Le 5 août, le monde entier aura les yeux braqués sur elle. Promis, tout sera fin prêt pour la cérémonie officielle d’ouverture. Découverte de la belle Carioca en habits de fête.

Qui va à Rio persuadé que la ville n’est pas prête pour les JO doit se rendre en priorité place Maua, dans le centre de l’ancienne capitale brésilienne. Réaménagée dans le cadre du projet Porto Maravilha, un plan de réhabilitation de la zone portuaire, la praça Maua, où l’on ne s’aventurait pas sans périls il y a encore quelques mois, est désormais un carrefour incontournable. On y vient aujourd’hui pour admirer les collections du Musée d’art de Rio (MAR) ou découvrir les formes étonnantes du Museu do Amanha, dessiné par l’architecte espagnol Santiago Calatrava Valls: on croirait le Musée de demain posé sur l’eau de la baie de Guanabara. Des parcours piétonniers ont été tracés pour prolonger la promenade en direction de Saude et Gamboa, des quartiers revitalisés où règne désormais une ambiance bohème. Et une piste cyclable dont on s’est injustement moqué permet de traverser tous les quartiers historiques jusqu’à la plage de Leblon. Trois mois avant l’arrivée de la flamme olympique sur le stade Maracana, tous les travaux n’étaient pas terminés, mais l’ensemble était déjà bien avancé.

Notamment du côté des installations sportives: seul la piste d’athlétisme du Stade olympique, où évolue habituellement l’équipe de football de Botafogo, et le parquet du vélodrome spécialement édifié à Barra da Tijuca, le district riche et moderne bâti à 30 km à l’ouest du centre-ville, semblaient donner des sueurs froides aux organisateurs interrogés par les journalistes de TV Globo. Il faut y ajouter l’extrême pollution des eaux de la baie de Guanabara, sur lesquelles auront lieu les régates de voile et de planche à voile. Malheur aux participants qui tomberont à l’eau… Organisées sur la lagune Rodrigo de Freitas, à proximité de la plage d’Ipanema, les compétitions de canoë et d’aviron se dérouleront dans une atmosphère olfactive plus agréable, sous le regard du Christ Rédempteur érigé au sommet du Corcovado.

Digne et honnête

À 9000 km du Brésil, on ne mesure pas toujours à quel point le jeitinho, la débrouillardise, fait partie de la culture nationale. Et l’on oublie que les Brésiliens sont nationalistes. Les Cariocas savent qu’au mois d’août le monde entier aura les yeux fixés sur eux. Ils feront en sorte que tout se passe bien. Il suffit de s’arrêter dans un boteco (bar) de Copacabana pour l’entendre de la bouche des gens ordinaires: «Somos um povo digno e honrado» («Nous sommes un peuple digne et honnête»).

Qu’elle soit économique ou politique, la crise fait partie du quotidien des Brésiliens. Depuis les années de la dictature militaire (1964-1985) et l’inflation des années 1990, ils savent ce qu’est une vie publique chargée de misères. Les récentes affaires de corruption et de blanchiment d’argent ne leur ont rien enseigné de nouveau. Ils ont appris à vivre sans y penser; ou ils ont fait un sujet de plaisanterie de l’affaire Petrobras, également appelée lava-jato, «lavage express». À Rio autant qu’ailleurs, peut-être plus qu’ailleurs. «Preocupaçao zero»,répètent les Cariocas. «Pas de soucis». Ce côté optimiste et débrouillard… On les aime comme ça.

