Le Masque: Gilbert Chikli, le roman d’un arnaqueur sur Netflix

Le géant du streaming Netflix a mis en ligne aujourd’hui sur son service de télévision populaire le film « Gilbert Chikli The Mask« , à propos de l’escroc franco-israélien, qui vivait à Ashdod. Le producteur israélien Oren Rosenfeld est à l’origine du film sur Gilbert Chikli qui  a commis l’une des escroqueries les plus sophistiqués au monde.

Les membres de la famille de Chikli, y compris son ex-femme Shirley, vivent toujours à Ashdod. Shirley, qui est beaucoup interviewée dans le film, y parle des circonstances de sa rencontre avec Chikli et de sa vie au côté de l’escroc. La ville d’Ashdod, avec ses rues et ses paysages, est également à l’honneur tout au long du film.

Dans Le Masque , Olivier Bouchara et Jérôme Pierrat retracent l’histoire édifiante de ce gamin de Belleville devenu un escroc de haut vol, tombé après s’être fait passer pour Jean-Yves Le Drian. Un documentaire inédit à ne pas manquer sur Netflix.

Les crapules ont la cote chez Netflix.
Après les fraudeurs à la taxe carbone et l’arnaqueur de Tinder, voilà Le Masque, récit de l’incroyable destin de Gilbert Chikli. Son nom ne vous dit rien ? Son dernier fait d’armes, si. Aidé d’une poignée de complices, ce Franco-Israélien, aurait usurpé l’identité de Jean-Yves Le Drian pour extorquer près de 80 millions d’euros aux plus grandes fortunes de notre pays. La propriétaire de la société Château Margaux, l’Aga Khan, le PDG de Total, l’archevêque de Paris, le directeur du Sidaction… Entre 2015 et 2017, plus de 180 personnalités ont été contactées par cette bande très bien organisée par Chikli.

 

Grâce à ces conversations, il a pu piquer un chef spirituel nommé Aga Khan qui a fait don de 20 millions d’euros à des causes humanitaires, comme le lui a expliqué Shikli se faisant passer pour Le Drian. Dans une autre affaire, un homme d’affaires turc a été piqué lorsqu’il a transféré 47 millions de dollars à Shikli, après que Shikli lui ait expliqué que cette somme était transférée pour payer une rançon pour la libération de captifs en Syrie.
Un homme d’affaires français a été piqué d’un petit montant de trois millions d’euros.

Gilbert Shikli, a-t-on rapporté à l’époque, a tenté de piquer d’autres dirigeants tels que le roi Philippe de Belgique et le président du Gabon, mais ils ne sont pas tombés dans le piège.

Israël a également été impliqué dans cette enquête après avoir affirmé que le faux bureau se trouvait en Israël. Shikli a été arrêté après s’être envolé pour l’Ukraine et y a été emprisonné.

Dans le passé, il a été reconnu coupable d’une escroquerie qu’il a effectuée depuis Israël lorsqu’il a obligé des banquiers en France à sortir pour lui des valises pleines de dollars, tout en se faisant passer pour des personnages différents de la banque. Il a effectué cette piqûre par téléphone uniquement.

Sous un masque en latex

Le coup était soigneusement préparé. Un prétendu chef de cabinet mettait en condition la victime. Sous le sceau du secret, il la prévenait qu’elle allait recevoir un appel du patron du Quai d’Orsay. Quelques instants plus tard, le faux ministre, installé dans un bureau (un décor de cinéma) et caché sous un masque de latex, demandait à ses interlocuteurs d’aider la France à payer une rançon pour les otages détenus en Syrie. Bien entendu, l’homme qui se faisait passer pour l’ancien menhir du gouvernement leur assurait qu’ils seraient remboursés dans la foulée. Plus c’est gros, plus ça passe…

Jouer sur le patriotisme et la peur du terrorisme, l’idée serait née chez Shikli après les attentats de Londres en 2005. À cette époque, il commence ses «arnaques au président». Son brouillon, en quelque sorte. Par téléphone, il se fait passer pour le grand patron sollicitant directement un de ses employés, malheureux lampiste, pour débloquer des fonds afin de financer l’antiterrorisme. La transaction, là encore, doit rester ultrasecrète.

Le goût du spectacle

Olivier Bouchara, patron de la rédaction de Vanity Fair, et le documentariste Jérôme Pierrat se passionnent pour ce «petit génie français». L’expression est de son avocat, Me Kaminski. Lequel ajoute, admiratif: «Imaginez ce type, qui n’a pas fait d’études, qui, avec juste un téléphone, a pris des millions à ses victimes.» Les auteurs sont moins fascinés par l’escroc que par sa capacité à voyager dans tous les milieux sans le moindre bagage. La grande réussite de leur film est de réussir à ne pas faire du «cerveau», comme le milieu le surnomme, un Arsène Lupin moderne. Chikli a le goût du spectacle, mais rien d’un gentleman.

C’est d’abord une gueule et une gouaille. Celle d’un gamin d’une famille pauvre du quartier Belleville qui, dès son plus jeune âge, avoue n’avoir eu qu’une obsession, celle d’alléger la souffrance des siens. Un séducteur né, mélange presque parfait entre Alain Delon et Maurice Ronet. Un physique de cinéma qu’il a tenté un temps d’exploiter au Cours Florent. Il exercera ses talents de comédiens sur d’autres scènes.

Chikli doit sa chute à une femme

Gilbert Chikli, ce sont ses femmes qui en parlent le mieux. Ces «officielles» se prénomment «Shirley». Cela limite les risques de se tromper. L’une vit en France. L’autre en Israël. Elles le décrivent comme un flambeur. Entretiennent sa légende de faiseur d’argent. Jusqu’à ce qu’elles soient à leur tour bernées. Chikli doit sa chute à une femme. Pas une de ses conquêtes, non. Sophie Grenier est directrice financière de la chambre de commerce et d’industrie des Landes. Surprise par les fautes d’orthographe que comportait le mail envoyé par le faux collaborateur de Le Drian, elle contacte la police. Le rideau se baisse pour Chikli. De sa prison, où il purge une peine de onze ans, l’escroc livre sa version des faits. En voix off, par téléphone! Il présente ses excuses peu convaincantes aux victimes. Et conclut, sans états d’âme: «Je n’ai jamais pensé que les gens me croient. Vous savez pourquoi ? Parce que je me crois moi-même, c’est l’essentiel…»

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