PARASHAT BALAK  5781- VENDREDI 25 juin 2021 – Horaires Ashdod : Entrée 19 h 30  – Sortie : 20 h 34

IMITER N’EST PAS DONNE A TOUT LE MONDE

Cette sidra est celle pendant laquelle le miracle prévu depuis la création du monde où l’ânesse de Bile’am va ouvrir sa bouche pour parler, pour s’exprimer et pour dénoncer les actes de son maître. La notion de miracle nous poursuit cette semaine pour la 3ème fois : à Korah c’est la terre qui a ouvert « sa bouche » pour avaler Korah (pi haaretz) et ses adeptes et qui s’est refermée… à Houkath c’est le Rocher qui a répandu de l’eau (pi habe’er) pour pallier à la fermeture du puits de Myriam et ce shabbat nous entendrons les plaintes de l’ânesse de Bile’am.

Qui est cet homme à propos duquel les Sages, qui ont analysé le texte et les évènements décrits, disent qu’il y aurait un parallèle à dresser entre Bile’am et Abraham le Patriarche ?

La Mishna tire une sorte de parallèle entre ces deux personnages en enseignant ceci : Quelles sont les caractéristiques distinguant les disciples d’Abraham des disciples de Bile’am ? Le bon Œil, un Esprit humble et une  Âme effacée pour les disciples d’ Abraham tandis que pour ceux de Bile’am les caractéristiques sont  exactement à l’opposé : le Mauvais œil, la suffisance et l’Orgueil.

Par ailleurs, si Bile’am a été et fut le dernier prophète de toutes les autres nations, il crut pourtant qu’il serait choisi pour faire sortir le peuple d’Israël d’Egypte mais, nous pouvons justement comprendre que pour plusieurs raisons Bile’am était loin de ressembler à Abraham et très loin également d’égaler Moïse qui recueillait en lui pratiquement tous les canons de la perfection faite homme.

Le texte de la Torah décrit dans Bereshit le matin du départ d’Abraham et Isaac vers le Mont Moriah pour y effectuer la ligature d’Isaac, puis dans le livre de Bamidbar, c’est le départ de Bile’am qui est narré. Dans les deux scènes il est question d’un âne[1], et de deux « jeunes-gens ».   « Âne » en hébreu se traduit par HAMOR apparenté à HOMER ou matériel ce qui a fait dire aux Sages que la fonction de l’âne est entièrement orientée vers la matérialité. En ce cas, pourquoi Abraham ne se déplaçait-il qu’à dos d’âne et pourquoi n’avait-il pas opté comme moyen de locomotion un chameau ou un cheval ????

Les midrashim sont nombreux à cet endroit car, tous les raisonnements se focalisent sur les fortes personnalités des protagonistes : Abraham est une âme élevée spirituellement, et tout est symbolique dans sa conduite : en chevauchant l’âne et en s’entourant de ces deux jeunes-gens la volonté du Patriarche s’exprime de façon on ne peut plus claire : les deux jeunes-gens ne sont autres que l’illustration de deux comportements détestables l’un concernant les unions illicites/interdites (ârayoth) et l’autre concernant l’idolâtrie (âvoda zara). En s’asseyant sur le dos de l’animal, Abraham signifie sa volonté de dompter ses penchants et d’annihiler toute velléité d’enfreindre les commandements de la Torah.

Au contraire, Bile’am entretenait des relations interdites avec un animal et de plus il était idolâtre.

Pour en revenir à la comparaison de Bile’am et Moïse, lors de la sortie d’Egypte, HaShem avait prévenu le grand homme que ne sortiraient d’Egypte que ceux qui sauraient pratiquer le sacrifice de l’agneau qui fut un des dieux de l’Egypte et ,de plus, de pratiquer la circoncision car pendant toute la période de l’esclavage en Egypte, seuls les ressortissants de la tribu de Lévy perpétuèrent la circoncision.

En conséquence, les deux actes de foi qui furent « le laissez-passer » des Juifs vers la liberté furent de détruire l’idolâtrie et de s’affirmer comme juif par la circoncision.

