Avant Pessah, souvent dès après Tou Bishvat et certaines dès le lendemain de Pourim, dans tous les foyers on s’emploie à « liquider » tout ce qui est « hamets » et l’on commence à nettoyer la maison en passant au crible tous les coins de l’appartement, en retournant les poches et en les secouant, époussetant les livres et en nettoyant tous les jouets. Le résultat est que la maîtresse de maison arrive le plus souvent, au soir du seder sur les rotules, heureuse et fière du travail accompli, certes, mais, épuisée et ce n’est pas ce qui doit réellement se passer… En effet,  la mitsva réelle de Pessah réside en annihilant tout le hamets en notre possession et aussi de ne pas le voir et, si malencontreusement, on voit du hamets, il suffira de verser dessus de la javel afin que d’après la halakha « même un chien ne puisse le consommer » !

La mitsva de la « chasse au hamets » réside en un tout autre domaine : il faut que chacun d’entre nous – et pas seulement la mère de famille – parte à la recherche du hamets qui se loge au plus profond de nous-mêmes : le hamets  est une parabole ! Le hamets est cet orgueil que nous n’avons pas su déloger de notre cœur, c’est cette suffisance avec laquelle nous nous conduisons. La matsa est appelé pain de misère non pas parce qu’il est bon marché mais parce qu’elle est le symbole de l’humilité.  Bien entendu, chaque femme met un point d’honneur à nettoyer régulièrement ses armoires et son réfrigérateur, pour Pessah, il suffit de fermer (avec du scotch large de couleur ou transparent et d’inscrire dessus le mit « hamets » pour se souvenir que les ustensiles ou les provisions qui y sont ne sont pas d’usage permis pendant la fête) et puis, aller chez son rabbin et « vendre son hamets » jusqu’à la fin de la fête (ceci est très important).  D’un cœur léger, sortez les ustensiles réservés à la fête ou bien les ustensiles à usage unique et à jeter et passez un Pessah agréable et détendu avec tous les membres de votre famille et sans mauvaise conscience.

Ainsi que je le dis toujours il faut que le soir du seder tout le monde soit « beseder » (pour les non hébraïsants : il faut que tout le monde soit en bonne condition pour la soirée du seder).

LE PLATEAU :

Dans le plateau doivent figurer certains éléments qui ont tous une symbolique très puissante :  lorsque l’on a un plateau simple, rond sans cavités pour y disposer les aliments, on dispose le plateau de la façon suivante : (considérons le plateau comme une horloge de manière à désigner par  des « heures » l’emplacement exact des aliments)

  • SUR L’EMPLACEMENT DU CHIFFRE     10   BEITSA ou œuf dur
  • SUR L’EMPLACEMENT DU CHIFFRE       2   ZEROA  ou os d’épaule ou aile de poulet
  • SUR L’EMPLACEMENT DU POINT D’ATTACHE DES AIGUILLES (centre) : LE MAROR ou herbes amères  (feuilles de salade)
  • SUR L’EMPLACEMENT DU CHIFFRE       8   KARPASS ou CELERI ou persil
  • SUR L’EMPLACEMENT DU CHIFFRE       4   HAROSSET ou mortier
  • SUR L’EMPLACEMENT  DU CHIFFRE      6    HAZERETH ou  Raifort/ eau vinaigrée / eau salée

ET, PAR DESSUS TOUT CECI, DANS UN NAPPERON CONSTITUE DE TROIS POCHES ASSEMBLEES ENSEMBLE  L’ON DISPOSERA LES 3 MATSOT SUR LESQUELLES vont être faits : « le partage de la mer » et le motsi-matsa  puis, c’est de la galette partagée que l’on fera les « sandwiches » de matsa, maror et harosset et à la fin du repas et avant la lecture de la deuxième partie de la haggada,  on prendra de cette matsa pour partager « l’afikomen ».

Quel est l’enseignement qui se dissimule derrière tout ceci ?

Pessah est, en fait une fête à fin didactique pendant laquelle on tente d’aiguiser l’attention des petits et des grands et, chacun à son niveau, questionne et reçoit des réponses et, …..il y en a pour tout le monde pour les plus jeunes ou les plus chevronnés, pour les esprits auxquels suffit une explication littérale ou plus élaborée, philosophique et même mystique.

