Il existe deux manières de mener les gens et de générer une cible.
La première solution consiste à diviser les individus : créez un ennemi commun et menez une croisade pour le conquérir. Transformez-le en condition de vie ou de mort. Le sentiment d’aversion libère un soutien inconditionnel.

Conquérir, gagner à tout prix, c’est tout ce qui compte !

L’autre façon de gouverner le peuple c’est de l’unir : créez un idéal à partager et incitez les gens à le construire avec vous. Transformez-le en une quête de vie.

Ce voyage pour construire quelque chose de plus grand, qui les dépasse, unit les gens. Ils se joignent à cette mission avec le désir de laisser un héritage.

Les dirigeants ont deux choix : unir ou diviser.

L’expression latine « Divide et impera » est aussi vieille que la politique et la guerre. Vingt-deux siècles auparavant, c’est à Jules César qu’on a attribué l’approche « divisez votre ennemi pour que vous puissiez régner ». Il l’a appliquée, avec succès, pour conquérir la Gaule. Mais il n’était ni le premier ni le dernier à la mettre en œuvre.

Nicolas Machiavel a dit : « La politique n’a aucun rapport avec la morale. » L’homme politique et diplomate italien pensait qu’il valait mieux être un leader craint qu’un leader aimé. Il s’est appuyé sur l’art de la manipulation pour se forger des partisans et des alliés. Le terme machiavélique est devenu synonyme de faits marqués par la ruse ou la mauvaise foi. « Celui qui trompe trouvera toujours ceux qui se laissent tromper. »  disait Machiavel.

Les divisions sont une illusion tant pour le leader que ses partisans, car ils créent une réalité fictive.

Les conquérants sont des conteurs compulsifs, ils profitent de chaque occasion pour nourrir la colère et la violence.

Cependant, les tactiques trompeuses fonctionnent à court terme car, à long terme, les gens finissent par séparer la fiction de la réalité. Le moyen le plus courant de diviser les gens, c’est de créer un ennemi commun. Les dirigeants nous obligent à choisir, entre être pour ou contre leur croisade.

Hitler avait déclaré : « Notre stratégie est de détruire l’ennemi de l’intérieur, de le vaincre par lui-même. » Le leader fanatique a utilisé l’approche « eux » contre « nous » comme excuse pour envahir la plupart des pays européens.

Les conquérants réussissent en créant deux camps.

La désindividuation est un comportement de groupe où les gens deviennent la proie de ce type de leader. Les individus abandonnent la conscience et la maîtrise de soi pour imiter les autres, le comportement collectif prenant le dessus sur le jugement individuel.

Dans l’Allemagne nazie, le vandalisme et la persécution se sont produits car l’individualité s’est perdue dans l’identité du groupe. L’objectif ultime du diviser pour régner est d’acquérir, et conserver le pouvoir, en divisant les communautés en groupes plus petits et moins puissants.

Les conquérants feront tout ce qu’il faut pour gagner — ils ne se soucient pas de l’avenir.

Comme disait Attila le Hun :«Là où je suis passé, l’herbe ne poussera plus jamais !» 

Le contraire de « diviser pour mieux régner » est « unir et bâtir” !

Les initiateurs voient la victoire comme une récompense pour avoir fait ce qui est juste. Ils se concentrent sur la création d’un héritage, comme le « Risorgimento » italien, signifiant : résurgence ou renaissance nationale, fruit d’une volonté de rendre son propre monde meilleur. Je vous mets en garde contre le culte du dirigeant et la façon dont le pouvoir corrompt, les autocrates voient le peuple comme un ensemble de disciples devant obéir à leurs injonctions.

Les bâtisseurs adoptent une approche différente :  ils ne vous disent pas de travailler pour eux, mais pour l’utilité du devoir accompli. Les dirigeants peuvent nous inciter à donner le meilleur de nous-mêmes, mais ne peuvent pas nous forcer à abandonner notre âme. Ils doivent dire : « Rejoignez-moi et suivez l’idéal, non pas moi ! »

Les créateurs, motivés par un objectif plus grand qu’eux-mêmes, se concentrent sur l’impératif et non sur les personnes.  L’impact sur la société est plus significatif que leurs revenus annuels. Cela garde son d’importance, mais gagner de l’argent ne suffit pas ! Un peuple axé sur un objectif est un peuple où les citoyens, non seulement veulent se mobiliser, mais ont une raison probante de le faire.

Défions notre peuple en lui martelant : les individus n’achètent pas ce qu’ils font, ils achètent ce pour quoi ils le font. C’est le peuple qui change le monde !!

Les initiateurs agissent d’une manière personnellement significative et socialement bénéfique. Des études montrent que les dirigeants, liés à un objectif idéal et définitif, influent sur leurs citoyens, plus susceptibles d’y adhérer également. L’ouvrier en est un exemple parfait :  sa tâche est de vendre des chaussures, mais le but du père fondateur était de fournir des chaussures gracieusement aux personnes les plus démunies.

