Parachat metsora shabbat hagadol 5782 – Vendredi 08 Avril 2022-Yom Chichi 07 Nissan 5782  – Samedi 09 Avril 2022 – Yom Shabbat 08 Nissan 5782.

Horaires allumage et sortie de chabbat Ashdod : 18 h 45 – 19 h 44


Le printemps avec sa succession de jours « sheraviim » (sirocco) s’est installé enfin en Israël avec l’entrée du mois de nissan.

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Nissan c’est aussi du 1er jour du mois jusqu’au dernier l’occasion de prononcer la birkat haIlanoth ou la bénédiction des arbres en fleurs. Cette bénédiction se trouve en général après le birkat hamazone dans tous les sidourim (livres de prières) si les arbres ne sont pas toujours en fleurs à cause des conditions météorologiques il sera possible d’y procéder en Iyyar.
Cette semaine, en plus du commentaire de la parasha, vous trouverez un article de préparation à la lecture de la Haggada.

Que tout le peuple d’Israël nage dans la quiétude et que nous puissions ne recevoir que des nouvelles réconfortantes les uns des autres.

UN ELIXIR DE VIE

La semaine dernière, au sujet de Tazriâ qui est souvent couplée avec Metsora qui sera lue séparément cette année, nous avons disserté sur le sacrifice que l’accouchée devra apporter au Temple puis, le reste de la parasha de Tazriâ s’étend sur la « lèpre » : tsaraâth n’est pas une véritable lèpre c’est une affection des temps biblique qui n’a, en réalité, rien de commun avec la lèpre telle qu’elle est connue, identifiée et traitée selon la médecine d’aujourd’hui.

La tsaraât apparaît pour la première fois dans la Torah dans le livre de shemoth (exode) lors du passage où Moïse « fait connaissance » avec l’Eternel. En effet, lorsque HaShem dévoile Ses projets pour la libération du peuple formé par les Bené Israël, Moïse, qui va devenir le plus grand Prophète de l’univers, humble, trop humble, refuse cette mission qui lui est confiée en prétextant qu’il est malhabile à s’exprimer mais, il émet un doute au sujet du peuple : le croiront-ils[1] ? Ce procès d’intention formulé a constitué une faute de lashon Harâ (médisance) : pourquoi douter sans savoir exactement à qui il devra s’adresser et comment il devra le faire ???? Dans Son immense patience, l’Eternel donne à Moïse quelques signes le premier étant de plonger sa main en son sein et la retire blanche de lèpre car, cette affection cutanée est une maladie survenant après un acte de médisance… plus tard, Myriam, la sœur de Moïse sera atteinte de lèpre, elle aussi, après qu’elle médît de son illustre frère.

Certains des Sages et illustres commentateurs de la Torah, se questionnent au sujet de la juxtaposition du thème de l’accouchée et des sacrifices qu’elle aura à offrir par la suite et le thème de la lèpre[2]?

Il existe en effet plusieurs sujets qui rattachent les propos les uns aux autres. Ainsi que nous l’avons commenté la semaine passée, la jeune accouchée aurait pu avoir de singulières pensées lorsqu’elle subit le pic des douleurs de l’enfantement mais, l’on a posé la question de savoir pourquoi offrir une tourterelle ? En fait, la guematriya du mot tsipor (oiseau) est de 380   avec un vav défectif ציפר et le mot lashon (de lashon harâ médisance) לשן lui aussi avec un vav défectif est aussi de 380 ce qui permettrait de dégager déjà un premier lien entre le sacrifice de la tourterelle et la médisance ou le procès d’intention.

Dans Tazriâ il est question de la lèpre qui s’attache au corps, ou au vêtement tandis que dans metsorâ il s’agit de la lèpre s’attachant à la pierre, à la maison. La guemara énumère 7 cas pour lesquels cette « maladie » risque de survenir : la médisance (lashan harâ), les unions interdites (guilouy ârayoth),  les  serments en vain (shevouôth shave),verser du sang (shfikhout damim), la grossièreté (gassouth rouuah), le vol (guezel), l’envie/jalousie (tsarouth ayin ou étroitesse de vue).

L’apparition de la lèpre prévient le fauteur qu’il doit faire amende honorable (teshouva) auquel cas, l’atteinte ne s’étendra-t-elle pas, sinon, elle pourra s’étendre jusqu’à ce que le sujet soit reconnu et traité.

Pour certains des Talmudistes, la médisance est considérée comme un acte d’hérésie totale.

Rappelons que Rabbi Akiba qui comptait dans son « académie » plus de 24,000 disciples, les a vus s’éteindre en l’espace de 33 jours car, dit-on, il ne se respectaient pas les uns les autres.

Le Maharal de Prague souligne que sur les « règnes » qui existent dans la « Nature » : le règne animal, végétal et minéral, l’homme/l’être humain n’est présent dans aucun car il est doté de la parole. La Parole représente chaque homme par la nature de ses propos c’est ainsi qu’un homme peut déterminer sa voie par la façon qu’il aura de s’exprimer et par l’essence-même de sa parole, par le fait qu’il usera de duplicité dans sa parole ou pas.