Or, il arriva que pendant les 40 ans de pérégrinations dans le désert, aucun ne pratiqua la circoncision, car les conditions « extérieures » ne le permirent point.  Seuls les descendants de la tribu de Lévy restèrent fidèles au commandement malgré toutes les conditions extérieures.

Balak, roi des Moabites voulut maudire les Bné Israël et voulut s’assurer le concours du plus grand prophète non-juif. Bile’am savait que ce peuple qui avait reçu la Torah ne pourrait être maudit qu’à une seule condition : pratiquer des unions illicites et  l’idolâtrie.

C’est pourquoi, après avoir tenté de maudire Israël et après avoir échoué, Bile’am préconisa à Balak un moyen de perdition pour ce peuple… : lâcher les filles de Moav pour se prostituer auprès des hommes israélites qui s’adonneront au culte de Peor[2] pour pouvoir assouvir leurs instincts.

Une autre différence entre Bile’am et ceux auxquels il voulait ressembler (Abraham et Moïse) : Bile’am pouvait reconnaître le moment où le Saint béni soit-IL serait en colère pour en profiter pour le mal tandis que Moïse, attendait toujours l’instant où HaShem était plein de miséricorde pour prier et implorer pour le bien..

Ce qui, chez les Bné Israël, emplissait Balak de terreur est le moment où l’on lisait dans le « campement » le SHEMA ISRAEL.  Balak, roi de Moav, descendant de Terah comme les enfants d’Abraham en lisant ces paragraphes de la profession de foi du Juif pratiquaient en même temps l’un des commandements les plus simples que le Juif doit mettre en pratique : étudier la Torah. En récitant ces trois paragraphes tirés de la Torah, le Juif lit deux fois par jour (et trois fois avec la lecture d’avant le coucher), 245 mots du texte sacré et en ajoutant à la fin les trois mots HaShem Elokéykhem Emeth (l’Eternel est votre D Emeth – c’est la vérité-) on arrive à 248 mots. Les Hazal[3] ont partagé les 613 commandements en 248 membres et 365 tendons/nerfs etc…  La lecture du Shémâ nous fait prendre conscience du fait que nous nous armons trois fois par jour contre les mauvais instincts et, c’est ainsi que Pinhas dont nous exposerons les mérites en partie dans la parasha portant son nom, prit en main sa lance (en hébreu : romah dont la valeur numérique est 248) pour, d’un tour de main spécifique, dénoncer aux yeux de tous la faute qui causa le fléau mortel qui avait commencé à s’étendre dans tout le campement auprès des hommes 20qui avaient succombé à la faute. Cette lance (romah) est donc un symbole fort : celui de la protection.

Pinhas était un Cohen fils du Cohen Gadol Eleazar et petit-fils du Premier Grand Prêtre Aharon.  En brandissant d’un geste sûr cette lance sur le bas-ventre de ce couple formé par Zimri et Cozby, Pinhas montra par où ce couple avait fauté, par un miracle et par sa force inouïe, ce héros biblique réussit à brandir ces deux personnes vivantes sans que ne soit versée une seule goutte de sang ce qui aurait rendu impur un cohen…………..

C’est par cet acte que le fléau mortel cessa de sévir et que ceux qui n’avaient pas suivi les fauteurs de trouble ont eu la vie sauve.

Entre Nahshon ben Aminadav qui, par bravoure, se jeta dans les flots de la Mer des Joncs pour donner confiance  au peuple et Pinhas ben Eléazar qui dénonça la faute commise entre Juifs et Moabites, nous apprenons que seule la Foi en l’Eternel peut nous apporter la Sauvegarde.

Caroline Elishéva REBOUH

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

[1]  Abraham voyageait à dos d’âne tandis que Bile’am se déplaçait sur son ânesse.

[2]  Dont le culte consistait à faire ses besoins sur l’idole !!!

[3] Hazal :  Hakhamim zikhram livrakha ou les Sages de mémoire bénie.