PARASHAT BERESHIT –    VENDREDI 01 octobre 2021  – Horaires Ashdod  –
Entrée 18 h 06 – Sortie 19 h 02

QUEL EST L’AGE DU MONDE ???

Chaque année, en particulier au moment de la sidra de Bereshit, les questions fusent quant à la question de connaître l’âge du monde.

Les scientifiques et leurs partisans se reposant sur les résultats affichés par les appareils scientifiques sont tentés de croire que le monde existe depuis des milliards d’années. En ce cas, pourquoi le Judaïsme a-t-il pour tradition de proclamer que le monde existe depuis 5777 années ?  Et puis, lorsque nous évoquons la « création du monde » quelle est notre conception du monde, de l’univers etc…….. Certains sages dans la guemara ou en dehors de la loi orale s’expriment selon cette opinion : lorsque nous prononçons le mot « jour » il représente pour nous 24 h (24h d’une vie humaine ce qui est tout-à-fait différent du « vécu divin ») En effet nous lisons dans les Tehilim  (90,4) que ce qui pour l’être humain n’est qu’une journée peut représenter 1000 ans dans une conception divine rendue en langage anthropomorphique. Et, lorsque nous évoquons l’équation 1 = 1000 elle pourrait être en fait 1 = 6000 ou 1 = 10000 ou 100000 ou 1000000 !!!Rashi confirme ceci.

Tant que l’être humain n’a pas existé la vie n’existait pas encore sur terre mais la terre a existé et avec elle les eaux et les montagnes. Auquel cas, pourquoi n’accepterions-nous pas la probabilité que tant que des êtres animés (du mot latin anima c’est-à-dire dotés d’une âme)  et à la durée d’existence limitée (au contraire des montagnes dont la durée est rattachée à celle du monde) n’ont pas fait leur apparition à la surface du globe terrestre les « jours »  bibliques n’étaient pas des journées de 24 h  mais sans aucun doute de plus de 24h.

Le décompte des années aurait débuté par conséquent au sixième jour de la création, dès que l’homme a commencé à évoluer dans ce monde qui lui fut offert par l’Eternel, à lui et à sa femme.

Notons que deux  petits  mots  dans ce texte fondamental qu’est celui de la création du monde nous apprennent que  D dans son infinie sagesse a programmé le monde pour qu’il soit imprégné de sa  sagesse et qu’il soit dépendant à la fois des sphères supérieures et inférieures ainsi,  l’esprit humain pourra  comprendre que l’immanence et la transcendance divines sont omniprésentes dans ce monde dont la matérialité et la spiritualité se trouvent sans cesse confrontées.  Il s’agit des mots : ייצר    בהברם .

Pour ce qui concerne le mot (chapitre II verset 4)  :  בהברם    avec une lettre ה’ plus petite il faut comprendre que c’est avec ce que représente cette cinquième lettre de l’alphabet qu’IL a créés les cieux et la terre  comme s’il était inscrit :  ב(אות) ה’  ברא אותם. Et, si certains sages voient dans la lettre ‘hé une allusion à ce monde-ci et la lettre youd au monde futur d’autres préfèrent penser que c’est avec miséricorde que D a créé les cieux et la terre.

Dans le  mot   ייצר (chapitre II, verset 7) la présence des deux « youd » vient signifier qu’ en créant l’homme,  D a non seulement pris de la poussière des quatre coins de la terre pour que l’homme quelle que soit son origine, son apparence, sa couleur,  est l’égal  d’un autre homme mais aussi qu’il a la faculté (quelle qu’elle soit) de « pénétrer les secrets des mondes supérieurs et inférieurs ».

Le principe qui va être présent tout au long de la création et qui va servir de support à toute la création est la dualité sur laquelle des philosophies extrêmes orientales vont étayer leur système de pensée[1]. Ainsi, dès le premier jour de la création, la lumière est créée et son contraire existe aussi : les ténèbres ; le jour et la nuit ; les cieux ou les eaux du haut   et l’eau (les eaux du bas) la Cabbale interprète chacun de ces éléments comme masculin ou féminin ; la terre et les océans ; les trois premiers jours vont se répéter d’une manière légèrement différente pendant les autres jours de la création ainsi, le premier jour de la création, D a créé la lumière et le quatrième jour  furent créés les astres qui répercutent et diffusent la lumière.

L’espace ou la séparation créée le deuxième jour entre les eaux du haut et celles du bas se retrouve au cinquième jour par la faune qui se perçoit dans le ciel et dans la mer. La terre garnie d’une flore luxuriante reçoit sa population au sixième jour.

Au cinquième jour, D créa les poissons mais aussi d’autres créatures : נפש חיה ou, une âme vivante. Dans la Guemara Bekhoroth Chapitre I page 8a, où il est question de « dauphins »  Rashi commente le terme « dauphin » en traduisant par « siréna ». Le Rabad[2] et même le Rav HaHida[3]s’intéressèrent au sujet que d’aucuns considèrent comme mythologique. Cependant, la guemara les décrit comme des êtres mi femme mi poisson vivant dans les profondeurs des mers froides émettant des chants aux consonances étranges destinés à charmer et égarer les marins pour s’emparer de leurs bateaux[4].

Nous  remarquerons que le récit du premier chapitre est entièrement construit sur la création faite par le Créateur appelé ici ELOKIM qui est un des noms divins évoquant l’attribut de justice. Comme nous pourrons le constater par la suite et dès après la création de l’homme et de la femme, le nom de ELOKIM va changer pour faire place au Tétragramme ou « Shem ‘HaVaYah »  qui évoque l’attribut de miséricorde. Nous retiendrons deux éléments parmi toutes celles proposées par les commentateurs : la première est que seulement sous le règne de la justice et de la rigueur, rien ne peut résister mais il faut aussi un peu de souplesse. La seconde sera « puisée » dans un midrash qui vient à l’appui du verset : « faisons l’homme à notre image ». En effet, les exégètes commentent : pourquoi D parle-t-IL en employant le pluriel ? Et, pourquoi le Tétragramme est-il employé par la suite ? Pour le pluriel de majesté tout simplement !

Caroline Elisheva REBOUH

[1] – Telles que les théories du Yin et du Yang, selon lesquelles le monde est basé sur la dualité mâle-femelle.

[2] – Rabad :   ראב »דou Rabbi Abraham Ben David (1120-1198) de Posquières en Provence qui expliqua ce que dit la guemara sur les sirènes.

[3] – Rav ‘HaHida :  Rabbi Hayim Yossef David Azoulay 1724-1806, né à Jérusalem et décédé à Livourne en Italie.

[4]– Le Rav  HaHida a consacré des recherches à ce sujet et il en parle dans deux de ses ouvrages מדבר קדימות מערכת ד’ : דג יש בים שקורין סירנ »ה מחציו ולמעלה כדמות אישה בתולה » ו בספר צל עולם חלק ב’.

Il affirme que ces créatures existaient et n’existent plus.