Le fait est que la « faute » de la médisance est si importante, que tant  chez les Ashkenazes que chez les Sefarades le fidèle doit rappeler l’acte de médisance de Myriam la prophétesse que la faute du veau d’or ou que l’attaque d’Amalek…

Et, c’est à ce même titre que la vente de Joseph est rappelée également très souvent car, le point de départ de la jalousie des frères de Joseph envers lui est la médisance : en effet, Joseph qui n’était qu’un jeune garçon avait relevé ce qui représentait à ses yeux de jeune garçon des « manquements » à l’observation de la Torah car il avait vu ses frères prélever des membres sur des animaux vivants et les manger ou encore il les avait vus entretenir des relations qu’il avait qualifié d’interdites. Or, les choses n’étaient pas ce qu’il avait cru… En effet, il existe un livre qui fut écrit par Abraham Avinou : LE SEFER YETSIRA (le livre de la création dans lequel il est écrit comment en prélevant de la terre comme ceci et comme cela on pourrait arriver à créer un « golem » quelque chose qui pourrait ressembler à un être humain ou un animal. Cependant, l’âme, l’esprit n’y sont pas car cela vient de D. En conséquence ces « créations/créatures » ne peuvent pas compter en tant qu’être humain ou qu’animal véritables. Le grand-Père de Rabbi Hayim Yossef David Azoulay[3] ou « Hida » le rapporte dans son ouvrage important : le Hessed léAvraham[4] et le Malbim[5] reprend aussi ces faits.

L’être humain se distingue des autres créatures sur terre par plusieurs attributs : dont la parole (la faculté de s’exprimer), la stature, la faculté de choisir (libre arbitre). L’animal (à 4 pattes) tels les bœufs, les chiens, les ânes/chevaux, chameaux, peuvent subir un joug et ployer sous ce joug. L’homme est debout sur ses deux jambes et ne devrait ployer que sous le joug du royaume des cieux..

Toutefois, le rav Yitshak Kotler, s’étonne du fait que lorsque l’homme, après avoir satisfait ses besoins, récite la bénédiction « asher yatsar » il termine ce texte par les mots « oumafli laâssoth » ומפליא לעשות. Selon, son analyse, ceci est une allusion au fait que chaque jour et plusieurs fois par jour, nous exprimons notre admiration pour les merveilles opérées sur le corps humain et que nous pouvons bénéficier des prodiges opérés lorsque la matérialité et la spiritualité sont inséparables jusqu’au jour où le Créateur rappelle l’âme à Lui.

Le Shlah HaKadosh[6], à propos de la tsaraât et des sacrifices à offrir lorsque disparaît cette atteinte physique ou matérielle… En effet analyse-t-il une partie des sacrifices à offrir sont à consommer par ceux qui apportent les animaux à sacrifier. Or, remarque-t-il, ce sont des agneaux/moutons et sont sacrifiés 16 moutons par semaine[7], et dans le Cantique des Cantiques, le Roi Salomon à deux reprises comparent les dents de l’aimée à des brebis[8]c’est à ce propos que le grand cabaliste pense que le rapport n’est pas fortuit mais qu’au contraire, il existe un rapport allusif entre ces brebis/chèvres/moutons offerts et que l’on doit consommer avec ses dents  : 16 dents sur chaque maxillaire et deux maxillaires par personne……

Ce n’est pas pour rien que le proverbe enseigne à être prudent lorsque l’on parle car : la vie ou la mort par la force de la « langue ». En effet en colportant des bruits, des mensonges parfois seulement des mots anodins et pourtant ces mots peuvent condamner et mener bien plus loin que l’on aurait voulu !!!!

Caroline Elishéva REBOUH

[1]  Le croiront-ils dit-il, ne laissant pas même une chance de croire à l’un des membres de ce peuple.

[2]  Dans Tazria sont traités les cas de tsaraâth de la lèpre qui atteint le corps et le vêtement et dans matsora, il s’agit de la tsaraât s’attaquant à la maison…

[3] 1724 à Jérusalem décédé à Livourne en 1806

[4] Rabbi Abraham Azoulay né au Maroc en 1569 à Fès et d2c2d2 en 1643 à Hébron

[5]  Malbim ou Rabbi Méïr Leibusch ben Yehiel Michel Weiser né en 1809 en Ukraine (Volotchysk) et décédé en 1879 en Ukraine (Kiev).

[6]  Yishâya HaLévy Hourwitz surnommé le Shlah d’après le titre de son œuvre maîtresse : « shné Louhoth HaBrith Né à Prague en Tchéquie et décédé à Safed en 1630.

[7]  2 par jour, pendant 7 jours + 2 de plus le shabbat = 16.

[8]  Cantique des Cantiques Chapitre 4  verset 2 :

שִׁנַּיִּךְ כְּעֵדֶר הַקְּצוּבוֹת, שֶׁעָלוּ מִן הָרַחְצָה, שֶׁכֻּלָּם מַתְאִימוֹת וְשַׁכֻּלָּה אֵין בָּהֶם.

Et, chapitre 6 verset 6

שִׁנַּיִךְ כְּעֵדֶר הָרְחֵלִים, שֶׁעָלוּ מִן הָרַחְצָה, שֶׁכֻּלָּם מַתְאִימוֹת וְשַׁכֻּלָּה אֵין בָּהֶם.

Et verset 2 : שִׁנַּיִךְ כְּעֵדֶר הַקְּצוּבוֹת, שֶׁעָלוּ מִן-הָרַחְצָה:  שֶׁכֻּלָּם, מַתְאִימוֹת, וְשַׁכֻּלָה, אֵין בָּהֶם.