Les MATSOT au nombre de 3 pour rappeler tout d’abord l’ordre de Cohen Lévy et Israël, le pain  qui est la base de l’alimentation et qui comprend en elles trois les trois premières séphiroth de l’arbre de vie cabalistique  sans la séphira principale qui symbolise la présence divine,  Keter : Bina  Hokhma et Daâth.

BEITSA : l’œuf dur qui, de par sa forme rappelle à l’être humain son origine et sa destination : il est né de la terre et retourne à la terre : la séphira de Guevoura.

ZEROA : l’os d’épaule d’agneau ou pour certains une aile de poulet pour rappeler que c’est avec une main puissante et un bras tendu que D nous a fait sortir du pays d’Egypte il rappelle aussi le sacrifice de l’agneau pascal la séphira de Hessed.

MAROR : rappelle l’amertume  dans laquelle nous avons vécu pendant toutes ces années d’esclavage ainsi que le KARPASS à la saveur âcre. La séphira de Tif’éret.

HAROSSET : c’est le mortier que nous avons fabriqué en Egypte pour construire des villes et des pyramides. Pour faire ce mortier nous mélangions de la tourbe à de la paille et, selon les coutumes nous faisons ce mortier soit à base de figues séchées sans farine ou avec des dattes écrasées ou avec des pommes râpées dans ces fruits en pâte on a coutume d’ajouter des noix et/ou des amandes hachées, de la noix muscade et du vin doux. Certains le font liquide et d’autres le font en pâte. La séphira de Netsah.

HAZERETH : c’est du raifort dont l’essence est si puissante qu’elle fait jaillir des larmes ou de l’eau salée ou vinaigrée comme es larmes amères versées durant toutes ces années d’esclavage ; la séphira de Yissod.

Et, le plateau par lui-même est la séphira de Malkhout.

Au  début  du seder chez les Algériens on a coutume de soulever le plateau et de le faire passer au-dessus des têtes des convives, l’un des convives en général s’acquitte de cette tâche, puis, il fait passer le plateau sur lui-même puis sur l’ensemble de la tablée et l’on recommence cette opération trois fois. Pendant ce temps tous les commensaux reprennent en cœur cette phrase qui change selon qu’on soit d’Algérie ou du Maroc. (on m’a demandé d’écrire en phonétique cette phrase voici donc ) :

ETMOL HAYINOU AVADIM  HAYOM BENE HORINE HAYOM KANE LESHANA HABAA BIROUSHALAYIM  (hier, nous étions esclaves, aujourd’hui nous sommes libérés, aujourd’hui nous sommes ici et l’an prochain à Jérusalem)

Chez les Marocains on dit :

BEBEHILOU YATSANOU MIMITSRAYIM HALAHMA ANYA BENE HORINE  ( c’est avec frayeur que nous sommes sortis d’Egypte, avec le pain de misère  aujourd’hui nous sommes libérés).

Cette coutume est un symbole avec le plateau chargé des symboles de la vie d’esclaves et celui de l’agneau pascal et de la sortie d’Egypte, nous devons nous sentir affranchis de cet esclavage.

SEGOULOTH :  De nombreuses segouloth se trouvent en cette nuit de seder je donnerai ici seulement trois segouloth pour les personnes qui ont des difficultés à se marier on conseille :

  • Le lendemain matin d’arroser les pieds de la personne désirant se marier avec l’eau des « dix plaies ».
  • De manger l’œuf dur du plateau sans que personne ne s’en aperçoive, en se cachant sous la table.
  • De prendre un tout petit morceau de la viande du « zeroâ » et de bien l’envelopper et le garder sur soi ou dans son sac.

BESSOROTH TOVOTH (de bonnes nouvelles) !!!!

OMER : Dès le deuxième soir de Pessah, on compte le ômer (voir article joint) et l’on a coutume de prendre en main une poignée de gros sel.

Il est bon de ne pas se détacher des coutumes même si parfois nous n’en connaissons pas la source. Les coutumes sont une part de nous-mêmes et de notre identité…….PESSAH CASHER ET SAMEAH !

Caroline Elishéva REBOUH