47 eme jour du Omer
Dimanche soir prochain, le 1er juin au soir, tombera la fête de Shavouot ou Pentecôte dont la signification est 50ème jour depuis Pessah.
L’HOMME EST-IL UN ANGE HUMAIN ?
Le quatrième tome du Pentateuque ou Houmach, en hébreu, est appelé de manière significative tant en français qu’en hébreu. En effet, en français on l’appelle les « NOMBRES » car, au cours de ce livre, à deux reprises on effectue un dénombrement du peuple juif et, en hébreu il est appelé BAMIDBAR « dans le désert » car il a pour décor le désert Sinaï et, au cours de ces lectures, il sera possible de se souvenir de ce qu’enseignent les Hazal : la Torah a été promulguée à travers 3 « éléments »1: le feu, l’eau et la poussière/terre/sable (1).
Le Shlah (2) HaKadosh interprète les dénombrements exigés par HaShem comme l’expression de Son affection pour Son peuple car, écrivit-il, un homme riche est toujours occupé à compter les pierres précieuses ou les perles qu’il possède pour être sûr qu’il n’en a pas perdu ou alors, tout comme un père ou une mère soucieux à propos de sa progéniture, s’assure en les comptant souvent qu’aucun d’eux ne s’est fourvoyé.
Le Kli Yakar (3) donne une raison pour laquelle le deuxième dénombrement a lieu un mois après le premier : c’est seulement après qu’un homme soit installé dans un lieu quelconque qu’il peut être considéré comme résident, c’est-à-dire qu’il peut être pris en considération tout comme quelqu’un qui réside en un lieu depuis un mois est astreint à fixer une mezouza.
La sidra de Bamidbar précède toujours la fête de Shavouoth qui termine la période de sept semaines pendant lesquels, chaque soir, les hommes comptent, en minyane, les 49 soirées qui séparent le premier soir de Pessah jusqu’à la fête des « bikourim » (primeurs). Cette fête des moissons est un rappel du midrash rabba (4) dans lequel le peuple juif est comparé au blé. Israël est comparé au bon grain de blé et pas à la paille. Ainsi Israël est assimilé à un gros tas de gros grains de blé et non pas à la paille qui peut s’envoler et ne pourra rien produire au contraire du blé qui peut donner naissance à d’autres épis ou duquel on peut produire de la farine ou confectionner de la nourriture. Le blé possède une valeur, au contraire de la paille qui, elle, est équivalente aux autres peuples, qui ne reconnaissent ni D ni Sa Torah. Les Juifs observant les mitsvoth énoncées dans la Torah et suppliant HaShem dans leurs prières, sont chers au Créateur à l’opposé des autres nations qui adressent leurs suppliques ou leurs louanges à d’autres « objectifs ».
Pour en revenir aux trois éléments cités plus haut, il nous faut expliquer pourquoi les Hazal ont cité : le désert, l’eau et le feu.
LE DESERT : parce que le désert est un lieu par excellence pour se retrouver, faire le point et revenir à la genèse des choses car, le désert c’est le sable, la terre dont on est sorti et vers laquelle on retourne, car, c’est dans la terre/poussière que Rabbi Shimon bar Yohay a vécu avec son fils 12 ans durant, enterrés jusqu’au cou et ne se nourrissant que de caroubes, dans un isolement sociétal complet pour éviter d’être distrait et dans cet isolement parvenir jusqu’aux sphères supérieures et faire partie de cette nature qui rapproche l’homme de son Créateur.
C’est aussi parce que c’est dans le désert que se sont produits des faits grandioses tels que le don de la Torah bien évidemment, mais c’est encore et toujours dans le désert qu’a été érigé le Mishkan. Bien entendu pouvons-nous relever aussi les différents faux-pas faits par certains protagonistes tels les « explorateurs » ou les différentes « révoltes » et c’est encore dans le désert que sont morts tous ceux qui ont participé notamment à la faute du veau d’or.
Cependant, HaShem, dans Sa Miséricorde a donné cette source d’Eau Vive qu’est la Torah, source auprès de laquelle, quiconque est altéré peut venir étancher sa soif (5).
Rabbi Shimôn bar Yohay écrivit, dans le Zohar, que lorsque D proposa à Israël de lui faire présent de la Torah et que le peuple s’exclama : « Naâssé Venishmâ », immédiatement, D fit présent à chacun d’un glaive sur lesquels était gravé le Shem Hameforash (6). Chacun sachant qu’en élevant ses yeux vers le ciel, sa supplique serait entendue de D, Seul et Unique à pouvoir aider Ses créatures.
