« Le Juif est considéré par les vivants comme un mort, par les autochtones comme un étranger, par les sédentaires comme un clochard, par les gens aisés comme un mendiant, par les pauvres comme un exploiteur, par les patriotes comme un apatride, et par toutes les classes comme un concurrent qu’on déteste.[1] »

Les Juifs en exil ont de tous temps été un peuple dans le peuple partout où ils étaient établis. C’est ainsi qu’à Babylone, la communauté juive eut pendant plus d’un millénaire ses tribunaux, sa police, ses corporations, ses régions, ses académies, et même un chef suprême appelé l’Exilarque[2]. L’étymologie même de ce titre indique que la communauté juive de Babylone ne se considérait pas comme des citoyens mais comme des exilés.

Depuis l’antiquité jusqu’au Moyen-âge, les Juifs avaient, en Occident comme en Orient, des institutions autonomes, avec des tribunaux rabbiniques qui jugeaient su base du droit hébreu[3]. Les Juifs vivant en dehors de ce cadre étaient rarissimes et finissaient le plus souvent par se convertir au christianisme ou à l’Islam. Quand, au 17ème siècle, Spinoza[4]est excommunié par les rabbins d’Amsterdam, il n’a pas vers qui se tourner. Il est parfois considéré comme le premier Juif laïque.

Hannah Arendt[5] relève dans « Eichmann à Jérusalem[6]   » qu’au vingtième siècle encore les Juifs d’Europe de l’Est étaient considérés comme un peuple distinct par leurs amis comme par leurs ennemis…   Je ne crois pas pour ma part m’être jamais considérée comme allemande – au sens d’appartenance à un peuple et non d’appartenance à un État, si je puis me permettre cette distinction ».

Vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale elle exprimait l’espoir qu’émerge une Europe unie dans laquelle « les Juifs seraient reconnus en tant que nation européenne et représentés au Parlement[7]».

Depuis l’Emancipation[8] au 19ème siècle, les Juifs se sont intégrés dans le monde libre et  perpétuent leurs traditions dans la sphère privée. Mais partout où le fait juif est plutôt une religion qu’une identité, le nombre de Juifs tend à diminuer. Des théoriciens du sionisme comme Ahad Ha’am[9]et Bialik[10] craignaient que l’Emancipation n’entraîne la fin de l’identité juive par l’assimilation. A notre époque, seules les mouvances ultra-orthodoxes persistent dans leur être de manière résolue dans des enclaves aux Etats Unis ou ailleurs, mais c’est précisément parce quelles ne sont pas assimilables. Mais en dehors de cela, la Diaspora est probablement en voie de disparition.

Il y a eu par le passé des initiatives en faveur de l’octroi de la nationalité israélienne aux Juifs qui n’envisageaient pas d’émigrer vers Israël. Il faudrait y repenser. Ceux que cela intéresserait introduiraient une demande en précisant qu’ils souhaitent acquérir la nationalité israélienne, tout en continuant à résider dans leur pays respectif. Ils ne seraient autorisés à participer aux élections législatives en Israël que dans certaines conditions. Par exemple, ceux ou celles qui accompliraient un service militaire ou civil en Israël et qui retourneraient ensuite chez eux. On pourrait aussi imaginer que ceux qui, sans résider en Israël, y passent un temps significatif, pour des raisons personnelles ou professionnelles aient également le droit de voter. A noter qu’actuellement les Israéliens résidant à l’étranger ne peuvent voter qu’à condition d’être présents dans le pays le jour des élections.

Beaucoup de Juifs se disent sionistes et soutiennent Israël, mais nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens de le manifester de manière concrète. Ceux qui s’estiment concernés par la Loi du Retour, concrètement ou symboliquement, pour eux-mêmes ou pour leurs descendants,   maintenant ou plus tard, ont, pour le moins, un devoir moral envers Israël. Prendre la nationalité serait une manière de l’exprimer par un geste fort. Il est vrai que ce pourrait être perçu en Diaspora comme un indice de double allégeance. Mais ce serait un effort mineur à consentir pour témoigner de sa solidarité envers Israël qui veille à la sécurité, à la pérennité et à la viabilité de l’Etat juif. Une raison supplémentaire serait de prévenir un engorgement administratif en cas d’augmentation soudaine de demandes d’immigration, consécutives à une vague d’antisémitisme.

© Daniel Horowitz

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