Je n’ai rien contre l’authentique hassidut Breslav ou contre les écrits de Rabbi Nachman de Breslav, bien au contraire !!
Si des dizaines de milliers de personnes se rendent chaque année à Ouman en Ukraine, à Roch Hachana, pour se prosterner sur la tombe de Rabbi Nahman, ce n’est pas un fait anodin, ex nihilo : un système de propagande bien huilé, un lavage de cerveau suffisent à une personne pour entrer en félicité et s’auto persuadée que sur la tombe de Rabbi Nachman, il sera sauvé pour toute l’année.

Cette manifestation extatique de masse est toujours diffusée en direct dans le monde juif et projetée sur des écrans géants. C’est la vitrine du judaïsme au XXIe siècle. Un phénomène social, dont le pouvoir magique balaie même ceux qui, le reste de l’année, sont des gens rationnels et mènent une vie ordinaire. Tout est probablement conduit par ces organisations fallacieuses qui en tirent des millions de shekels – la nouvelle hassidout Breslav, les compagnies aériennes, les agences de voyages, les intermédiaires, sans oublier la société officielle et officieuse ukrainienne.

Cela rappelle également le phénomène hippie des années 1960, lorsque des dizaines de milliers de personnes ont voyagé des États-Unis vers l’Inde et ailleurs dans le monde, où elles pouvaient rompre et consommer de la drogue et du sexe. Cela rappelle tout sauf le judaïsme. Vous n’avez pas six cents dollars pour un billet d’avion pour Ouman ? Rabbi Nachman s’occupera de tout. A Ouman, il y a un démantèlement des jougs et des responsabilités. S’ils voulaient passer du temps sur la Côte d’Azur, ils ne pourraient se justifier, même s’il avait mieux valu qu’ils s’y rendent pour Roch Hachana. Au moins là-bas, il n’y aurait guère besoin de sentiment religieux intime contrefait, où l’expression du judaïsme se trouve à l’intérieur d’une tombe. Au moins sur la côte il serait question du loisir en son nom et non au nom de la religion. Le phénomène extatique à Ouman est animé par un grand nombre de mauvaises herbes humaines. Le saviez-vous, la débauche, la drogue et le sexe y sont omniprésents, une réalité sans précédent dans l’histoire du judaïsme. Elle ne peut être comparée qu’au faux messianisme qui a caractérisé notre exil à différentes époques.

Mais ce phénomène social, artisanal, s’étend chaque année et se perfectionne par des moyens sophistiqués de propagande. Son but est de phagocyter le judaïsme, le mode de vie juif. Car selon ses initiateurs, dans le judaïsme il n’y a de place que pour le « tikoun » et le tombeau du rabbin Nachman de Breslav. Ce n’est pas similaire à l’approche des autres sectes hassidiques, qui existent selon leurs traditions et respectent en général les autres traditions. Voici donc des personnes, dont la plupart, qui ont trouvé la foi vers une religiosité exacerbée soudainement, prétendent, malgré une ignorance flagrante, vouloir influencer l’ensemble du judaïsme, jusqu’à ce que tous deviennent Breslav. Quiconque n’accepte pas Rabbi Nachman souffre d’un manque de judaïté.

Le noyau authentique des fidèles vétérans de Breslav, qui se sont jusqu’ici conduits comme tous les hassidim, se voit défait de l’intérieur. Ce phénomène, qui fait de la prosternation sur la tombe le prédicteur de tout et le fondement du judaïsme, dénature l’esprit, il est dangereux pour le judaïsme lui-même et constitue une vitrine qui est l’incarnation du blasphème. Ils prétendent que beaucoup sont touchés par ces « idéaux mystiques » et retournent à leur judaïsme grâce à eux, la bonne affaire ! Le prix est ce qui se passe à Ouman : la création d’un nouveau culte, basé sur une vision du monde que Maïmonide définirait comme idolâtre, dans laquelle l’homme rejette sa responsabilité sur une lecture mystique et une prosternation macabre. Cette explosion incontrôlée de mysticisme, et sa connexion au capital et au pouvoir, le lavage de cerveau et l’hégémonie sur le judaïsme, exploseront un jour de l’intérieur, pour eux comme pour nous. Je ne veux pas appartenir à un tel judaïsme.

Le pèlerinage d’Ouman est une fête qui tient de la rave party, du « burning man » comme du « Kumbh Mela » (pèlerinage hindou), un « Lourdes » juif pour la rédemption des éclopés de l’âme. Le pèlerinage d’Ouman est réservé aux hommes, certains sont soupçonnés de le faire pour cette raison. Imaginez : un prétexte pieux pour échapper à femme, enfants, et surtout belle-famille au Nouvel An ! Encore un bienfait de Rabénou (« notre maître » en hébreu, en déférence à Rabbi Nahman). Public masculin, mais hétéroclite. Ce que la catastrophe de Meron a en commun avec le phénomène Ouman, c’est cette béatitude et la passion pour les frissons de la ferveur religieuse. Et cela a des conséquences tragiques. Nous en sommes les premiers témoins.