Les Hazal affirment dans la Guemara Yoma ; La Torah n’a été donnée qu’à ceux qui ont mangé la manne (tombée du ciel) (7) car ces derniers ont été témoins de l’attachement du Saint béni soit-IL à Ses enfants : en effet, HaShem aurait pu donner une fois dans l’année la quantité totale de manne nécessaire à l’usage d’une famille mais, IL tint à distribuer la manne quotidiennement comme une mère, par amour, donne la becquée à ses petits et, de cette manière, les yeux d’Israël étaient tournés vers le Ciel pour prier et demander.
Les Hazal nous enseignent encore un autre principe qui me semble très fort : dans le désert, nous avons reçu la Torah gratuitement telle une dot 8, nous avons été nourris et abreuvés gratuitement pour qu’en compensation nous puissions prier D et observer Ses mitsvot sans espoir de récompense, gratuitement, simplement par amour. C’est ainsi, que quiconque est fidèle, se doit d’étudier et d’enseigner gratuitement “leshem shamayim”de même que nous avons reçu cet enseignement.
L’étude et l’enseignement de la Torah sont indispensable à l’homme tout comme il est impossible à l’être humain de vivre et résister sans boire de l’eau une journée complète, l’âme ne peut résister dans un corps sans être abreuvée de Torah.
A l’époque des invasions grecque et romaine, les envahisseurs avaient, entre autres, interdit d’étudier la Torah c’est la raison pour laquelle, les Sages de l’époque avaient institué la lecture hebdomadaire de passages prophétiques rappelant le sujet de la parasha qui aurait dû être lue en public à la synagogue et, si les fidèles moyens se contentaient de cela il va sans dire que les rabbanim et les « talmidé hakhamim »9 étudiaient en cachette mettant leur vie en danger ce qui rendit célèbre la réponse de Rabbi Akiba10: « si je n’étudie pas je mourrai car je serai assoiffé de Torah et si j’étudie je serai mis à mort, je préfère donc continuer à étudier et à mourir par la Torah » la tradition confie qu’il mourut en disant le mot « Ehad » après avoir récité : SHEMA ISRAEL HASHEM ELOKENOU HASHEM EHAD!
Pour rejoindre notre propos quant aux 3 éléments liés au don de la Torah, il est important de rappeler que le FEU fut l’élément le plus spectaculaire au moment où les Enfants de Jacob, rassemblés au pied du Sinaï « virent » la parole de D car, ainsi qu’il est écrit dans la célèbre poésie chantée lors de la réception de la Reine Shabbat11Les « dix paroles » ont été prononcées en une seule fois et tout le peuple entendit et vit la voix divine car un feu grava sur les tables de pierre ces dix paroles établissant les normes entre la créature et son Créateur et régissant les rapports entre les créatures elles-mêmes. Rashi souligne aussi ce fait étant donné que l’homme ne peut voir D et continuer à vivre il voit donc l’expression divine se concrétiser à ses yeux par une flamme.
Ainsi le feu peut-il être une bénédiction tout comme il peut être l’expression de la colère divine et tout détruire sur son passage comme ce fut le cas en Egypte où la plaie de la grêle prit la forme d’un feu détruisant tout et partout où tombaient les grêlons.
Nous avons évoqué au début de ce commentaire le fait que Rashi et le Shlah haKadosh enseignent que le fait de demander le dénombrement à plusieurs reprises démontre d’un amour sans borne d’HaShem pour Son peuple tout comme, (kiv’yakhol) en quelque sorte, une Maman compte ses enfants à chaque instant car elle s’en inquiète. Pourtant les exégètes se posent une question de savoir pourquoi ce dénombrement intervient-il un mois après que les Bné Israël aient commencé à séjourner dans le désert ? La réponse qui se retrouve chez la plupart des exégètes est que la personne n’est désignée en tant que résident seulement après que se soient écoulés 30 jours. Tout comme quelqu’un qui déménagerait disposerait de 30 jours pour fixer une mezouza à sa porte car, avant cela, il n’est pas encore considéré comme résident (toshav).
Le décompte des tribus est intéressant à plusieurs égards : en effet, il va être question de l’emplacement des tribus autour du mishkan, ainsi que des drapeaux de chacune d’elles et des différences entre la condition des anges et de celle des humains !