Six étoilés

Installé à Rio de Janeiro depuis janvier 2013, le Français Thomas Jonglez ne dissimule pas son admiration pour la suite de travaux accomplis à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse, de la Coupe du monde de football et des Jeux olympiques. Ce fondateur d’une maison d’édition spécialisée dans des guides recensant les lieux drôles, curieux et méconnus dans toutes les villes du monde se dit émerveillé par le bouillonnement culturel de Rio. «Des musées, des fondations et des galeries ont ouvert malgré la crise. Et le mouvement va continuer», observe-t-il. À la fin du mois de juin, les éditions Jonglez publieront Rio insolite et secrète, un livre où l’on apprendra qu’il y a encore beaucoup de choses à découvrir dans les plis sinueux de l’ancienne capitale brésilienne qui a mis de longues décennies à sécher ses larmes après avoir dû céder son hégémonie à Brasilia en 1960. «Presque cinquante ans», nous confiait un jour l’éditeur Pedro Corrêa do Lago, lui aussi heureux du réveil de la belle endormie.

C’est au tournant des années 2010 que l’heure de la renaissance a sonné. On a vu des quartiers tels que Jardin botanique, Botafogo, Flamengo et Laranjeira sortir de leur torpeur. Les vieilles rues du Centro, la rua do Ouvidor et la rua do Rosario, ont retrouvé leurs couleurs. «La fréquentation plus grande des cafés, l’ouverture de restaurants et la création de nouvelles boutiques marquent cette renaissance, constate l’universitaire et romancier Godofredo de Oliveira Neto. L’amélioration des infrastructures est très nette. Ce qui a été fait dans le port pour dégager la vue sur la baie de Guanabara est génial. Dans quelle ville du monde a-t-on osé détruire un périphérique?»

Les épreuves-test en prélude aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro ont débuté le 4 mai dans le stade de Maracana, au Brésil.

Dans le guide Michelin Rio & Sao Paulo, dont la deuxième édition a paru ce printemps, les chefs cariocas font bonne figure. Six restaurants honorés d’une étoile – Lasai, Mee, Olympe, Roberta Sudbrack, Le Pré Catelan et Eleven Rio. Ancienne cuisinière du président Fernando Henrique Cardoso à Brasilia, aujourd’hui installée dans le quartier du Jardin botanique, l’excellente Roberta Sudbrack a largement participé au renouveau de la gastronomie locale. Elle se réjouit de ce palmarès. «Le Michelin est un guide respecté dans le monde entier depuis très longtemps. C’est donc très important qu’ils aient décidé de publier une édition brésilienne. C’est un honneur pour notre cuisine et pour tout ce que nous faisons ici. C’est un honneur d’y figurer et bien entendu cela aurait été impossible de ne pas mentionner notre importance pour la cuisine brésilienne après tout ce que nous avons fait.»

En ce qui concerne les hôtels romantiques, les adresses se multiplient sur la colline de Santa Teresa, d’où la vue est si belle sur la ville et sur la baie.

Dans le domaine du luxe, les deux joyaux de Rio sont toujours le Belmond Copacabana Palace, entièrement rénové en 2013, gastronomie comprise, et le Fasano, inauguré à Ipanema en 2007, lui aussi fameux pour son restaurant étrangement oublié par les inspecteurs du Guide rouge. Le groupe Hyatt, qui souhaitait ouvrir un établissement de grand standing, mais n’avait guère de possibilités dans la Zona Sul, a choisi de construire un resort urbain à Barra da Tijuca, dans une ambiance à la fois très océanique et très lumineuse. Premier directeur général de cet hôtel de 436 chambres, le Français Christophe Lorvo observe que son installation témoigne d’un déplacement du centre de gravité de la ville vers l’ouest. «Nos clients vont découvrir une autre ville, le Rio de la nature, avec des baies spectaculaires, des mornes à l’horizon, une lagune dont la faune et la flore donnent l’impression d’être dans le Pantanal.» Au mois d’août, ils auront la chance d’être à proximité du parc et du village olympiques.

Pendant trois semaines, Barra sera le pôle principal des Jeux de Rio. Des enceintes ont été construites pour accueillir presque tous les sports, notamment le cyclisme, le basket, le judo, la lutte, le taekwondo, l’escrime, le handball, la gymnastique, la natation, le tennis, la boxe, le golf, l’haltérophilie…

La flamme olympique éteinte, rien ne sera plus comme avant à Rio.

http://www.lefigaro.fr/

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