L’EUR passe au-dessus des 3,65 ILS ; l’USD grimpe de plus de 11 % cette année par rapport à l’ILS. La banque Lombard Odier : “L’USD poursuit sa course sur fond d’enlisement du conflit russo-ukrainien et la baisse des prévisions de Croissance de la Chine”.

Le dollar continue de se renforcer face au shekel, passant au-dessus de 3.46 ILS au 10/05/2022, enregistrant par là-même un bond de plus de 11 % depuis le début de l’année face à la devise israélienne.

Dans le même temps, L’euro s’est également renforcé face au shekel atteignant un cours de 3.65 ILS. Sur le marché mondial, le dollar enregistre une stabilité par rapport aux six principales devises.

Analyse de l’économiste en chef au sein de la banque Mizrahi Tefahot : “le shekel s’est déprécié de 10.50 % face au dollar depuis le début de l’année. Cette baisse est en grande partie liée à l’appréciation du dollar dans le monde.

L’Ukraine et ses conséquences, le ralentissement de l’Économie chinoise (en partie à cause d’une politique de tolérance zéro face à la Covid-19), ainsi que les craintes d’un ralentissement de l’Économie mondiale durant la seconde moitié 2022 (conformément aux prévisions de la Banque mondiale et du FMI) provoquent la baisse des devises des différents pays émergents, qui sont mis à mal par la détérioration du sentiment économique, au profit d’alternatives plus sûres, le dollar en tête. L’euro s’est lui aussi affaibli de 7.50 % face au dollar depuis le début de l’année”.
“De plus, la hausse du taux directeur beaucoup plus nette et plus rapide qu’initialement envisagé par la FED, ainsi que les hausses à venir, ont provoqué une forte hausse du dollar par rapport aux devises à faible taux directeur ; l’écart entre elles devrait se creuser dans les mois à venir, et la dépréciation du shekel par rapport au dollar se maintenir”.

Au sujet de l’Inflation, il estime que dans la mesure où cette dernière est de 2.5 fois supérieure à celle en Israël, la FED devrait encore augmenter son taux directeur et ce plus fortement que la BCI – Banque Centrale d’Israël – ayant pour conséquence l’augmentation du cours de l’USD face à l’ILS.

“D’autres facteurs jouent toutefois actuellement contre le shekel : la baisse des marchés boursiers à l’étranger, et en particulier aux États-Unis, oblige les institutionnels israéliens à acheter des USD afin de réduire leur exposition au change”.

Et de conclure, sur le fait “qu’il convient de garder à l’esprit qu’il est probable que bon nombre des facteurs que nous avons mentionné ont contribué à la dévaluation du shekel jusqu’à présent (qui, comme mentionné, est plus forte que la dévaluation de l’euro par rapport au dollar).

Toutefois, l’Économie israélienne est toujours forte et, pour le moment, la guerre en Ukraine n’a pas eu de réelles répercussions en Israël. À un moment donné, il est probable que ces atouts contribueront à freiner la dévaluation du shekel par rapport à l’USD”.

À l’étranger, la banque privée suisse Lombard Odier, analyse que “l’USD poursuit sa course sur fond d’enlisement du conflit russo-ukrainien et la baisse des prévisions de Croissance de la Chine”.

Concernant le conflit russo-ukrainien, leur “scénario de base table sur un conflit dans le temps. Dans un tel scénario, nous nous attendons à ce que l’EUR se situe à 1.06 USD.

Cependant, les événements récents montrent que les risques d’exacerbation et de perturbation du flux de Gaz ont augmenté, ce qui pourrait quasiment les amener à parité, à savoir 1 EUR = 1.02 USD. Mais le risque réside toujours dans la poursuite du renforcement du dollar.

En effet, il pourrait y avoir un scénario de baisse à 0.98, suite à un recalibrage des anticipations des spreads de taux américains et au resserrement de la politique monétaire de la FED”.

Dans sa revue hebdomadaire, Stephane Munier, directeur des investissements de la banque, note que dans un scénario d’escalade mondiale, le cours pourrait tomber à 1 EUR pour 0.95 USD.

Par ailleurs, il souligne le fait qu’en cas de conflit long, l’expérience montre que les dollars canadien et, surtout, étasunien sont souvent des devises-refuges au détriment d’autres devises, telles que l’EUR et le Yen japonais ; le Franc suisse devrait également tirer son épingle du jeu en cas d’extension du conflit russo-ukrainien.

Concernant la croissance en Chine, “nous assistons à de nouvelles fermetures en Chine ainsi qu’à des signes croissants de perturbation de la chaîne d’approvisionnement, ce qui nuit aux prévisions de Croissance mondiale”.
“Les évolutions que nous avons énumérées présentent non seulement un risque pour la Croissance, mais augmentent également le risque d’Inflation car elles affectent la chaîne d’approvisionnement. Alors que les liquidités mondiales diminuent à un rythme plus rapide, le dollar devrait continuer à gagner un soutien stable.”

Ofer Klein, responsable de la division économie et recherche au sein de la compagnie d’assurances Harel  analyse que  “l’Inflation et la réaction agressive de la FED à cette dernière, incitent la plupart des banques centrales à réviser leur taux directeur à la hausse, faisant planer le spectre d’un ralentissement de la Croissance et d’une augmentation de la Volatilité”.

Au sujet de l’USD, “son renforcement partout dans le monde n’a pas épargné Israël, en conséquence de quoi, nous avons revu la semaine dernière nos prévisions d’Inflation à la hausse. Le 15/05/2022, l’indice des prix à la Consommation d’avril sera publié et nous prévoyons une augmentation d’environ 0.80 % en raison de l’augmentation du prix du Carburant, de l’Alimentation et des Loisirs.

L’Inflation atteindra les 4 % et ces facteurs justifieront une éventuelle augmentation du taux directeur d’un quart de point par la BCI d’ici la fin mai 2022. Concernant le devenir du dollar-shekel, nous estimons qu’à long terme, face à la volatilité, les facteurs structurels reviendront renforcer le shekel”.

Avec l’aimable autorisation de KNE
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