Nous vivons en ce moment une époque scientifique et technologique où il semble naïf d’humaniser la nature. Au lieu de cela, nous supputons que l’écologie serait totalement indifférente à nos estimations morales et éthiques. Il s’agirait en fait d’un système neutre dont les forces contrôleraient le temps, le climat, la température et l’atmosphère, selon les lois strictes de la physique.
Je ne dis pas que cette vision insouciante doit être renvoyée face à face avec l’intimité de la nature.
Certes une mère nourricière, comment donc vouloir, et pouvoir, échapper au fait que, comme nos ancêtres, nous considérons la planète comme notre demeure, source plénière de notre air, eau, nourriture et de toutes nos ressources naturelles ?
En fait, tout ce qu’accomplit la nature, nous devrions le réaliser pour nous-mêmes, elle nous rend aussi enchantés que désavoués, un simple reflet de qui sommes-nous et de comment nous considérons-nous. Si dans le passé, la profusion infinie de la nature était comme une maman qui tient la main de son enfant sur le chemin de l’école, le protégeant de toute marque de manque, de menace ou d’abandon, à ce jour, nos mains ont abandonné la nature, nous sommes, bien sûr, à l’abri de nombreuses menaces, mais dorénavant seuls responsables de nous-mêmes au sein de nos cités bétonnées…. comme tout enfant qui se pense et veut se déterminer comme un adulte maitre de son devenir.
En ce moment, toute société qui tourne le dos aux périls de la planète se comporte comme un enfant qui lâche volontairement la main de sa propre Mère.
Si les pays développés sont en crise, c’est un fait, ils poursuivent aveuglement leur route suffisante de bénéfices.

Dédaignent-ils abondamment les ressources essentielles ?
Incitent-ils sournoisement au consumérisme ?
Broient-ils le tissu social?
Et engagent-ils les sociétés émergeantes à copier sans mot dire leur modèle décadent et le plus rapidement possible?

Dans les deux cas, la psychologie sous-jacente est celle du déni. Nous espérons toujours pouvoir demeurer protégés, privilégiés et sans danger, une forme de souhait basée sur l’espoir impatient et une peur profondément ancrée.
Même les rationalistes parmi nous, qui n’agissent pas toujours comme des enfants, ressentent la même inquiétude. Toutefois nous pouvons surmonter ces chocs émotionnels face à la vitesse, et à la brutalité, avec laquelle la nature semble s’être retournée contre nous. Elle exige de nouveaux rapports un autre type de satisfaction, non pas pire, mais différent.
Il est possible d’être très heureux sans croissance constante, sans déchets imprudents, sans ignorer les limites de la nature et sans nier ce qui nous attend pour nos lendemains.
La clé sera d’échanger la quantité par la qualité !

À quelques exceptions près, chaque famille vit avec des ressources plus ou moins limitées, donc tenter d’en faire une psychologie planétaire pourrait le devenir tout naturellement: nous n’avons qu’à nous éloigner de nos extravagances chimériques.
Sans bouleversement sincère de nos consciences, l’environnement continuera de se dégrader!
Cependant, voyez-vous, j’entrevois une lueur d’espoir, là où chaque personne peut aussi entamer ce changement dans l’instant, chez elle. C’est ainsi que se produit toute révolution sociale.

En premier lieu, améliorer la qualité de notre vie est un objectif primordial.
Le sujet n’a vraiment rien de très nouveau, mais au lieu de briguer un paquebot de luxe, notre modèle pourrait être un petit bateau autonome où chaque centimètre serait à nous et ses ressources illimitées. Je ne trouve pas cette image si sombre que cela, les nécessités physiques de la vie sont, après tout, assez modestes.

Malgré nos horaires chargés et la volonté de surcharger leurs emplois, il nous faudrait prélever un tant soit peu, de ce « temps » pour nous libérer et nous requérir face aux multiples menaces environnementales qui oppriment le poumon terrestre.
Il serait de bon aloi de méditer à propos des forfaitures commises par l’homme, sa destruction systématique de la diversité de la nature, si impérative à la stabilité du monde pour les générations à venir.
Malheureusement, la réflexion, faute de savoir et de connaissances appris, semble être une activité rarissime de nos jours.
L’Humanité se trouve dans une position étrange, un peu partout dans le monde, les humains manifestent pour exiger des gouvernements une réelle protection de notre environnement. Il est concrètement impossible d’y parvenir sans vouloir toucher à la racine du problème c’est-à-dire : repenser sérieusement les politiques socio-économiques des pays industrialisés, des pays émergeants, tout autant.