Cependant, cette approche nécessite d’accepter la vulnérabilité et de prendre des décisions courageuses.

Il y a quelques années, une grande marque de vêtements mena une campagne contre le consumérisme — elle encourageait les clients à réfléchir à deux fois avant d’acheter une autre veste. Ce fabricant de vêtements d’extérieur pensait qu’il serait hypocrite de défendre le changement environnemental sans s’attaquer à une consommation inconsidérée.

Promouvoir l’unité ne signifie pas laver le cerveau des gens ou adopter le conformisme.

La pensée de groupe est un comportement dangereux qui élimine les conflits pour parvenir à un consensus, elle diminue la capacité à évaluer de manière critique les alternatives. Les individus abandonnent ou font taire leurs opinions, idées ou croyances, pour plaire à la pensée collective.

Les conquérants peuvent, consciemment ou non, exercer une pression immense sur leurs partisans, la mission devenant incontestable, les gens choisissent de garder le silence. Une autre considération sera à prendre en compte dans les institutions axées sur un objectif, la plupart d’entre elles affirment l’être, mais très peu le pensent réellement. Faire semblant d’être un bâtisseur si vous ne l’êtes pas peut être tout aussi dommageable, sinon plus, qu’être un diviseur.

L’objectif ultime du leadership « unir et construire » n’est pas d’acquérir du pouvoir, mais de donner aux gens les moyens de réaliser quelque chose de plus grand grâce à la collaboration et non à la compétition. Les promoteurs peuvent triompher sans annihiler leur adversaire. Les entreprises, si elles se focalisent uniquement sur la concurrence, finiront par mourir. Celles qui se focalisent sur la création de valeur s’épanouiront.

« C’est la marque d’un esprit instruit que d’être capable d’entretenir une pensée sans l’accepter » écrivait Aristote.

Les créateurs incitent les gens à poursuivre une mission plus grande : les dominants veulent des adeptes, ils veulent des gens qui les suivent. Ils veulent créer un but , encouragent les gens à réaliser quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Considérez ces types de leadership comme les deux faces d’une même médaille. Parfois, la situation peut paraître floue.

En période de détresse, les divisions peuvent favoriser l’unité. Churchill a fait d’Hitler un ennemi commun pour unir ses concitoyens. Mais, une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, l’Angleterre avait besoin d’un promoteur, tout le monde voulait un avenir axé sur un objectif précis.

La lassitude de la guerre a joué contre Churchill… il est passé du statut de héros mondial à celui qui n’a pas été réélu.

Il faut encourager les institutions, et les dirigeants, à adopter un profil d’entrepreneur, la première étape consistera à se débarrasser de cette croyance : on ne peut pas gagner sans conquérir.

Devons-nous faire ce qui est juste ou ce qui donnera plus de résultats ?

Tu dois choisir : tu ne peux pas lancer la pièce et t’attendre à ce qu’elle atterrisse sur son arête.

Même les promoteurs du progrès nourrissent la division — de nombreux hommes politiques et dirigeants sont des dominateurs déguisés. Ils veulent nous séduire avec une mission déterminée, mais leurs actions font tout sauf nous unir. Si nous sommes obligés de penser en termes binaires, nous perdons. Nous sommes poussés à répondre à la mauvaise question — prendre un parti extrême est une réponse paresseuse.

Semer l’intolérance est un moyen efficace, mais nocif, d’acquérir plus de pouvoir. Les récits des dirigeants nous incitent à refuser les différences au lieu de les accepter, ils gagnent lorsque nous devenons bornés. Les gens considèrent les divisions comme quelque chose de normal et sans raison de s’inquiéter. L’opinion publique elle-même a, peut-être, également, été déformée par une mentalité de diviser pour mieux régner.

Le dualisme étant un scénario dangereux !

Les dirigeants qui divisent pour régner veulent des adeptes. Ils se soucient juste d’eux-mêmes.

Unir et construire génère autrui, on se soucie du droit et du devoir.

Les premiers sont égoïstes, les seconds servent l’idéal plus grand qu’eux-mêmes. Lequel es-tu?

Deux sortes d’individus existent : ceux désirant devenir quelqu’un et ceux aspirant à faire quelque chose – les premiers font du bruit, les seconds font l’Histoire!

Rony Akrich pour Ashdodcafe.com

A 68 ans, il enseigne l’historiosophie biblique. Il est l’auteur de 7 ouvrages en français sur la pensée hébraïque. « Les présents de l’imparfait » tome 1 et 2 sont ses 2 derniers ouvrages. Un premier livre en hébreu pense et analyse l’actualité hebdomadaire: «מבט יהודי, עם עולם» Il écrit nombre de chroniques et aphorismes en hébreu et français publiés sur les medias. Fondateur et directeur de l’Université Populaire Gratuite de Jérusalem (Café Daat) . Participe à plusieurs forums israéliens de réflexions et d’enseignements de droite comme de gauche. Réside depuis aout 2023 à Ashdod après 37 ans à Kiriat Arba – Hevron.

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