélite y est bien supérieure à 90%. Mais les familles qui ne les vaccinent pas vivent souvent dans les mêmes zones, fréquentent les mêmes écoles et partagent des cercles sociaux, ce qui augmente les risques de propagation.

Davidovitch et d’autres experts notent que la méfiance à l’égard des vaccins antipoliomyélitiques dans certaines parties de la communauté ultra-orthodoxe a conduit à des taux de vaccination inférieurs à la normale dans certaines communautés, en particulier dans la région de Jérusalem.

Davidovitch a déclaré que le seul moyen efficace de résoudre le problème était de promouvoir la vaccination orale sous forme de gouttes buvables, contenant une forme atténuée du virus vivant. Ils protègent ceux qui ne sont pas encore vaccinés.

Ceux qui ont été vaccinés par injection, contenant un virus tué, sont protégés contre la maladie, mais pas nécessairement contre la transmission. Les gouttes, quant-à elles, éliminent presque la capacité à transmettre le virus.

« Israël a les outils pour agir, mais doit le faire rapidement », a déclaré Davidovitch. « Contrairement à la COVID, la vaccination doit se faire rapidement pour être efficace et empêcher l’augmentation des cas. Israël a investi beaucoup d’énergie dans la construction d’un excellent système de surveillance épidémiologique et clinique de la poliomyélite et nous devons investir dans ce système et agir en fonction des informations qu’il nous fournit. »

sources Timeofisrael en anglais

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