En tant que dépositaires des ressources et de la diversité géo biologique de notre planète, nous devons nous engager à utiliser nos ressources naturelles de manière à en assurer la conservation.
En tant que société fiduciaire, nous devons tempérer nos agissements et œuvrer avec sagesse et constance.
La conservation et la préservation durables de l’environnement ne doivent pas être considérées comme un engagement discrétionnaire que nous comparons à d’autres intérêts économiques concurrents.
Nous devons nous réévaluer, nous et nos croyances. Çela doit être une responsabilité assumée par chacun d’entre nous. Nous devons considérer cela comme un élément fondamental de notre développement spirituel et de notre survie physique.
Nous avons la responsabilité commune de protéger la biodiversité de cette planète, cependant, si toutes nos actions servent à lui donner une valeur économique, nous la sous-évaluerons toujours.

Notre monde exige toutes les compétences et connaissances que nous pouvons rassembler afin de relever le défi essentiel, celui de laisser notre planète dans un état sûr et magnifique pour nos générations futures.
La survenue de nombreuses tragédies naturelles nous a prouvé que si nous ne faisons pas la paix avec notre environnement, la destruction sera plus grave à l’avenir. À une époque où les préoccupations écologiques dans le secteur des entreprises sont de plus en plus prises en compte à travers le monde, l’audit environnemental doit faire partie intégrante de leur gestion.
Avec l’avènement de la «culture d’entreprise verte», les industries doivent devenir plus conscientes de ces problèmes, et réaliser que les bénéfices augmenteront en protégeant notre environnement.

Les problèmes de défrichement illégal, de déforestation et de déversement de déchets industriels dangereux par des usines irresponsables ont été maintes fois mis en évidence dans les médias. Si les personnes concernées ne sont pas prêtes à s’attaquer à ces problèmes, elles devront non seulement supporter de plein fouet la loi, mais finiront également par y perdre, car les barrières commerciales leur seront imposées tôt ou tard par le marché mondial.
Comme cela a été observé, il existe désormais une tendance émergente parmi les entreprises, en particulier au niveau international, à divulguer au public des informations sur les politiques, les objectifs et les programmes liés à l’environnement.

Les sociétés malaisiennes, pour exemple, ont l’obligation d’améliorer leur système comptable à ce sujet. Ce fait est basé sur la prise de conscience que cette tendance pourrait bien devenir une pratique d’entreprise établie dans le monde entier lors de la prise de décisions d’investissement.
Espérons que la nécessité d’un tel système entraînera un changement de mentalité au sein des directions. La sécurisation des bénéfices ne doit pas se faire au détriment de l’environnement, et tous ont la responsabilité sociale d’informer leurs parties prenantes de l’impact de leur activité sur le milieu naturel.
Les entreprises et les investisseurs étrangers doivent pratiquer l’auto surveillance et l’auto-application et se concentrer également sur les projets durables et les technologies vertes.
Les responsables de la dégradation de l’environnement devraient être tenus responsables.
Nous partageons tous la même maison.

Nos vies sont inextricablement liées à la vie de tous les autres habitants de cette planète. Si chacun d’entre nous prend l’initiative de garder à l’esprit sa responsabilité civique, d’être toujours vigilant par rapport à la destruction de notre environnement de toutes les manières possibles, et d’inspirer les autres à faire de même, alors collectivement l’impact sur le monde serait grand.
L’Histoire a une leçon importante pour l’Humanité: la civilisation peut être détruite si elle ne fait pas la paix avec la nature, personne ne peut nier l’importance de cette dernière sur l’Homme.
Peut-on faire quelque chose pour résoudre le problème de la dégradation de notre écosystème?

Pouvons-nous avoir un nouveau paradigme de développement pour faire la paix avec la Terre Mère?
En tant que dirigeants politiques, dirigeants communautaires et citoyens, nous le pouvons et nous le devons.
Les chercheurs ont montré la présence du « mythe du message perverti » dans de nombreux récits anciens. On en trouve la trace dans l’aire khoisane dans le sud-ouest de l’Afrique il y a plus de trente mille ans.

Voici l’argument du mythe principal:
La Lune mandate le lièvre sur Terre pour apporter un message de vie, mais le lièvre modifie le message et introduit la mort chez les humains. En retour, les humains le haïssent et le frappent, ce qui fend la lèvre du lièvre.
Même schéma dans l’épopée de Gilgamesh en Mésopotamie :
Il y a une plante miraculeuse, source de vie éternelle, mais à peine Gilgamesh l’a découvre-t-il qu’un serpent la lui dérobe.
Et dans la Genèse, Adam et Ève ont fauté, mais ils reportent leur responsabilité sur le serpent, tandis que l’Humanité est exhortée à s’accroître et à asservir la surface de la Terre.

Ainsi le canevas se répète: à partir d’une situation initiale d’harmonie, d’interaction bienveillante avec le milieu, un animal trahit, et les humains se vengent, à la fois sur lui et sur une nature devenue fautive.
L’épidémie du Covid-19, c’est aussi à l’origine une histoire de confiance en la nature…. qui se termine mal.

par Rony Akrich pour Ashdodcafe.com