«Moshé Dayan», «Menahem Beguin», «Nordau», «Jabotinsky»… font partie intégrante de notre paysage urbain. Mais qui sont-ils ?
Eli Bensussan, biographe  et historien s’est penché sur la question et nous propose la biographie des grandes personnalités d’Israël et de tous ceux qui sont à l’origine de la création de notre état, mensuellement.
Nous avons aujourd’hui rendez-vous rue Max Nordau !

La particularité de Nordau (1849-1923) à la différence des autres penseurs sionistes c’est qu’il analyse la nouvelle situation des juifs émancipés dans une société qui leur est hostile. Comme il aime le rappeler, une déclaration comme celle des droits de l’homme ne peut pas à elle seule effacer des siècles de haine, les populations ne se sont pas mises à aimer les juifs, à les respecter subitement. Seule la logique de la révolution française a fait d’eux des hommes libres (essai l’histoire des Israelites 1901)

Ainsi à l’antisémitisme religieux s’ajoute l’antisémitisme moderne qui prend ses racines dans l’économique, le politique comme l’a montré le déchainement de haine lors de l’affaire Dreyfus.  Comme Herzl, il assiste à la dégradation de Dreyfus comme lui, il comprend que le Juif se retrouve seul face à une société hostile.

Devant les cris «mort aux Juifs» d’une foule haineuse, Nordau avec son ami Herzl adhère au mouvement sioniste, il est à Bâle au premier congrès sioniste en 1897 où il y fait un discours remarqué. Il explique que la société non-juive n’est pas prête à accepter le juif en tant que membre à part entière » et rappel à la grande surprise de son auditoire que le Juif du ghetto était mieux loti que le juif émancipé, le danger ne venait que de l’extérieur, dans le ghetto ils étaient unis, solidaires.

Sa réflexion sur le devenir d’un Juif dans une société libre porte sur le fait que le Juif émancipé ne peut cesser d’être juif, alors qu’auparavant une conversion au catholicisme suffisait à se faire accepter. Ainsi avec l’antisémitisme moderne qui repose sur une notion raciale, un juif converti reste un juif, il n’y a donc plus d’issue, presque plus, soit vivre en tant que juif dans une société hostile soit…vivre dans son propre pays, dans un pays juif. Autrement dit l’émancipation est un échec.

Quel bouleversement dans sa vie et quel chemin parcouru ! Qu’est devenu l’adolescent de 15 ans qui abandonne tout rattachement au judaïsme comme il l’écris lui-même dans son autobiographie « …le judaïsme ne fut plus qu’un souvenir et depuis je me suis toujours senti allemand et seulement allemand » Il change de nom de Sudfeld  trop juif à son goût pour Nordau un nom allemand et devient l’écrivain à la mode reconnu et apprécié par la haute société allemande avec des ouvrages comme «  Les mensonges conventionnels de notre civilisation, Dégénérescences, Les paradoxes ».

Un état juif : on aura besoin d’agriculteurs, d’artisans et non pas uniquement de médecins et de banquiers. Dans son article «le peuple juif parmi les nations du monde» il rappelle que les juifs ne sont pas intéressés de leur plein gré au monde économique et à la finance, mais c’est plutôt dans le domaine politique qu’ils excellent grâce notamment à leur capacite de compromis et de rapprocher les protagonistes. Cette idée révolutionnaire sert bien Nordau car il développe parallèlement l’idée d’un sionisme politique. Nordau vit dans son siècle celui des lumières, des nationalismes et donc l’idée nationale juive ne fait pas exception, il conclut que la vocation du judaïsme c’est l’établissement d’un état juif, non pas en Ouganda comme l’est prêt à accepter Herzl, mais en Palestine.

Max Simon Nordau est un médecin, auteur, critique sociologique et l’un des grands meneurs du sionisme, cofondant l’Organisation sioniste mondiale avec Theodor Herzl. Il fut président ou vice-président de plusieurs congrès sionistes

Eli Bensussan
biographe – historien
Tel : 0545483711