L’exposé de toutes ces considérations se fera à l’inverse de ce qui vient d’être évoqué. En effet : lors de la Révélation au Mont Sinaï, les Bné Israël ont « vu » que 22,000 chars d’Anges du Service divin ont accompagné la Shekhina quand chaque Ange apparut avec un « étendard ». Ces mots sont entre guillemets car il s’agit de termes que nous, humains, comprenons tandis qu’en fait il s’agit de notions différentes de celles que nous sommes aptes à comprendre/imaginer. Lorsqu’HaShem réside dans les « reki’îm » (cieux), IL est entouré de Ses serviteurs qui sont au nombre de 22,000 Anges (Male’akhé haShareth) mais, en examinant les chiffres de plus près, la Torah nous indique qu’au dénombrement, la tribu de Lévy comptait 22,000 hommes ! Ce qui fait dire aux extraordinaires exégètes du Pentateuque que le « service divin » sur Terre est constitué des Léviim. Et, lorsque les enfants de Jacob ont vu les Anges du Service ils ont été saisis d’un désir infini de ressembler aux êtres célestes et c’est dans cette optique que lorsqu’HaShem a proposé la Torah ils ont répondu d’une seule voix et en une seule clameur « na’âssé venishma » (nous agirons et nous écouterons) s’élevant ainsi à un niveau spirituel supérieur à celui du commun des mortels !
Pour comprendre la position de chacune des tribus autour du mishkan, nous devons revenir en arrière, au moment où Jacob, étendu sur son lit demande à bénir ses enfants et leur demande de prendre place autour de sa couche en disposant 3 tribus au nord et 3 à l’est, 3 au sud et 3 à l’ouest.
Cet emplacement restera inchangé autour du mishkan dans le désert. Cependant, alors, il ne fut pas question d’étendard, de drapeau quelconque… Le midrash accourt pour permettre un autre aspect de la question : lorsque les bné Israël eurent la vision des armées célestes dans leur magnificence, ils aperçurent les étendards et ils réclamèrent la possibilité de détenir un étendard terrestre car ils savaient qu’ils ne pourraient avoir les mêmes drapeaux qui, pour eux seraient un morceau de tissu tenu sur un pieu à la différence de ceux des armées célestes.
Qu’est-ce qu’un drapeau ?
Un métrage de tissu de couleur avec un emblème. Ici encore, il nous faut revenir à la dernière sidra de Bereshit au cours de laquelle nous nous séparons de Jacob : d’après les bénédictions paternelles chaque tribu sera caractérisée par un emblème Réouven par les mandragores, ou Judah par un lion etc… et pour la couleur, il suffira de se reporter au Hoshen sur lequel chaque pierre du pectoral (attribuée à chaque tribu) est d’une couleur différente.
Ces descriptions sont celles des étendards mis à la disposition des humains et ils sont totalement différents de ceux, entièrement spirituels, brandis par les Anges, car ces emblèmes ne sont pas confectionnés en tissu ni en métal.
Les deux mots accolés : Bemidbar Sinaï, revêtent une double importance car, étant donné que certaines mitsvot ont été répétées à plusieurs reprises non pas seulement au Sinaï mais aussi dans les plaines de Moav, le Créateur a la volonté de signaler que déjà au Mont Sinaï le thème en question avait été énoncé. De plus, tout au long des pérégrinations des enfants d’Israël dans le désert, le peuple a été gardé, sauvegardé et encadré par le Tout Puissant qui avait par des prodiges de tous les instants protégé et guidé ce peuple par des colonnes de feu et de fumée. Cependant, le terme du voyage se rapproche et le peuple va se trouver confronté à de véritables exigences : il va falloir former une armée et désigner des tâches pour que chacun connaisse son rôle au sein de la communauté/société.
Le dénombrement va ainsi jouer un rôle dans la structuration de ce peuple au moment où il va devenir autonome.
La mitsva du rachat du premier-né est abordé au cours de cette sidra. Le premier-né a une importance dans la loi mosaïque et ce, même au moment d’un héritage. A ce propos, nous allons ouvrir une parenthèse : l’appartenance d’un Juif à son peuple se fait de par la mère : si la mère est juive l’enfant est juif mais, à propos des héritages, l’appartenance à la tribu est patrilinéaire.
Isaac fut le premier-né d’Avraham, avec sa femme légitime Sara. Esaü est le premier-né d’Isaac et ce droit d’aînesse ravi par Jacob a causé de grands tracas à notre patriarche.
D a ordonné à Moïse de compter tous les premiers-nés, car le premier-né devait être attaché au culte.
