Au lendemain de Yom Hashoah, il est indispensable de se pencher sur cette célèbre formule de Berthold Brecht qui dressait un constat catastrophique sur la situation du pays qui l’avait vu naître. Tous les éléments montrent aujourd’hui que l’antisémitisme qui avait atteint son sinistre zénith dans l’Allemagne nazie revient en force dans le monde, sous diverses formes, mais sa progression est particulièrement notoire dans ce pays. L’augmentation inquiétante et constante des actes antisémites, année après année, est constatée par tous les observateurs, même si ces faits passent encore sous les radars de l’information de masse et ne suscitent pas les réactions que l’on attendrait, ni en Allemagne ni d’ailleurs en Israël.
Rien que très récemment, des cris de « Mort aux Juifs » et « Mort Israël » ont été entendus dans la capitale allemande lors d’une manifestation propalestinienne organisée par des mouvements de gauche, un exemplaire du pamphlet antisémite « Le Protocole des Sages de Sion » a été exposé dans la vitrine d’une librairie musulmane et des « œuvres d’art » à thèmes antisionistes et antisémites ont été présentées lors d’une exposition dans la ville de Kassel. Trois points communs à ces exemples : une réaction quasi-inexistante de la police et des autorités.
Mais au-delà de ces faits ponctuels dont la gravité est à prendre avec le plus grand sérieux, il y a un autre aspect qui n’est pas moins inquiétant car il concerne l’Etat allemand lui-même. Parallèlement aux déclarations récurrentes sur le soutien à Israël et la lutte contre l’antisémitisme au nom de la mémoire, l’Etat allemand applique une politique d’intervention active dans les affaires de l’Etat d’Etat d’Israël par le biais d’un généreux financement d’ONG israéliennes de gauche qui veulent saper les fondements de l’Etat juif et pour certaines soutiennent ouvertement le terrorisme.
C’est le cas du Centre pour la défense de l’individu. Grâce à une équipe infiltrée munie d’une caméra cachée, l’organisation d’investigation « Ad Kan » a réalisé un reportage qui fait froid dans le dos au sein de cette organisation, qui sous couvert d’un nom louable finance et assure la défense judiciaire des terroristes – y compris ceux ayant du sang juif sur les mains – et apporte un soutien actif à leurs familles sous diverses formes.
La politique appliquée par ce centre n’est pas uniquement basée sur des motifs judiciaires, au nom du droit à tout individu à être défendu devant les tribunaux. Cette organisation s’est idéologiquement placée du côté du terrorisme et tente par tous les moyens de faire obstacle à Tsahal et aux agences sécuritaires dans leur lutte légitime contre ce fléau.
Les propos tenus par des responsables – actuels ou passés – de ce centre laissent pantois. Ainsi, une ancienne directrice-générale entre 1990 et 2017, Dalia Kirstein exposait ses opinions politiques : « Israël ne doit pas être un Etat juif mais l’Etat de tous ses citoyens ». Elle regrettait également que la « naqba » ne soit pas mise en valeur et accusait Israël « d’exploiter la Shoah de manière honteuse ». Mais surtout et beaucoup plus grave, elle expliquait sans sourciller à son interlocutrice qu’elle espérait une nouvelle intifada et admettait l’assassinat de juifs « de temps en temps » tout en reconnaissant que certains assassinats – notamment le carnage à la synagogue de Har Nof en novembre 2014 – « n’avaient pas été très élégants » !!
Un reportage troublant et révoltant en deux épisodes diffusé uniquement sur la chaîne 14 mais qui n’a malheureusement rencontré aucun écho sur le plan politique ou judiciaire alors que ces propos entrent dans le cadre de la loi interdisant le soutien au terrorisme, normalement très sévèrement puni par la loi. Filmée à son insu, Kirstein avait demandé à son interlocutrice « de garder pour elle ce qu’elle venait d’entendre » et reconnu que son organisation ne vit que grâce à des fonds « en provenance de l’étranger ».
Dans un document fourni par WikiLeaks, l’actuelle directrice-générale du centre, Jessica Montel, ancienne directrice-générale de B’Tselem avait déclaré, après l’Opération antiterroriste « Plomb Durci » que l’objectif de son organisation était « qu’Israël y réfléchisse à deux fois avant de se lancer dans une nouvelle opération de ce genre ».
Pour Guilad Ach, directeur-général d’ « Ad Kan », l’action des ONG de ce style devrait inquiéter tous les citoyens d’Israël et en premier lieu les responsables sécuritaires du pays.
Le Centre pour la défense de l’individu n’est de loin pas la seule ONG anti-israélienne à être financée soit directement par des Etats étrangers soit par le biais du New Israel Fund qui perçoit des millions de dollars chaque et les dispense à toute une kyrielle d’organisations telles que B’Tselem, Adalah, Shovrim Shetika, Yesh Din, Shalom Akhshav pour ne citer qu’elles. Des tentatives de freiner ce phénomène se sont toujours heurtées à des obstacles politiques ou en fin de parcours à la Cour suprême, toujours cette même Cour suprême déconnectée des intérêts supérieurs de l’Etat d’Israël.
Le financement par des Etats étrangers d’organisations israéliennes…anti-israéliennes (arabes ou juives) n’est pas l’apanage unique de l’Allemagne, loin s’en faut. Parmi les sponsors les plus généreux on trouve les Etats scandinaves, les Pays-Bas, la Suisse, la Belgique et la France mais également l’Union européenne et l’Onu qui tentent par ce biais de s’ingérer dans les affaires de l’Etat d’Israël par le canal financier et judiciaire. Mais venant de l’Allemagne, il s’agit d’une attitude particulièrement ignoble et inadmissible en raison du passé criminel de cet Etat et de ce qu’on serait en droit d’attendre d’un tel pays.
Elle montre que Berthold Brecht avait raison : le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde. Même si les formes de cet antisémitisme ont changé, il en reste des molécules et des métastases tenaces dans le pays de Goethe et Schiller.
Le journaliste Shimon Riklin, de la chaîne Aroutz 14, commentant ce phénomène, a rappelé une phrase saisissante que lui avait dit son père : « L’antisémitisme n’est pas mort en Allemagne, il se repose… »

Shraga Blum pour LPH.com