Il y a quelques temps, c’était en 2014, je me suis rendu à Paris où j’étais invité par le Général des Armées Jean-Louis Georgelin. Il me conviait à l’occasion de la remise des insignes de Grand’Croix de la Légion d’Honneur à la Gouverneure Générale du Canada, Mme Michaëlle Jean.

J’en suis très fier. Mais bon, il n’y a pas de quoi pavoiser non plus et restons modestes.
michaelle_jean
A vrai dire, c’est l’ancienne Gouverneure Générale du Canada, Michaëlle Jean, qui recevait ces honneurs. Elle est actuellement la Secrétaire Générale de l’O.I.F. (Organisation Internationale de la Francophonie) et comme nous sommes des amis de longue date, elle a demandé que je vienne, confirmant ainsi notre connexion.
Nous nous sommes rencontrés au Canada, il y a une trentaine d’années.
À l’époque, j’y étais allé dans le cadre d’une mission du Haut Conseil de la Francophonie, et c’est le regretté poète et président Sénégalais, Léopold Sédar Senghor qui m’avait mandaté. J’avais alors à peine 26 ans, et il s’agissait de rencontrer les écrivains et poètes québécois pour créer une synergie culturelle entre nos pays. Je devais aussi rencontrer les amérindiens francophones et leurs associations représentatives (des Montagnais, Crees et Naskapi autour du Lac Saint-Jean, Natashquan où j’étais reçu chez le chanteur Gilles Vignault, Malioténam, et le Grand Nord) pour préparer leur entrée dans le Conseil de la Francophonie dont L. Senghor était le président.
Le grand poète et chantre de la Francophonie avait confiance en moi.
C’était une époque où la francophonie était électrisée par une puissante énergie.
Depuis cette époque, Michaelle et moi sommes restés de très bon amis et chaque fois qu’elle vient en France, elle rappelle chaleureusement à ce bon souvenir de notre bande d’amis. Cette amitié nous projette dans l’avenir et de nouveaux projets sont en cours.
À la réception de la Légion d’Honneur, il y avait M. Lionel Jospin, ancien Premier Ministre, l’Ambassadeur du Canada, Mme Irina Bokova, la Directrice générale de l’Unesco, M. Luc Plamandon (le célèbre compositeur québécois de « Notre Dame de Paris ») et le corps diplomatique canadien. Voilà pour le cadre très officiel.
Mais brisant quelque peu la solennité, j’ai profité de l’occasion pour parler à Michaëlle hors protocole et lui glisser quelques idées, pour sa mission au sein de l’O.I.F. dont elle est devenue la nouvelle dirigeante.
L’O.I.F. réunit en effet l’ensemble des pays francophones — ou presque.

« Il serait intéressant, lui ai-je dit, de faire entrer dans cette organisation un hôte de marque qui, jusque là, subit une exclusion. La francophonie se veut universelle, mais comment pourrait-elle se prétendre universelle si elle exclut un pays ? »

Elle m’a regardé, un peu surprise. Et comme elle voulait en savoir davantage, j’ai poursuivi :
— Il s’agit… d’Israël, ai-je dit à Michaëlle.
— Une sacrée affaire, donc…
— Oui, c’est un vaste chantier, parce que la France, mais plus généralement la francophonie, ne peut se passer du branchement sur la Terre Sainte. Par rapport à l’O.I.F.,qui est un organisme démocratique, il te faudra convaincre un à un tous les pays membres, car comme tu le sais, l’adhésion d’un nouveau membre doit se faire à l’unanimité. Curiosité entre toutes, certains pays « très francophones », et très « démocratiques », comme le Qatar, sont admis comme des observateurs à l’O.I.F. Même le Soudan y a ses entrées. Tandis qu’ Israël, avec ses 700.000 francophones, est prié de rester dehors…
— Pourquoi ?
— Parce qu’il existe un veto libanais qui bloque la proposition. Ainsi, Israël, premier pays francophone au Proche-Orient, seule démocratie véritable de cette région du monde, est exclu de l’O.I.F. La France y est certes favorable, mais elle a peur de contrarier certaines suceptibilités pétrolifères.
— Il faudra développer une vaste diplomatie pour dissoudre les obstacles, m’a fait comprendre Michaëlle. Un sacré travail, dans tous les sens du terme…
Au cours des semaines suivantes nous avons eu d’autres échanges… et j’ai écrit à Michaëlle qu’au fond, comme la Reine Esther, elle n’avait peut-être été désignée à ce poste prestigieux que pour parvenir à accomplir cette mission : faire entrer Israël dans la Francophonie, parce que la Francophonie internationale ne peut pleinement agir aussi longtemps que la rose d’Israël n’y serait pas accueillie. C’est un acte symbolique très important, dont les répercussions politiques au niveau mondial seraient immédiates. Ce serait un acte à la hauteur de la mission francophone, la preuve de son universalité. Ce serait choisir la voie de l’ouverture, de l’avenir, de la lumière. La francophonie se doit d’être puissamment reliée à Israël, cela est conforme à la prophétie Obadia.
« La difficulté n’est pas seulement politique, ai-je écrit à Michaëlle. Elle est ontologique, c’est-à-dire qu’elle a des racines anciennes très profondes. C’est l’éternelle lutte entre Ismaël et Isaac, les deux fils d’Abraham.
Le différend transgénérationnel entre Ismael et son frère Isaac se perpétue, et c’est de là que vient le conflit au Proche-Orient. Quoiqu’il en soit, IsMaël ne peut prétendre à l’exclusivité et à la domination du monde. Il ne peut, de sa seule autorité, brimer la francophonie et la soumettre.
Le partenariat de la Francophine internationale avec Isaac demeure obligatoire. Car c’est d’Isaac que descendent tous les prophètes de la Bible, y compris Jésus dont le message évangélique a profondément influencé l’Occident. Le politique ne saurait faire abstraction de ces données fondamentales.
La Francophonie, l’O.I.F., bien sûr, est laïque. Raison pour laquelle l’O.I.F. pourrait devenir le lieu de la rencontre et de la conciliation. Là où l’ONU a échoué, l’O.I.F. peut réussir. C’est à mon sens un grand rendez-vous avec l’Histoire qu’il convient d’organiser. C’est aussi de cette manière que l’on peut agir efficacement contre le terrorisme : en appuyant sur la « touche » de la mémoire d’Abraham, en activant la réconciliation des frères, en recevant l’énergie « Israël », car ce mot hébreu veut dire « lutter pour l’Esprit« .
Je me suis engagé auprès de Michaëlle pour l’aider de mon mieux dans ce noble projet.

Dominique Blumenstihl-Roth

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