Le texte de la Torah nous enseigne que chez les Lévis le compte fut de vingt-deux mille depuis l’âge d’un mois. Cet âge va servir de base pour le rachat du premier-né pour lequel la cérémonie de rachat sera fixée à l’âge d’un mois. Pourtant un fils de Lévi ne sera pas racheté (Lévi ou Cohen ne se rachètent pas).
Lors de la faute du veau d’or nous savons que la tribu des Lévi n’a pas pris part à ce délire provoqué par la peur panique de ce peuple qui, pendant des siècles fut réduit en esclavage et réduit à être soumis à une autorité, à un chef, et qui, devant l’absence prolongée de Moïse a cédé à la nécessité absolue et immédiate de se retrouver dirigé. Pendant ce temps, les autres premiers-nés d’Israël qui furent sauvés de la dixième plaie mortelle, tournèrent le dos à l’Eternel pour prendre une part active à la faute du veau d’or.
Or, les premiers-nés d’Israël devaient être consacrés au Service divin mais plus après la faute du veau d’or. C’est une des raisons pour lesquelles, l’enfant qui ne pourra aider les Léviim lors de leur service au Temple devront être rachetés par un Cohen moyennant la somme de cinq shekels d’argent qui représente le rachat des premiers-nés après qu’ils aient encouru la peine de mort méritée par la faute du veau d’or. Rashi nous renseigne au sujet de cette somme : ces cinq shekels correspondaient à vingt pièces d’argent, somme qui fut versée par les marchands d’esclaves qui achetèrent Joseph lequel n’était autre que le premier-né de Rachel……
La sidra de la semaine prochaine : Nasso précède la fête de shavouot au cours de laquelle on a coutume de lire la meguila de Ruth.
Pour la fête de Shavouot qui célèbre le Don de la Torah, certains ne consomment que des mets lactés et des pâtisseries à base de miel conformément à l’image que nous avons du pays où coule le lait et le miel ודבש חלב זבת ארץ eretz zavat halav oudevash. D’autres consomment des mets carnés – à base de viande – mais consacrent ne serait-ce qu’un repas pour un délicieux gâteau au fromage.
Caroline Elishéva REBOUH
1/ Trois éléments sur quatre ; l’élément qui manque ici est l’air/vent.
2/ Rav Yshâya Halévy Horwitz 1565-1630 auteur du « Shené Louhoth Habrith »
3/ Rav Ephraïm Luntschitz (1550-1619) exégète de la Torah.
4/ Recueil de commentaires allégoriques s’attachant non seulement au pentateuque mais encore aux cinq meguiloth (Esther, Ruth, le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste et les Proverbes).
5/ Il est écrit dans la Guemara « hashoté mayim letsom’o mevarekh shéhakol niyhia bidvaro » soit « celui qui boit pour étancher sa soif doit bénir shéhakol nyhyia bidvaro » c’est-à-dire que quiconque boit de l’eau sans être certain d’être vraiment très assoiffé ne doit pas faire de bénédiction. Comment est-ce possible direz-vous ? C’est qu’ici, le mot soif désigne une soif inextinguible de savoir, de Torah, une soif qui, pareille à un feu ne peut être apaisée que par l’étude de la Torah. La soif, en ce cas, est pareille à un feu dévorant.
6/ Nom ineffable.
7/ לא נתנה תורה אלא לאוכלי המן בלבד.
8/ Rappelons que le moment de la promulgation de la Torah est comparé au moment où deux époux s’unissent : D est L’Epoux et Israël l’épousée, la Torah est le contrat de mariage, la Nuée est la Houppa et le Shofar sert à proclamer au monde entier cette Union INDISSOLUBLE de D avec Son peuple.(nous y reviendrons plus loin).
9/ Erudits
10/ Rabbi Akiba, Tana (Talmudiste) de la troisième génération de Tanaïm qui aborda l’étude de la Torah à l’âge de 40 ans. Il naquit au cours du premier siècle de l’ère courante (en 50) et mourut dans le premier tiers du deuxième siècle (135). Il mourut dans de grandes souffrances infligées par les tortures qui lui furent appliquées en tant que rebelle (il avait refusé de s’abstenir d’étudier). Rabbi Akiba fut l’un des dix martyrs exécutés sur les ordres de l’Empereur romain.
11/ LEKHA DODI composée par R’ Shlomo Halévy Alkabetz (1505-1584 Safed (Tsfat)
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