La plupart des pèlerins à Ouman recherchent l’enthousiasme dévot, la piété mystique. On se souvient des temps de l’île de Wight et Woodstock. Une expérience passionnante qui implique de voyager à l’étranger. C’est la liberté pour l’un et le dépit des femmes et des enfants, abandonnés par les passagers qui allaient vers le froid, persuadés qu’il y avait là une ordonnance sinaïtique, Ouman est un épiphénomène juif, mais un dommage pour tout ce qui est Hébreu-Israël. C’est une honte !

Une atteinte au sens du projet divin pour l’humanité. Des dizaines de milliers de personnes s’épanchant sur une tombe, c’est une évocation du mort et une manifestation aux relents païens.
– Est-ce là la sagesse et la vocation d’Israël pour lui-même aux yeux des nations ?
– Que devons-nous penser de nous-mêmes ?
– Peut-on prouver que Rabbi Nachman n’a jamais prêché ou suggéré à chaque Juif d’Israël de quitter la terre aux jours saints et d’aller se prosterner sur une pierre tombale ?
– Pense-t-on vraiment que tous les Juifs devraient quitter la terre d’Israël et aller à Ouman ?
– Et qu’en est-il des femmes, n’ont-elles pas besoin de Rabbi Nachman pour les sortir de leur enfer, de leur souffrance face à l’exil volontaire de maris béats pendant une semaine ou deux ou plus? Elles ont certainement gagné leur monde futur. Le pire, c’est l’excentricité de l’esprit, sa blessure et son agonie. Car de plus en plus d’Israéliens et autres hurluberlus croient dur comme fer qu’il suffit de venir geindre ou brailler à travers une sorte de danse de Saint-Guy autour de la pierre froide, pour être absous de tout péché. L’effervescence règne au mausolée, centre névralgique des festivités. La synagogue construite autour est une fournaise aux allures de ruche pleine à craquer H24. Le Graal est de parvenir à toucher le mur derrière lequel se trouve le caveau du saint. Il se forme de formidables bousculades pour s’en approcher, on se pousse et l’on joue des coudes dans une atmosphère survoltée, mais bienveillante. Parce qu’ils étaient avec Rabbi Nachman, lui s’occupera d’eux, on y croit ! Croire que le mort, et serait-ce le plus grand homme, sauvera l’homme est une ineptie. L’invocation des morts est une idolâtrie pure et simple, pire encore, l’annihilation de tout esprit critique chez des dizaines de milliers de personnes. Les passagers du délire collectif apprécient l’expérience palpitante.

Voyager à l’étranger dans des conditions de tout terrain, être comme sur un champ de bataille, donne aux jeunes et moins jeunes un substitut émotionnel du vrai combat. La préparation de ce long voyage donne aux jeunes un sens rituel. Ils deviennent actifs et pas seulement en train d’apprendre. Nous commençons déjà à réaliser que Rabbi Nachman sera révélé, un de ces jours, comme le Messie, et tout le monde, y compris les Lituaniens et les ‘Hassidim, comprendront que Breslav est l’expression religieuse la plus digne.

L’ecstasy-extase est un produit entraînant et apprécié, les hommes l’aiment oh combien. Soyons fous, à mon humble avis, Rabbi Nahman ne sera plus jamais là à Roch Hachana, lui aussi aura choisi de fuir et de s’enfuir vers sa terre tant aimée, Eretz Israël. Comment pouvoir assumer la responsabilité de ce folklore, mystique et mythique, inventé de toute pièce en son nom ?

Rony Akrich pour ashdodcafe.com
67 ans, enseigne l’historiosophie biblique. Il est l’auteur de 7 ouvrages en français sur la pensée hébraïque. « Les présents de l’imparfait » tome 1 et 2 sont ses 2 derniers ouvrages. Un premier livre en hébreu pense et analyse l’actualité hebdomadaire : « מבט יהודי, עם עולם ». Il écrit nombre de chroniques et aphorismes en hébreu et français publiés sur les médias. Fondateur et directeur de l’Université Populaire Gratuite de Jérusalem (Café Daat). Participe à plusieurs forums israéliens de réflexions et d’enseignements de droite comme de gauche. Réside depuis août 2023 à Ashdod après 37 ans à Kiriat Arba – Hevron.

SITE OFFICIEL: https://ronyakrich.com/